Gregor Hildebrandt — Der Tag ergänzt sich in der Nacht — Galerie Almine Rech, Matignon — Exposition — Slash Paris

Passé : 15 avril → 27 mai 2023

J’ai toujours rêvé d’entrer dans “The Wall” de Pink Floyd. C’est-à-dire dans le cerveau de Roger Waters, comme si je squattais dans un appartement défoncé, trop grand pour moi. Je me souviens qu’à sa sortie, ce double album vinyl a suscité un engouement fou, que le film d’Alan Parker a renforcé. Avec ce roman musical, c’est la première fois que j’ai compris ce qu’avait été le Blitz londonien (sept 1940-mai 1941). Je crois qu’il est utile qu’un grand artiste allemand explore la folie des bombardements d’un pays étranger, au moment même où la même chose recommence en Ukraine. Ce qui est détruit ne l’est jamais. On transforme les bombardements en souvenirs, qui eux-mêmes dessinent la reconstruction, l’espoir d’un monde nouveau. Cette absurdité (l’art) est notre unique chance de continuer à vivre.

Gregor Hildebrandt, vue de l’exposition Der Tag ergänzt sich in der Nacht, 2023, galerie Almine Rech, Matignon Courtesy of the artist & Galerie Almine Rech, Matignon, Paris

Je remercie Gregor Hildebrandt et la galerie Almine Rech d’avoir rendu cette expérience possible. Ils ont permis des miracles. Le groupe Pink Floyd s’est séparé mais je soupçonne Gregor d’avoir voulu rajouter une autre brique dans le mur : ses formes fabriquées avec des enregistrements, comme un archéologue à l’envers. Au lieu de fouiller dans les ruines, il crée les siennes. Qu’est-ce que l’art, sinon une méthode de recyclage des ruines pour en faire de nouvelles ? Je pourrais à mon tour recycler une phrase de Françoise Sagan : “Je me demande ce que le passé me réserve.” En attendant, j’espère qu’au vernissage, il y aura beaucoup d’alcool pour qu’on puisse se sentir “comfortably numb” et je suis quasiment certain que Gregor va débarquer en criant “Is there anybody out there ?”

Frédéric Beigbeder

Gregor Hildebrandt, vue de l’exposition Der Tag ergänzt sich in der Nacht, 2023, galerie Almine Rech, Matignon Courtesy of the artist & Galerie Almine Rech, Matignon, Paris

Pour sa première exposition à Almine Rech Matignon — sa huitième avec la galerie depuis 2007 — Gregor Hildebrandt transformera l’ensemble de la galerie en une installation immersive. Inspiré par la couverture de l’album The Wall (1979) du groupe britannique Pink Floyd, l’artiste recouvrira les murs des galeries du rez-de-chaussée de carreaux de vinyle noirs et blancs, semblables à des briques. Réactivant la symétrie noire et blanche qui est au cœur de ses peintures “Rip-off”, combinée à son intérêt pour les échecs, Hildebrandt transportera les spectateurs dans un univers poétique fait d’oppositions et de complémentarités, de discordances et d’harmonies. Constituant la principale série de travaux de l’artiste, les œuvres présentées dans la galerie suivent l’exploration métaphorique du jour et de la nuit par Hildebrandt, et dérivent d’un thème à l’autre par le biais d’une série d’associations.