Heroes

Exposition

Installations, photographie, techniques mixtes

Heroes

Passé : 19 février → 2 avril 2016

« Art must take reality by surprise » disait Françoise Sagan. Avec l’exposition Heroes, c’est le contraire qui s’est produit. Imaginée avant les attentats de Paris et la disparition de David Bowie, Heroes a été subitement rattrapée par le réel. L’actualité, la vie, la mort se sont invitées à la table de l’art, confirmant leur porosité et donnant à notre proposition une acuité nouvelle.

Si elle résonne avec le temps présent, Heroes n’a cependant rien de l’hommage ou de la commémoration. Bien au contraire. Engagée à sa façon, faisant la part belle au dessin, elle est une variation sur le portrait et sur l’époque, sur le retour de la figure, un temps suspecte, dans le champ de l’art, sur la représentation du héros et ses manifestations dans l’art d’aujourd’hui. Qui sont les héros des dessins et des artistes contemporains ? Et que disent-ils sur nous et notre monde ?

Heroes. Ce titre/thème aux accents martiaux jalonne l’histoire des arts: des peintures pariétales d’actes de bravoure aux portraits des puissants de la Renaissance, des célébrités en série de Warhol aux super-héros des comics américains, la figure du héros traverse les âges et les médiums. À quoi ressemble-t-elle, sur le papier, en 2016 ? À première vue, le héros contemporain semble avoir perdu son panache et ses pouvoirs, supplanté par son double fébrile, l’anti-héros, surreprésenté dans les œuvres rassemblées. Il apparaît au pire fatigué, au mieux très discret, sans qualités.

Agrandissant la famille de ses personnages déjantés, super héros vieillissants (L’Hospice_, 2002) et autres clones nains à son effigie (_Pawns), Gilles Barbier tente l’impossible en donnant à voir La Femme Presque Invisible, double féminin du héros imaginé par H.G Wells en 1897.

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Gilles Barbier, La Femme presque invisible, 2016 Posca® sur calque polyester — 112 × 105,2 cm Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris — Photo : André Morin

De son côté, le dessinateur Winshluss fait évoluer un White Man à tête de Toto dans un Tokyo nocturne et vide. Dépassé, assommé, fragile, son géant a tout du perdant, du loser, du zéro…

L’artiste néerlandais Pim Blokker propose lui une singulière galerie de portraits. L’air contrit, empruntés et comme empêtrés, ses modèles (homme, femme, nuage, fantôme, cheminée…) paraissent risibles sinon absurdes. Tragi-comiques, à l’image des blackface et smileyface qui forment le grand diptyque de l’américain Richard Jackson et interrogent notre dualité.

Les masques sont également de mise dans la nouvelle série de collages de Martin Kersels, LP series, inédite à Paris. L’artiste californien a recouvert un ensemble de vieilles pochettes de disque d’une fine couche de bois. Seuls les yeux des chanteurs sont visibles. Incognito, ils nous regardent les regarder.

Lucie Picandet, lauréate de la Bourse Révélations Emerige 2015, met en scène dans une BD bien à elle, un héros à l’imaginaire et à l’appétit débridés.

Autoportrait ? Métaphore de l’artiste au travail ? Une chose est sûre, la figure de l’artiste n’est jamais très loin, héros en creux de la plupart des œuvres présentées : on le retrouve en proie au doute et au questionnement, ballotté par les flots déchaînés du grand marché de l’art, dans la série de marines dessinées gribouillées de l’artiste d’origine grecque installé à Mexico, Theo Michael.

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Theo Michael, Planet without Modernism, 2014 Technique mixte sur papier — 66 × 100 cm Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris — Photo : André Morin

Et si ce n’est lui, ce sont ses proches, ses références ou ses maîtres qui tiennent le haut du pavé. Paul McCarthy croque ses galeristes parisiens dans deux dessins réalisés à l’occasion de la présentation de sa sculpture monumentale Innocence à la galerie en 1994, à qui il fait dire : «We must be the sculptures!»

Jean Tinguely rend hommage à sa compagne et artiste Niki de Saint Phalle dans un collage de 1989 qui multiplie les éléments visuels et biographiques.

Richard Prince, avec la série New Figures, continue de brouiller les pistes, redessinant sur des images imprimées extraites de vieux magazines érotiques, les corps, les visages et les sexes d’héroïnes anonymes, à la façon, revendiquée, de Picasso.

Plus près de nous, le duo d’artistes Lamarche-Ovize n’hésite pas à citer abondamment dans ses œuvres les personnalités qui fondent sa pratique ou ont croisé le chemin, quels que soient leur statut et leur notoriété. William Morris, Rihanna, une voisine de métro, Christophe ou Vélasquez se retrouvent pêle-mêle sur le papier, immortalisés façon puzzle.

Une forme d’hommage pop et libre, amusé et distancié, qui caractérise finalement assez bien le traitement et la figure du héros dans l’art aujourd’hui, et que l’on retrouve dans la série d’aquarelles de Julien Berthier intitulée Pigeonner. L’artiste y représente fidèlement trois sculptures publiques de Cain, Marino Di Teana et Volti sur lesquelles sont venus se poser de vulgaires pigeons, achevant avec humour et esprit de définitivement déboulonner les statues.

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Julien Berthier, Pigeonner (Cain), 2014 Crayon et aquarelle sur papier — 65 × 50 cm Courtesy Galerie GP & N Vallois, Paris — Photo : André Morin
Barbara Soyer & Sophie Toulouse
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