Geert Goiris — Darkcloud

Exposition

Photographie

Geert Goiris
Darkcloud

Passé : 8 septembre → 13 octobre 2012

Pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie Art:Concept, Geert Goiris présente une nouvelle série de photographies mêlant paysages, portraits, lieux inconnus et mondes souterrains. Libérant le sujet de son interprétation littérale, les œuvres de Geert Goiris vont en quelque sorte agir sur les sens et la perception de chacun. Le spectateur perd ses repères et est amené à voir et comprendre la forme selon son propre schéma.

A première vue, les photographies de Geert Goiris pourraient être qualifiées d’abstraites car elles semblent ne pas avoir de points de référence. D’où sont-elles prises ? Que voyons nous ? Elles ne sont pas reconnaissables immédiatement dans leur forme et leur contenu. L’espace, la temporalité, la ligne d’horizon, le haut, le bas, tout semble remis en question. Certaines semblent avoir cédé leur identité et ne pas être en rapport avec cette réalité que nous connaissons normalement. L’abstraction existe non seulement parce que le spectateur a du mal à distinguer l’image, mais aussi parce l’artiste questionne et essaie d’inverser l’effet normalement produit lorsqu’on regarde une photographie. En effet, une photo, comme l’explique Roland Barthes dans la Chambre claire, notes sur la photographie1 dans l’expression du « ça a été », représente quelque chose qui a existé ; à l’inverse, la peinture et le cinéma peuvent produire des images du passé mais ont aussi la possibilité dans leur processus créatif de devenir des médiums artistiques messagers de choses qui n’ont pas encore eu lieu. Faire de la photographie un médium presque prophétique, c’est ce que Geert Goiris essaie de faire notamment avec ses photos de nuages. Rappelant les écrits de John Ruskin2, les nuages se retrouvent dotés d’aspects psychologiques et communiquent avec ceux qui les regardent.

Darkcloud n’est pas qu’une exposition de photographies au cadrage et point de vue particuliers. Elle met en exergue une volonté que possède Geert Goiris, qui, à la fois artiste et grand voyageur nous amène a déplacer nos rapports avec le désignant et le désigné, à repenser nos concepts et nos schémas mentaux. L’œil, le cerveau, la foi, la mauvaise foi, le silence, le cosmos, le sujet, les objets, l’histoire sont alors confrontés à un rapport étrange qui s’installe entre la photographie et eux-mêmes.

Comme l’explique Henri Van Lier dans sa Philosophie de la Photographie3, « l’image photographique, loin de nous renvoyer à une réalité déjà donnée, met en question la réalité et son spectacle. Ainsi, si la photo est un miroir pour le spectateur, ce miroir réfléchit une sorte de fiction du réel et interroge sur notre manière propre de porter notre regard et de nous interroger sur les choses alentours ». Les images produites par Geert Goiris ont cette capacité de déplacer ces valeurs qui ordonnent la façon dont nous voyons le réel, ou peut être dont nous sommes contraints de le voir, élisant certaines choses comme dignes d’êtres vues et rejetant les autres.

Qu’il s’agisse de paysages architecturaux ou minéraux, d’endroits clos ou de portraits sensibles, les images de Geert Goiris insistent sur l’étrangeté d’un instant et sur la fragilité de nos pensées. Ainsi, l’observation d’une image devient de plus en plus intense quand on y aperçoit quelque chose d’extraordinaire, d’inattendu. Les photographies de Geert Goiris structurent ce qu’il appelle le « réalisme traumatique » qu’il développe dans son travail, créant un monde entre rêve et réalité, un environnement mystérieux voire mystique aux accents dramatiques qui nous incite à nous pencher de plus près sur une réalité inhabituelle, sur l’étrangeté potentielle de telle ou telle chose qui sortie de son contexte nous déstabilise.

1 Roland Barthes, La Chambre claire, Ed. Gallimard, Paris, France, 1980

2 John Ruskin, The Storm-Cloud of the nineteenth century. Lectures réalisées au London Institution, 4 et 11 février 1884. Voir éditions Pallas Athene, 2012, preface par Clive Wilmer et intro. Peter Brimblecombe

3 Voir Henri Van Lier, Philosophie de la Photographie, In les Cahiers de la Photographie, 1983.

Aurélia Bourquard
03 Le Marais Zoom in 03 Le Marais Zoom out

4 passage Sainte-Avoye

75003 Paris

T. 01 53 60 90 30 — F. 01 53 60 90 31

www.galerieartconcept.com

Rambuteau

Horaires

Du mardi au vendredi de 10h à 18h
Les samedis de 11h à 19h

L’artiste