Gabriel Vormstein — Catch as Catch Can
Exposition
Gabriel Vormstein
Catch as Catch Can
Passé : 1 avril → 7 mai 2011
Les expressions matérielles de Gabriel Vormstein — ses esquisses rapides à l’aquarelle sur du papier journal récupéré ou ses objets totémiques faits de branches et d’objets trouvés — semblent plutôt laconiques et éphémères. Un rectangle composé de quelques rameaux ne semble pas être a priori beaucoup plus que quelques bouts de bois et un morceau de scotch, pourtant lorsqu’on l’observe sous l’angle de l’histoire de l’art, il constitue une approche surprenante du minimalisme. La désinvolture dans l’exécution des peintures contraste avec certains de leurs motifs et de leurs sources d’inspiration, avec la richesse des détails et les surfaces brillantes qu’on associe aux portraits d’Egon Schiele ou aux natures mortes aux fleurs. Mais les peintures de Vormstein évoquent l’expérience de l’art, le fait de regarder une surface et d’y voir plus que de la peinture. Elles contiennent une mémoire de l’art, une fascination juvénile pour la beauté passée.
Vormstein dessine et peint sur des pages de journal, généralement sur quatre doubles-pages collées ensemble. Il les prépare parfois avec une émulsion mais ne cache jamais leur nature — et c’est ainsi que la structure graphique des titres et des colonnes, des images et du texte devient la sous-couche de toutes ses œuvres. Il dessine ensuite par-dessus au crayon et les remplit de couleur ; parfois il ajoute aussi des couches supplémentaires en collant un fond ou en créant une forme. Les oiseaux dans The Storm et le corps dans The Hungry Caterpillar proviennent ainsi d’œuvres antérieures « ratées », renvoyant ainsi aux « maîtres » et réactivant sa propre implication continue.
Schiele joue un rôle significatif dans ce long processus de négociation. Vormstein cite ses personnages et s’en sert comme d’un jalon ; il renvoie à leur historicité. Dans She’s not dead « Elle n’est pas morte », il trace le contour d’une des figures féminines de Schiele, n’ajoutant de la couleur qu’à ce qui n’est pas sa peau : ses cheveux, sa robe et ses bas, son rouge à lèvres et ses yeux, presque comme si elle était elle-même devenue invisible — le vague souvenir d’une femme qui doit être décédée il y a bien longtemps. Les traits d’aquarelle qui l’entourent se mélangent et coulent ; ils ressemblent à peine au tableau original. Pourtant elle est là, bien visible. Elle n’est pas morte du tout ! Dans Catch up, il fait référence à une autre œuvre, de Francis Picabia cette fois, Catch as Catch Can (1913), dont l’exposition tire son titre. Dans le tableau original, Picabia combine des formes venues de la lutte et de la danse ; Vormstein fait une synthèse de ces références culturelles au sein de la multitude des expériences auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui.
L’artiste
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Gabriel Vormstein