François Lagarde — Portraits
Exposition
François Lagarde
Portraits
Passé : 10 septembre → 10 octobre 2014
« À 12 ans j’avais décidé d’être photographe sans appareil photo ni labo. À 14 ans j’eus, grâce à mon parrain suisse, mon premier Agfa avec trois vitesses : pose, 1/30 et 1/100. À 15 ans, mon premier agrandisseur pouvait trôner dans la salle de bain. Un rêve devenait réalité, mais ma scolarité était un désastre. J’étais nul en orthographe. Le record atteint de quarante fautes par page, m’avait valu une année de rééducation avec une psychologue. C’était grave et autour de moi je n’entendais que cette litanie : « il fait des fautes d’orthographe, il fait des fautes d’orthographe… ». De ce refrain mon oreille ne retint que fautes au graphe. Je ne vois que cette explication à ce désir précoce. En classe de seconde, au Havre, je montais le premier labo-photo du tout nouveau lycée mixte Claude Monet. En première, j’avais une formidable prof de maths. Quand elle voyait que je m’ennuyais un peu trop, elle m’autorisait à quitter son cours pour rejoindre le labo ! Impensable, il me semble, aujourd’hui. »
En 1968, tout juste bachelier, François Lagarde choisit de suivre des études à l’Institut d’art et d’archéologie, où il rencontre le brillant Gérard Lemaire et l’adorable pacifiste Alain Pacadis. L’époque, brutale et sauvage, plonge le trio d’amis dans l’immense chaos salutaire où voyagent leurs utopies : pillage de bibliothèques, vols, grèves et occupations du rectorat de la Sorbonne.
Dès le début des années 1970, François Lagarde rencontre tous les amis de Gérard-Georges Lemaire qu’il va avoir la chance de photographier : Christian Prigent, Bernard Lamarche-Vadel, Valère Novarina, Jean-Noël Vuarnet, Gérard Julien-Salvy entre autres.
« Leurs connaissances et leur culture fascinaient le dernier de la classe professionnel que je représentais. Ils étaient plus forts et surtout plus drôles que tous les profs. Mais ce n’étaient pas des profs, on buvait beaucoup et ils m’apprirent beaucoup. »
Suivent de magnifiques rencontres comme celles de Pierre Guyotat, Philippe Sollers, Julia Kristeva, Maurice Roche et surtout Denis Roche. François Lagarde photographie sa « famille », celle qu’il avait choisie par la littérature, à travers leurs livres incroyables.
« Ils m’ont tous donné envie de les rencontrer et ils ont transformé ma vision du monde. »
Pour François Lagarde, la photographie était un acte féminin. Comme l’appareil, il semblait recevoir vers l’intérieur, la personne et sa lumière. Tout l’inverse d’un tir. Faire un portrait était un acte fort, troublant, qui peut aller au fond de l’être, mais pour se révéler il nécessite le retrait. « Avec mon éducation calviniste, je n’eus sur ce point que peu d’efforts à faire ! J’aimais la photo pardessus tout pour son espace désacralisé où l’unique était chassé. Cette présence mécanique a une incidence énorme dans la relation aux autres. »
Pour accompagner les innombrables portraits que François Lagarde réalisa de tous ces penseurs, écrivains et philosophe, Les colloques de Tanger (52’) seront également projetés au sein de l’exposition.
En 1975, Gérard-Georges Lemaire et François Lagarde organisaient Le Colloque de Tanger à Genève. Ce colloque célébrait la rencontre de Brion Gysin et William S. Burroughs et leur œuvre commune : The Third Mind, Œuvre croisée.
Suivirent La Nova Convention à New York (1978), Burroughs Brussel à Bruxelles (1979), Le Colloque à Tanger à Marseille et Tanger (cipM 2013) toujours pour fêter cette œuvre et cette rencontre productive. Les colloques de Tanger est un film de photos accompagné et soutenu par les musiques de Brion Gysin et Ramuntcho Matta.
Horaires
Du mercredi au dimanche de 11h à 20h
Jeudi 11h — 22h — Le samedi 10h — 20h — Fermeture les 25 décembre et 1er janvier (fermeture des expositions à 17h les 24 et 31 décembre)
Tarifs
Plein tarif 12 € — Tarif réduit 7 €
Gratuit aux moins de 8 ans, personne handicapée, personnel de la Ville, carte presse et les mercredis entre 17 et 20h
L’artiste
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François Lagarde