Gabriel Leger — Vertigo

Exposition

Edition, installations, lithographie / gravure, techniques mixtes

Gabriel Leger
Vertigo

Passé : 9 mars → 28 avril 2018

Gabriel leger galerie sator paris exposition 1 1 grid Gabriel Leger, Vertigo — Galerie Sator Avec l’exposition Vertigo, Gabriel Leger poursuit la déclinaison d’une histoire poreuse et ritualise les connexions entre les temps... 2 - Bien Critique

À ce qui jamais ne décline, qui pourrait se soustraire ?

Comme pour répondre à la question sibylline d’Héraclite, Gabriel Leger déploie des énigmes plus vastes encore. Il fait réfléchir les miroirs. Il creuse l’éternité des visages. Il fait s’écouler le temps avec des corps célestes. Il s’empare de nébuleuses en ébullition. Il fait tenir le vertige en équilibre. Il pétrifie l’espace. Il fait parler l’insondable. Il dévoile des secrets ancestraux en en créant de nouveaux. Il anime les profondeurs de la matière et de l’être. Mais d’abord, il dérobe au soleil son ardeur…

Oui ! Avec la méticulosité d’un enfant happé par un objet fascinant, l’artiste se penche sur la puissance corrosive de la boule de feu. Quand on est le soleil, brûler, c’est signer. Point. Et de fait, lorsqu’il n’est pas le simple rival de la lune, le soleil est enivrant, obsédant: il a vu naître et périr tant de beautés, exploser tant de vies dans des fracas silencieux…

C’est en qualité de témoin éternel que Gabriel Leger lui demande une petite signature, juste au-dessus des vestiges antiques, comme pour dire: « J’ai vu. Je ne suis pas à ce point aveuglé par ma propre lumière ». Et en enregistrant patiemment sa chaleur, c’est la peau du monde que nous révèle l’artiste.

Mais Gabriel Leger ne dialogue pas qu’avec l’astre du jour, il tisse également des liens avec l’infini, dans ses formes spatiales, temporelles et ontologiques. Que ce soit le cosmos, l’éternité ou l’essence de l’être humain, l’abîme est ouvert. Et c’est le vertige assuré — brut, sans ménagement. Gabriel Leger le cherche, ce vertige, le provoque et, une fois trouvé, ne le lâche plus : il plante son regard affûté dans des espaces sans fin,il joue avec les nerfs de l’impermanence, il s’engouffre dans la crypte du temps.

En mariant les photos de ciel étoilé dans la France de Vichy à des clichés vernaculaires pris au même moment, l’artiste pointe la parenté (« Kinship »), pour le moins fabuleuse : nous sommes de la poussière d’étoiles ! Et si davantage que la Terre, notre berceau véritable était la Voie Lactée ? Ainsi, retrouver la danse folle et statique des étoiles permet de s’élever au-dessus des ravages du présent. Ce même présent qui, pris dans le commerce sanglant des hommes, n’a ni l’aura ni l’allure des vestiges et des astres, chers à l’artiste.

C’est sans doute parce qu’il chérit l’insondable que, pour mieux le préserver, Gabriel Leger crée des épiphanies. Dans Les miroirs incessants, deux glaces argentées par l’artiste dans le noir (n’ayant donc jamais reflété personne) et scellées l’une à l’autre, sont condamnées à se faire face pour toujours et se taire à jamais. L’idée est aussi belle que glaçante : si même les miroirs n’échappent pas à leurs propres simulacres, comment le pourrions-nous ? C’est cette même question abyssale qui est soulevée avec l’œuvre The Face I Had. En posant une obsidienne ou une agate à la place de là où se tiendrait un visage de chair, tendu vers l’adversaire, l’artiste crée un anti-masque : il dénue la profondeur de l’être.

L’exposition Vertigo est une quête poétique à travers le for intérieur et l’intimité du monde, une errance entre macro et micro histoire. Avec l’émerveillement d’un enfant et l’habileté d’un sage, l’artiste ouvre des compromis et des passages. A nous de nous y engouffrer, mais il faudra faire preuve d’audace — car le gouffre qu’il nous indique… c’est le nôtre, depuis la nuit des temps. L’œuvre de Gabriel Leger est comme une crypte, un labyrinthe dans lequel, loin de se perdre, il est possible de trouver quelque chose de plus grand et de plus précieux que soi. Le monde, peut-être ? A moins que ce ne soit l’éternité…

Clarisse Gorokhoff

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Komunuma, 43 rue de la Commune de Paris

93230 Romainville

T. 01 42 78 04 84

www.galeriesator.com

Horaires

Du mardi au samedi de 14h à 19h

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L’artiste

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