Gabriel Orozco

Exposition

Installations, peinture, sculpture, techniques mixtes

Gabriel Orozco

Passé : 7 septembre → 5 octobre 2019

Un ensemble de nouveaux travaux réalisés entre Mexico et Tokyo est présenté : sculptures en obsidienne et en tezontle, peintures et dessins à l’aquarelle sur panneaux de calligraphie japonaise (shikishi) et tempera sur toile.

L’environnement quotidien de l’artiste, la culture et la nature qui l’entourent nourrissent profondément sa pratique. En témoignent l’utilisation de matériaux locaux, et les savoir-faire artisanaux, qu’il met au service de son œuvre pour créer son propre système lexical.

Ainsi, sa rencontre avec des tailleurs de pierre balinais a donné naissance à la série des Dés précédemment montrée à la Galerie Chantal Crousel en 2017 : des sculptures taillées à la main dans la pierre calcaire, dont les formes sont à la fois intuitives et géométriques. Comme l’écrit Briony Fer : « La taille, le plus ancien savoir-faire du sculpteur, donne à l’objet le pouvoir de détruire un bloc de pierre carré puis de le remplir par le vide : c’est-à-dire de confronter les angles d’un cube aux rotations des parties soustraites, afin de détruire son essence de l’intérieur. » Les sculptures en obsidienne et en tezontle présentées aujourd’hui dans l’exposition sont le fruit du développement de cette réflexion commencée en Indonésie et poursuivie à Mexico. Tout comme la pierre calcaire, ces roches typiques du Mexique témoignent d’une tradition, d’une histoire, d’un territoire.

« La diversité des matériaux de la sculpture va de pair avec celle de ses lieux de fabrication. Un garage français, un atelier sud-coréen d’enseignes et une fabrique britannique de tables de billard n’ont certes rien en commun, sinon leur rôle dans l’œuvre d’Orozco […]. Il est impossible d’identifier la production de l’artiste en fonction des caractéristiques matérielles ; on ne peut que déceler des leitmotivs et des stratégies récurrentes dans des formes et des configurations qui ne cessent de muter. » Le procédé de départ reste le même que pour la série des pierres calcaires : l’artiste élabore des formes géométriques circulaires sur la pierre à l’aide d’un compas. En revanche, ces formats précieux sont sculptés à l’aide d’outils mécaniques. Les motifs et formes restent les mêmes, seul le matériau varie.

Le cercle, l’axe, les mouvements de rotation semblent dominer l’œuvre d’Orozco. Mais il s’agit moins d’un motif pictural que d’un processus de travail, une logique. « Un cercle n’est pas un motif au sein d’une composition, et moins encore une forme esthétique révélant l’ordre caché derrière les choses, mais un instrument, ou une opération. » Cette logique est ici mise au service de nouvelles sculptures mouvantes et poreuses, qui s’abreuvent des itinérances récentes de l’artiste. Une rencontre entre la géométrie et la géologie.

Depuis plus de dix ans, la pratique picturale de Gabriel Orozco n’a cessé d’être le témoin d’un système spatial de pensée. Elle est le résultat d’une stratégie ou de règles de jeu pré-existantes. Cependant, le système peut de temps à autres s’aventurer hors-piste. A l’image de Éclaircie, débutée en 2008, introduisant une nouvelle palette inattendue de couleurs et de textures.

Aussi, les cercles ne s’accumulent plus mais se découpent et se recoupent les uns les autres, formant une « courbure fracturée composée de segments de couleur semblant flotter sur un fond blanc. » Dans le cas de l’œuvre présentée dans l’exposition, un fond à l’aspect métallique, presque cuivré, que l’artiste a frotté, et retravaillé, jusqu’à la renaissance de la toile.

Pourtant, une logique de grille régit toujours bien ces œuvres. En attestent deux des aquarelles de l’exposition (Untitled et Untitled) dont le procédé — au résultat en apparence intuitif — est pourtant bien le fruit d’un système rigoureux.

Dans ses peintures sur toiles (Tigerfish, L’envol et Mémoires de plantes), la rigueur dialogue de manière subtile avec des évocations perceptibles de la nature, de ses couleurs, de ses mouvements et contre-mouvements.

Parallèlement, une série d’aquarelles — Suisai en japonais ­– est présentée. Gabriel Orozco, comme à son habitude, crée à partir de ce qui l’entoure. En l’espèce, des supports de calligraphie japonaise, dont la surface dorée permet de valoriser les propriétés de l’aquarelle. Le geste à main levée interpelle. La rigueur de la grille et du cercle semble disparaitre. Le système géométrique semble avoir muté. « Même lorsque l’œuvre ne montre pas de cercle, il y a un mouvement, une action circulaire dans le processus de création, une façon […] cyclique de travailler. » Le procédé reste organique et la trame visible. Cependant ici, ce sont des tâches fluides et des formes libres, qui s’accumulent et se propagent. Si l’on y voit principalement des compositions abstraites, l’on y devine la présence de fleurs, de plantes mais aussi de paysages.

Ce travail à l’aquarelle permet à Gabriel Orozco de découvrir de nouvelles formes, plus artisanales, plus turbulentes. Il lui permet d’appréhender la peinture différemment, et de se concentrer sur le geste et la matière. En jouant sur les différents degrés d’opacité et de transparence propres à l’aquarelle et à sa substance diluée, les traces de pinceau virevoltantes donnent vie à l’œuvre.

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En 2019, Gabriel Orozco a été choisi pour orchestrer la transformation du parc de Chapultepec à Mexico City, centre névralgique à la croisée de l’art, de la culture et de la nature.

L’œuvre de Gabriel Orozco a été présentée au Museum of Contemporary Art Tokyo, Japon (2015) ; Aspen Art Museum, Etats-Unis (2015) ; Moderna Museet, Stockholm, Suède (2014) ; Tate Modern, Londres, Royaume-Uni (2011) ; Musée National d’Art Moderne, Centre Georges Pompidou, Paris, France (2010) ; Museum of Modern Art, New York, Etats-Unis (2009) ; Museo Palacio de Bellas Artes, Mexico, Mexique (2006) ; Museum Ludwig, Cologne, Allemagne (2006) ; Museum of Contemporary Art de Los Angeles, Etats-Unis (2000) ; Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, France (1998).

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