Fouad Bouchoucha — Mes Possibles
Exposition
Fouad Bouchoucha
Mes Possibles
Passé : 15 décembre 2012 → 15 janvier 2013
Pour sa première exposition personnelle à la Galerie Eric Dupont, Fouad Bouchoucha interroge ses possibles à travers des œuvres mettant l’expérience du sensible à l’épreuve.
La perception — mentale, visuelle, physique ou auditive — est au cœur du travail de l’artiste, comme l’élément primordial d’un être ici et maintenant, à soi-même et au monde, et en cela l’objet des projections vertigineuses comme de totales frustrations.
Tenter de formuler l’absence. Se représenter l’aigüe. Eprouver le plein par le vide. Dépasser les limites de chaque possibilité, et mettre en forme l’intangible. Sculpter des potentiels, et donner corps — méthodiques — à l’irrationnel : penser le rien, pousser à bout, jusqu’à l’ineptie. Car si nous ne sommes rien, nous pouvons toujours tout.
Vanités ? Possible. Quand, dans Nature morte, un bouquet de fleurs nous renvoie à l’idée que le réel n’est jamais vrai. Quand — à l’instar de La forme des possibles — la page blanche convoque des facultés « démiurges » au sein d’une matrice supposée originelle. Quand la prouesse d’un Roni Colman, champion n’en étant pas moins homme flirte avec la fiction, ou quand le son des revolvers chargés de Handling touche aux incohérences glissées dans nos velléités de conquêtes encore inassouvies. Au coin d’un mur s’érige alors 20 Mille Hertz, sorte d’allégorie des limites de l’entendement.
Les dispositifs de Fouad Bouchoucha se formulent ainsi par le recours à des formes induites par leur propre dessein : les gestes, outils et matériaux utilisés sont ceux convoqués par leur nature même, venant à la fois évoquer ou contredire le but visé. Logiques poussées jusqu’à l’intrigue : ce qui nous prédomine n’existe pas.
Car paradoxalement, l’image, le son, comme l’objet ou le corps sont ici absents, prétextes à la création d’une texture charnelle d’idées s’échafaudant en terrain glissant. Sorte d’autopsie de ce que l’on peut être amené à percevoir et concevoir d’immatériel — et dont l’artiste nous expose là les procédés de fabrique, ou les mécanismes fantasmés.
Diktats, toute puissance, cultes de la performance et anomalies infiltrées, l’artiste pénètre les rouages de construction d’imaginaires collectifs et de réalités confondues, au point où « le visible et le sensible s’y enroulent sur eux-mêmes.1 »
Déjà à leur époque, Malevitch rendait une icône au suprématisme par un carré blanc, Kandisky s’adonnait aux traductions de phénomènes impalpables par lignes et par couleurs, De Maria inscrivait l’idée de force et d’énergie sur une barre d’acier.
Là, c’est autant de résolutions opérées sur des états de faits, des régimes de représentations et de tentatives d’armement ouvrant des possibles en attendant la fin : chorégraphier la génération d’une lumière blanche parée aux faux reflets, radiographier à la main les nouvelles chartes souveraines régissant la construction de mondes « ex nihilo », orchestrer l’événement qui témoignera de pouvoirs trop humains encore insoupçonnés, et démanteler les mythes… pour de nouveaux westerns.
Leïla Quillacq, Novembre 2012
Avec le soutien du Centre national des arts plastiques (aide à la première exposition), ministère de la Culture et de la Communication
1 Merlau Ponty, « Le visible et l’invisible »
Horaires
Du mardi au samedi de 11h à 19h
Et sur rendez-vous
L’artiste
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Fouad Bouchoucha