Gareth Long, Literary Asses
Exposition
Gareth Long, Literary Asses
Passé : 18 octobre → 24 novembre 2012
Gareth Long, artiste canadien né en 1979, s’intéresse aux notions de copie, de traduction et d’imitation ayant rythmé l’histoire de l’art comme de la littérature. Pour sa première exposition à la galerie TORRI, en juin 2011, l’artiste avait ainsi transposé les couvertures d’une édition célèbre des romans de J.D. Salinger en un autre médium : l’image lenticulaire.
Cette dernière proposait, grâce à la fusion de plusieurs images activées par le mouvement du spectateur, un jeu sur les formes abstraites recouvrant originellement les livres. Tout en associant les processus de vision et de lecture, l’artiste permettait une réappropriation par le milieu artistique d’un motif que s’étaient eux-mêmes appropriés les mondes de l’édition et du marchandising.
Gareth Long puise aujourd’hui dans ses recherches autour de la première œuvre littéraire en latin retrouvée dans sa totalité, Les Métamorphoses, pour écrire une pièce de théâtre à la manière d’une comédie grecque antique. Cette œuvre romanesque relate l’histoire de Lucius qui, s’étant transformé par mégarde en âne, essaie par tous les moyens de retrouver sa forme initiale. Egalement appelée L’Ane d’Or et rédigée au IIème siècle après Jésus-Christ par Apulée, cette fable est aussi racontée au même moment par le Grec Lucien de Samosate. Les universitaires supposent l’existence d’une source commune aux deux auteurs. Pourtant, des doutes subsistent quant aux liens entre les trois histoires — si troisième il y a — et les notions d’autheurité et d’originalité sont d’autant plus mises à mal que la source supposée a disparu. La confusion entourant les origines de ce récit forme le cœur de la pièce de Gareth Long. Ce dernier se joue donc du flou existant entre ces différentes versions en transformant la traduction anglaise du titre d’Apulée The Golden Ass — L’Ane d’Or — en Literary Asses — Les Anes Littéraires.
Le choix de l’âne comme protagoniste principal n’est pas anodin. Ce motif est en effet récurrent dans la littérature et a été utilisé à toutes époques par des écrivains aussi différents qu’Esope, Cervantès, Orwell, Stevenson et d’autres encore. Cet animal, associé à des valeurs telles que l’ignorance, l’imitation, le travail ou la paresse, n’est d’ailleurs pas sans rappeler certains lieux communs relatifs à la production artistique. C’est du reste ce qu’affirme Gareth Long qui historicise ainsi la pratique de la copie en tant que processus créatif, tout en valorisant l’erreur porteuse de signification.
« Literary Asses » est la transposition par l’artiste de sa propre pièce de théâtre (en cours d’élaboration) en une exposition. Dans la galerie seront accrochées six œuvres, correspondant aux cinq actes d’une comédie grecque antique précédés d’une présentation des personnages. Un ensemble de dessins figurant des ânes dorés ouvrira la danse, un mobile matérialisera l’agôn — le débat argumenté entre les personnages situé canoniquement au centre d’une comédie grecque antique, et un paravent symbolisera le décor de la scène finale. Cette exposition est donc la matérialisation d’un texte n’ayant pas encore d’existence propre, à propos de romans inspirés d’un texte aujourd’hui perdu ; la mise en abyme d’une absence pourtant parlante.
Charlotte Cosson
Dans le cadre de « Literary Asses » à la galerie TORRI, Gareth Long donnera une conférence sur ces « ânes littéraires » le 23 octobre à la Fondation d’entreprise Ricard.
L’artiste
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Gareth Long