Esben Klemann & Pernille Pontoppidan Pedersen — Chaotiquement vôtre

Exposition

Céramique, sculpture, vidéo

Esben Klemann & Pernille Pontoppidan Pedersen
Chaotiquement vôtre

Passé : 22 mars → 3 mai 2014

Esben Klemann et Pernille Pontoppidan Pedersen sont deux jeunes sculpteurs danois fascinés par les possibilités de matières pourtant déjà surexploitées, banales, omniprésentes dans notre environnement quotidien. Ils ont appris à parfaitement maîtriser béton, céramique ou stuc pour mieux les malmener et les dépasser. Ils ont fait de l’accident leur système, en créant des conditions dans lesquelles les matières réagissent de manière inattendue, fusionnent, débordent, moussent, se contractent ou s’effondrent.

L’exposition Chaotiquement vôtre réunit ces deux univers qui explorent le lâcher prise.

Esben Klemann : sculpture — installation — dessin animé

Esben Klemann est un plasticien insatiable. Il expérimente, constamment. Il tente, il modèle, détruit, reconstruit — puis se lance à bras le corps dans la réalisation d’un projet gigantesque ou l’exploration approfondie d’une forme, multipliée encore et encore jusqu’à l’établissement d’un système.

Ce qui pousse Esben Klemann à cette hyperactivité créatrice, c’est une volonté qu’il brandit comme un manifeste, comme un programme artistique en soi : échapper à l’ennui, fuir la banalité. Ainsi, les frises en stucs néoclassiques qui ornent les appartements bourgeois deviennent folles, se brisent, se multiplient, se chevauchent. Le mobilier urbain — bancs, parapets, dalles de trottoir — se dresse, boucle, ondule. Et ses structures grillagées en céramique, que l’artiste construit méticuleusement, sont transformées dans le four sous le poids de la chaleur, de la pesanteur ou d’un objet absurde qu’il a placé là… Les matières sages qui ornent le quotidien, en passant par le « filtre Klemann », semblent vouloir devenir vivantes, entamer une révolution, avant de retrouver leur inertie, figées de nouveau pour l’éternité, témoins immobiles d’un début de quelque chose. Comme si, l’espace d’un instant, les délires du dessin animé avaient pu agir dans notre monde. La pratique du dessin, révélée dans la vidéo que la galerie présentera lors de l’exposition, est édifiante. En quelques dix minutes, on le voit ébaucher à l’ordinateur une centaine de formes à un rythme effréné. Le spectateur est plongé au cœur même du processus créatif et observe à l’écran se dessiner l’ébauche d’une architecture, d’un objet… C’est l’illustration d’une logique d’enchaînement comme on a pu la connaître chez Fischli et Weiss — d’une créativité en roue libre.

Esben Klemann parle d’ « incertitude systématique ». L’artiste met en place un processus qui ne correspond jamais au traitement traditionnellement réservé au matériau qu’il a choisi : il travaille à le maîtriser parfaitement jusqu’à le sublimer et outrepasser ses possibilités. Il observe alors la matière malmenée répondre chaque fois différemment à son système, et fait de l’accident son langage plastique.

Galerie maria lund pernille pontoppidan pedersen single dialogue 2014 original medium
Pernille Pontoppidan Pedersen, Single dialogue, 2014 Grès, bois, métal — 120 × 38 × 26 cm Courtesy of the artist & Galerie Maria Lund, Paris
Pernille Pontoppidan Pedersen : sculpture

Pernille Pontoppidan Pedersen a vécu trois ans isolée du monde, sur la petite île de Bornholm, au large du Danemark, où se trouve le centre de formation céramique de la Royal Danish Academy. Elle y a appris la discipline et la rigueur que demande le travail de la terre, la maîtrise parfaite des éléments qui constituent les objets raffinés et épurés caractéristiques du design danois. Puis elle a pris le contrepied radical de sa formation. Seule dans son atelier avec la terre, les glaçures (et son chien), elle a expérimenté. Laissé bruler, s’effondrer, se mélanger les œuvres qu’elle plaçait dans son four. Elle a développé une esthétique de la laideur, de l’échec, de la tentative ratée. La série d’œuvres qu’elle a proposée pour son diplôme de fin d’études s’appelait abondance odieuse : cette nature morte en volume se composait de collages absurdes d’accidents, de projets avortés, d’esthétiques radicalement différentes… Une accumulation de promesses non tenues époustouflante.

Les œuvres de Pernille Pontoppidan Pedersen racontent cent morceaux d’histoires fascinantes superposés en un cadavre exquis de bon et de très mauvais goût, de baroque et de minimalisme, d’extrême dextérité et d’échecs cuisants. L’ambition de la très jeune artiste n’est pas des moindres : révolutionner le monde de la céramique ! Lentement, à son rythme, mais très sûrement. Elle commence par en saper les bases, en reniant sa formation à l’excellence, en intégrant à ses œuvres les expériences ratées des meilleurs céramistes du pays, collectées pour la série ingratitude glorifiée, en tuant la jarre, le pot, le bol, et tous les objets d’artisanat auxquels la céramique s’est longtemps bornée. Et elle commence déjà à reconstruire : des édifices branlants et magistraux, des tempiettos-pièces montées, des châteaux de sable, des amas d’objets trouvés pris dans une lourde coulée de terre, des glaçures mousseuses qui débordent comme du liquide vaisselle. En bonne magicienne, elle sait user du tour de la variation dans la répétition, comme une manière de rendre plus visible l’objet de sa recherche. Pernille Pontoppidan Pedersen a vingt-six ans, et elle a déjà dépassé — peut être sans vraiment s’en rendre compte — les éternels débats quant à la définition de la céramique, sa classification, sa destination. Son œuvre est riche, forte et puissance. Si l’on croit avoir identifié son système, son style, soyez en assurés, elle est déjà partie ailleurs…

  • Vernissage Samedi 22 mars 2014 20:00 → 17:00
Galerie Maria Lund Galerie
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48, rue de Turenne

75003 Paris

T. 01 42 76 00 33 — F. 01 42 76 00 10

www.marialund.com

Chemin Vert
Saint-Paul

Horaires

Du mardi au samedi de midi à 19h
Et sur rendez-vous Printemps 2020 : la galerie est ouverte sur rendez-vous

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Les artistes

  • Esben Klemann
  • Pernille Pontoppidan Pedersen