D’une chose, l’autre

Exposition

Dessin, installations, peinture, sculpture...

D’une chose, l’autre

Passé : 18 septembre → 30 octobre 2010

Toute pièce exposée ici est inédite — comme on dit, œuvre récente -, mais pour autant pas nouvelle. L’avertissement frise l’absurde, mais c’est bien autour de cet inéluctable attendu de nouveauté, et du paradoxe qu’il peut y avoir à croire que ce qui est neuf est aussi nécessairement original, que Jean-françois Leroy a travaillé cet accrochage. Reprenons. L’installation Module/étagère est devenue Etagère modulée. Retravaillée, la pièce n’évoque plus en rien la référence initiale à une table, mais moque toujours cette méprise quant à sa valeur d’usage : entièrement démantelée et réorganisée maintenant sous forme d’étagère d’exposition, sur laquelle s’empilent en bon ordre le reste des composants de la version précédente, à disposition, l’utilisation de matériaux bruts comme une invite à reprendre le jeu de construction.

Jean-François Leroy considère ses réalisations comme autant de matières premières, en tout cas encore utilisables, convertibles, commuables. Des états, dans ce sens qu’on donne aux épreuves qui précèdent la forme que la reproduction va figer, ou plus justement ce moment in progress où l’œuvre n’est qu’un exemple donné d’un vaste éventail de possibles. Car il n’est pas, ici, question de corriger ni d’améliorer ; au contraire, ces transformations successives sonnent comme autant de coup bas à la prétention d’un état définitif. Chaque fois, Jean-François Leroy insiste délibérément sur la dénaturation de la pièce antérieure, juste ce qu’il faut pour que la modification déconstruise la lignée. Cela peut se traduire par des variations de médium — Fond, une photographie couleur à l’échelle 1, recouvrant tout un pan de mur, remplace in situ le store vrillé. C’est aussi ces jeux de combinatoire, ou de fragmentation — une ancienne installation est redistribuée en trois pièces séparées, D’une chose l’autre, Pied, Fenêtre désormais autonomes, chacune réagencée. D’une chose, l’autre, c’est exactement cela : un potentiel infini de correspondances et de déviations, pour mieux perdre de vue ces points limites que sont le modèle et l’idéal.

Remanier, en continu. Jean-François Leroy souligne le caractère évolutif de ses productions. Et cela renforce d’autant cette impression très organique que procure cette façon si particulière de systématiquement ménager des articulations improbables aux objets. Pour gagner en mouvement, pour rompre toute unité, toute continuité : déconstruire, pour contrarier toute stabilité. Somme toute, cette façon de l’œuvre en cours est très proche de l’idée biologique d’un engendrement, comme puissance de génération de signe et de sens. A chaque reprise, une nouvelle donne, bouleversant la précédente. D’une chose, l’autre : Un rectangle de moquette, auparavant utilisé comme tapis de sol, s’érige maintenant en totem — et entre-deux, le basculement vient chambarder l’extraordinaire entêtement que montrent les choses à demeurer en leur état.

Le travail de Jean-François Leroy a cette grande qualité de déjouer la mauvaise habitude qui, en art, consiste à toujours traquer la polarité, c’est-à-dire à vouloir désigner un Plus et un Moins, à réduire toutes relations à des oppositions binaires, et par là obliger à la hiérarchisation. Ici, ni « haut » ni « bas », mais au contraire, dans la transformation, un continuel déclassement des matériaux, des usages, et conséquemment des systèmes de représentation. Et bien sûr, puisqu’on ne peut dire d’aucune des œuvres montrées ici qu’elle est achevée, cet ultime jeu d’avec la valeur marchande : car seule l’acquisition d’une pièce pourrait garantir que sa forme, encore temporaire, devienne fixe.

Avec le soutien du CNAP, Centre national des arts plastiques (aide à la première exposition) et le ministère de la culture et de la communication.

Marion Delage de Luget
  • Vernissage Samedi 18 septembre 2010 à 18:00
Galerie Bertrand Grimont Galerie
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03 Le Marais Zoom in 03 Le Marais Zoom out

47, rue de Montmorency

75003 Paris

T. 01 42 71 30 87

www.bertrandgrimont.com

Arts et Métiers
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