Elsa Werth — A Land
Exposition
Elsa Werth
A Land
Passé : 24 janvier → 7 mars 2020
Elsa Werth développe un travail aux formes multiples : installations, vidéos ou créations sonores. Ses œuvres minimalistes interpellent par l’aspect dérisoire ou trivial des matériaux qui les constituent et dans lesquelles la reconnaissance de l’insignifiant agit comme une provocation, une mise à l’épreuve de l’espace et de l’environnement.
De l’ordinaire, Elsa Werth crée l’extraordinaire, à travers une économie de moyen détournant les objets de notre quotidien. Elle revendique ainsi des gestes anti-spectaculaires comme autant de tactiques de résistance qui remettent en question les conditions d’apparition d’une œuvre et les systèmes de représentations dans un environnement administré et programmé.
Dans l’œuvre centrale de l’exposition, A Land, produite par mfc-michèle didier, l’artiste use une nouvelle fois du détournement, cette fois-ci de la carte, interrogeant les notions de frontières et de territoires. Comme les détournements situationnistes et les cartographies psychogéographiques détournaient la carte officielle “pour lui faire dire ce qu’elle cache”1, Elsa Werth créé une carte où se déploie un espace imaginaire, unique et infini.
Une notion d’infini qui rappelle les propos de Gilles Deleuze sur le pli. Mais si le propre de la carte est d’être pliée et dépliée, le pli de A Land a la particularité de rapprocher les contraires, d’amenuir les distances, et de brouiller les frontières qu’elle convoque. Dépliée, la carte devient alors un espace rêvé, voire utopique.
A Land est le produit d’un collage, une énumération de tous les noms communs commençant par la lettre A, pris dans l’ordre alphabétique du dictionnaire anglais, auxquels a été ajouté systématiquement le suffixe « land ».
Abackland, Abaftland, Abandonland, Abandonmentland, Abaseland, Abasementland, …
Construits sur la même structure que les noms de pays réels tels que Switzerland, Groenland, Holland, Poland, ces termes bien que fictifs font néanmoins du sens. Ils font se succéder différents registres métaphoriques qui évoquent alternativement liberté, oppression, absurdité, trivialité, abstraction, exotisme. Oscillant entre promesses et craintes, ces termes font écho à l’actualité et questionnent la nature et le sens même de notre rapport aux territoires.
Dans l’exposition, s’adjoint à A Land l’œuvre sonore de 48’32" intitulée Anywayland ainsi que Nœud d’arrêt, simple fil tendu dans l’espace. Sous son apparente simplicité, Nœud d’arrêt, confronte le spectateur à la notion complexe de frontière et l’invite à faire l’expérience du franchissement.
1 Emmanuel Guy, Debord(er) la carte, publié le 1er mai 2012 sur Strabic.fr
Horaires
Du jeudi au samedi de 14h à 18h
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L’artiste
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Elsa Werth