Georg Baselitz — Le côté sombre
Exposition
Georg Baselitz
Le côté sombre
Passé : 8 septembre → 31 octobre 2013
Dans son nouvel espace inauguré à Pantin en octobre 2012, la Galerie Thaddaeus Ropac présente une grande exposition de nouvelles sculptures monumentales et de peintures de l’artiste allemand Georg Baselitz.
« Que représente vraiment l’Allemagne en ce qui concerne la sculpture traditionnelle ? »
Cette question que Baselitz se posait dans les années soixante-dix, lui revient en mémoire.
« La dernière chose qui m’a parue sympathique et caractéristique de la sculpture allemande après l’art gothique a été le mouvement Die Brücke, donc Schmidt-Rottluff, Kirchner et Lehmbruck. Et mes réflexions m’ayant conduit jusque-là, j’ai pris un morceau de bois et j’ai commencé. »
Georg Baselitz, 2011.
Baselitz sculpteur travaille exclusivement le bois. Toutefois, il refuse de rendre justice au matériau, il rejette l’honnête réputation de la sculpture sur bois, ce qui importe pour lui est que « toute forme séduisante (…) toute élégance du savoir-faire artistique, toute construction s’interdisent d’elles-mêmes » (Georg Baselitz, 1987). Il hache, taille et scie sa bille de bois au prix d’un grand effort physique. Il travaille sans tenir compte des veines et nervures.
« Pour que naisse une sculpture, le bois doit être ouvert avec violence. »
Uwe Schneede, 1993.
Depuis dix ans, Baselitz travaille étroitement avec la fonderie Noack, une institution berlinoise riche de traditions qui réalise à partir de ses bois un nombre limité en bronze. Le moindre détail du travail de la matière est reproduit dans ces bronzes qui sont patinés en noir par l’artiste. À propos des surfaces noires et mates de Baselitz, John-Paul Stonard remarque dans son essai pour le catalogue de l’exposition :
« Elles dénoncent l’absorption de la lumière par le bois où elles furent taillées initialement. La mémoire s’y engloutit bien plus que le drame n’en exsude. »
Les nouveaux bronzes de Baselitz incluent Sing Sang Zero, un couple se tenant bras dessus, bras dessous, et trois sculptures — Marokkaner, Yellow Song, Louise Fuller — au caractère de fétiches évoquant des figures humaines encerclées d’anneaux. Louise Fuller est une douce parodie de la danseuse américaine, célèbre pour ses danses de voiles. Est également présentée la sculpture BDM Gruppe, un groupe monumental composé de trois figures hautes de 3 mètres, avec laquelle Baselitz fait revivre un souvenir d’enfance, celui de trois filles se promenant dans sa ville natale, Deutschbaselitz. John-Paul Stonard écrit :
« Ces beautés du village (…) ne pouvaient pas être plus éloignées du marbre blanc lisse des Trois Grâces de l’Antiquité représentée par Canova, ou avec la retenue classique de Raphaël. Une grande part a été perdue ou transfigurée. Ce qui a survécu, à partir d’une mémoire qui a du être filtrée à mille reprises, c’est le motif des bras liés. Pas de mains tendues, mais les bras liés, un motif rare dans l’histoire de l’art ».