Echelle, levier et bousculade — Résidence d’artistes en duo

Exposition

Collage, installations, peinture, sculpture...

Echelle, levier et bousculade
Résidence d’artistes en duo

Passé : 16 avril → 16 mai 2018

Dans le cadre de son programme de résidence d’artistes, progress gallery accueille durant un mois Coraline de Chiara et Jean-François Leroy qui ont convié le commissaire Jean-Christophe Arcos à se joindre à eux.

Résidence — le terme évoque l’habiter.

La galerie se présente davantage comme un lieu de travail : il ne s’agit pas d’y faire l’expérience de l’alternance du repos et de l’activité, comme Beuys chez René Block, mais d’y concentrer une somme illimitée d’actions, de gestes, de tentatives.

Leur résidence repose sur un triple point aveugle : le white cube n’est pas vierge ; le white cube n’est pas vide ; ce qui y sera dévoilé n’est pas connu a priori.

Remettre à blanc l’espace d’une galerie donne l’impression de neutraliser les traces de son histoire ; les ragréages du sol, ici bosselé, là plus lisse, donnent pourtant un premier ancrage à une sorte d’archéologie indicielle (on pense au Timekeeper de Pierre Huyghe). Un moignon d’IPN peut se prolonger d’une sous-face inventée pour l’occasion par Jean-François Leroy, tandis que Coraline de Chiara dresse un inventaire peint des situations des objets dans l’espace.

Entre le début et la fin, une histoire se trame, qui révèle la somme fantasmée de toutes les histoires antérieures : l’espace se recycle, encore, encore, encore.

Empêtrée dans un fatras de tables, de chutes de bois, de cires mises au bain-marie : c’est peu dire que d’affirmer que la galerie s’encombre d’une multitude de gestes et de matériaux liés à la production.

Surtout, l’absence qui se tapit là et dont découle finalement toutes ces formes nées ou à naître, c’est celle du visiteur, à laquelle répondra celle de pièces intermédiaires. Tout au long de leur temps de travail à la Progress Gallery, chaque situation initiale aura généré une postérité, par altération, déplacement, manipulation, presque par parthénogénèse.

Du sol au plafond, l’espace subit le tir nourri d’une semaille — on pense au Seed Bed de Vito Acconci, qui faisait de la galerie Sonnabend, pour reprendre les termes de Lyotard, « un espace de projection et de spéculation ».

Cette profusion elle-même, qui augmente l’espace d’une temporalité, se révèle organique : des formes naissent, des formes meurent. Elles rejoignent alors celles qui ont ici disparu, qui ont laissé la place au vide (on pense aux tautologies de Joseph Kosuth chez Leo Castelli en 1969).

La galerie se fait maquette, boîte qui accueille les idées mortes.

Génération après génération (puisque chaque forme en suscite d’autres), une évolution s’établit : celle-ci aura résisté deux jours, celle-là trois, celle-là encore tient depuis le début sa place et son rang, elle persiste — jusqu’à quand ? Le jour de son ouverture, la résidence restitue en un temps compressé l’ensemble des formes qui y ont vu le jour : rituel sacrificiel, l’ouverture aplatit ce qui s’est déployé, pour n’en garder sur le papier qu’une trace immobile.

Jean-Christophe Arcos
Progress Gallery Galerie
Plan Plan
11 Bastille Zoom in 11 Bastille Zoom out

4, bis passage de la Fonderie

75011 Paris

T. 01 70 23 30 20

www.progressgallery.com

Parmentier

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