Didier Boussarie — La nuit elles tissent
Exposition
Didier Boussarie
La nuit elles tissent
Passé : 21 mars → 9 mai 2015
Qui n’a jamais été fasciné par la beauté et la finesse extrême d’une toile d’araignée ? Qui n’a jamais vécu cet instant où l’émerveillement se mue en sentiments ambigus aussitôt qu’apparait la tisserande, en promenade énergique sur les fils de son réseau fatal ? La toile constitue un microcosme où l’on retrouve toute la beauté et la cruauté du monde. La matière elle-même de cet abris-piège est des plus extraordinaires ; la soie de l’araignée est l’un des fils les plus résistants qui soit. Elle se donne, s’épuise pour le sortir d’elle-même durant de longues nuits de labeur : S’épuiser pour vivre dans la soie… dévorer pour pouvoir tisser et dévorer davantage. Si les araignées font souvent peur c’est peut-être avant tout que le miroir qu’elles nous renvoient dérange.
Dans la toile
Didier Boussarie a consacré plus de trois années de travail aux araignées et à leurs toiles fabuleuses. Il a entretenu des tégénaires, leur permettant de pratiquer leur art ; les nourrissant, les observant, admirant leurs compostions « rayonnantes ». Il a ensuite récupéré leurs œuvres abandonnées pour poursuivre la création à sa manière. Les toiles ont été tendues dans des boites, sur des châssis — parfois en juxtaposition avec d’autres vestiges de la nature (boutons de roses, branches, papillons et oiseaux momifiés). Elles ont servi à recouvrir — comme le plus fin des voiles — des photographies de femmes à la beauté diaphane. Pour créer une série de dessins de paysages frêles l’artiste a noirci et densifié la soie des araignées à l’encre de Chine.
Une fois la leçon de la nature bien intégrée, Didier Boussarie a ressorti sa toile — celle en lin et coton — pour « tisser » avec ses pinceaux des point reliés par des traits qui rejoignent d’autres points et d’autres traits. De façon inconsciente, il a adopté la logique des tégénaires qui secrètent des points reliés par des fils, à leur tour réunis par des points d’attache. L’artiste est entré dans la toile au point que son approche à la surface picturale en a été modifiée : Ainsi, alors que les motifs de ses œuvres antérieures gardaient toujours leurs distances avec le bord de la surface picturale, ces nouvelles peintures sont totalement recouvertes de ces réseaux noirs. Parfois, le fond de la toile reste blanc, d’une luminosité intense, d’autre fois il se couvre de couleurs discrètes et vibrantes qui suggèrent un ciel perçu à travers la toile, voir quelques pétales ou un simple mur.
Desir
La volonté de l’artiste est toujours la même : rendre compte d’une beauté qu’il perçoit aussi bien là où la vie palpite que là où la respiration a cessé. Son désir de pénétrer, de posséder et de manipuler cette matière tissée constitue un moyen d’établir un lien fin avec ce merveilleux qui nous dépasse. Ici il n’y a pas de théorie, pas de « isme » et pas de temps — il y a tous les temps et une tentative très personnelle de sacre de la nature.
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Didier Boussarie (né en 1958) est régulièrement exposé en France depuis le début des années 1990. Sa collaboration avec la Galerie Maria Lund a commencé en 2006. « La nuit elles tissent » est sa troisième exposition personnelle dans ces lieux, après « Du ciel à tes cheveux » (2008) et « Arrière-saison » (2011). La galerie l’a présenté dans de nombreuses foires, dont Drawing Now à Paris (2007, 2008 et 2012 en solo show) et la KIAF à Séoul en Corée (2009, 2010, 2011) où son œuvre a rencontré un franc succès.
De nombreuses publications presse ont été consacrées à son travail. Un catalogue rétrospectif a été édité en 2011.
À l’occasion de cette exposition, un catalogue consacré à sa « collaboration » avec les araignées est publié par la galerie.
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Vernissage Samedi 21 mars 2015 17:00 → 20:00
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Le rêve d’Arachné — performance d’Agnieszka Ryszkiewicz et lecture de Sophie Bocquet
Performance
Mardi 28 avril 2015 à 20:00
Entrée libre, sans réservation
Horaires
Du mardi au samedi de midi à 19h
Et sur rendez-vous
Printemps 2020 : la galerie est ouverte sur rendez-vous
L’artiste
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Didier Boussarie