Éric Manigaud — Madge Donohoe — Skotographs
Exhibition
Éric Manigaud
Madge Donohoe — Skotographs
Past: September 5 → October 10, 2015
“La photographie est l’élément primaire du travail plastique d’Éric Manigaud. Il a noué avec la photographie une sorte de pacte. Elle lui fournit la surface qu’il scrute et reconstruit dans la lumière du dessin. Aussi sidérants qu’en soient les objets (gueules cassées, images de guerre, scènes de meurtre, clichés asilaires…), il les magnifie. (…)
Dans l’histoire primitive de la photographie, il fallait bien qu’il rencontrât la photographie spirite, et en particulier les scotographies de Madge Donohoe. Des images de la spirite anglaise, on peut dire, en poursuivant avec André Breton, qu’elles participent à « composer le monde à venir» à l’instar du «marc de café, du plomb fondu (ou) du miroir sous haleine ».
Éric Manigaud installa d’abord dans son atelier le cliché du 5 janvier 1913 représentant la médium Stanislawa P. avec un voile d’ectoplasme. Le dispositif d’agrandissement amenait l’image à une figure de 170 cm. sur 140. Le travail du dessin ne pouvait qu’accentuer la beauté mystérieuse et troublante du modèle/médium. La découverte à l’Institut für Grenzgebiete der Psychologie und Psychohygiene de Freiburg im Breisgau de l’album de Madge Donohoe lui fournit aujourd’hui une série de clichés à travailler selon une technique nouvelle. La poudre graphique vient s’appliquer sur des surfaces préparées par une trame digigraphique, laissant parfois une sorte de trace verte, de fantôme technique. (…)
Si la découverte des photographies sur lesquelles travaille Éric Manigaud est aléatoire, une nécessité semble bien se dégager a posteriori de ces rencontres. Ainsi de l’album, on pourrait écrire l’atlas, de Madge Donohoe qu’il faut d’abord décrire.
Soient 4500 photographies, réalisées par elle-même vers 1930. Elle dit « scotographies », elle dit les obtenir, sans appareil photographique, sans intervention de la lumière, en pressant contre son visage une plaque photographique. Avec ces plaques emballées Madge Donohoe dit entrer en communication avec des opérateurs invisibles dont les traces deviennent points blancs ou marques grises. L’étrangeté est aussi dans la variété de ces clichés. (…)
Les clichés utilisés jusque-là par Éric Manigaud renvoyaient souvent à des pratiques institutionnelles de la photographie : pouvoir judiciaire, psychiatrique, militaire, voire colonial. Madge Donohoe nous éloigne des appareils de pouvoir et nous rapproche de cet occultisme souvent soupçonné de pratiques frauduleuses. Parcourir son album fait lâcher prise et a permis à Éric Manigaud d’expérimenter une sorte de liberté des formes, de rupture avec la représentation venue de la photographie.”
Extraits du texte « Monstra et astra. Pour un pacte avec les images », écrit par Daniel Boitier, avril 2015.
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Opening Saturday, September 5, 2015 3 PM → 8 PM
The artist
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Éric Manigaud