Image & Curiosités — Exposition collective / Lancement revue Point contemporain #12

Exposition

Edition

Image & Curiosités
Exposition collective / Lancement revue Point contemporain #12

Passé : 11 → 14 avril 2019

Si l’œuvre d’art sait se parer d’atours, se faire séduisante ou radicale, irradiant l’espace ou se confondant parfois avec lui, adoptant sciemment telle ou telle posture, elle accepte de se laisser aborder, envisager, mais ne se livre jamais toute entière. Les artistes de cette décennie, en faisant le choix de modifier l’espace d’exposition, de ne pas livrer leurs créations à la blancheur des murs et à la crudité des néons, veulent nous suggérer cette profondeur, cette volonté d’échapper à un quotidien qui transforme tout en image.

Nombre d’entre-eux font ainsi le choix de multiplier les gestes qui lui échappent : ils occultent, parfument, invitent à la dégustation et à l’expérimentation. Ils ont compris que, pour que leur œuvre ne soit pas lissée et résiste à la morne absorption oculaire, montrer ne peut plus suffire. Il est devenu essentiel que se produise une interaction, que se développe une intimité avec le regardeur pour qu’elle existe dans son désir. Si l’écran a tué l’envie, alors ce qui nous est donné doit être caressé, senti, dégusté, avalé, que sa réalité soit saillante, qu’elle égratigne, râpe ou dérange. Le réel reste à jamais l’expérience du faire, avec cette possibilité de le perdre en franchissant la première impression qui fait image, pour atteindre un espace intérieur.

Aux falsifications, aux attentes, aux mots choisis, aux visions connues et uniformes, face à tout ce qui peut suffire au regard et contenter l’image, les artistes ouvrent de nouvelles voies. Ce qui fait l’aura de l’œuvre n’est plus donné, mais existe au contraire dans son mystère, sa part ésotérique, archétypale, sensible, érotique même, et dans tout ce qui nous échappe. Nous avons beau en réunir les clefs de lecture, elle existe au-delà de nous, dans l’émotion qu’elle suscite, dans l’instant de son épiphanie, dans l’évidence de sa présence. Comme André Breton, lors de sa visite au Château de Saint-Germain-en-Laye, nous aimons à penser que demeurent des espaces insoupçonnés, rêvés ou poétiques, échappant au sens commun, et qui portent en eux une tout autre richesse.

Le collectionneur qui la possédera un jour, accédera forcément un peu plus à son intimité et à ce que l’artiste, consciemment ou inconsciemment, a déposé en elle. Il en aura le secret sans en détenir la clé. Une œuvre qui n’atteint pas cette double dimension que rien ne laisse deviner, cette part visible et invisible, qui dit ce qu’elle est, littéralement, n’engage pas cette relation émotionnelle avec son regardeur. Nous aimons à penser que dans nos projections, nous accédons plus avant dans ce qu’elle a daigné suggérer et que sottement nous avons jugé satisfaisant. Acceptons qu’elle ne fait que tolérer nos illuminations. Nous devons en respecter les secrets, accepter ses échappatoires, sans pour autant comme Fragonard, tirer le verrou. Soyons heureux d’entrebâiller la porte et d’en respecter les secrets.

Valérie Toubas et Daniel Guionnet

  • Vernissage Jeudi 11 avril 2019 18:00 → 23:00
20 Paris 20 Zoom in 20 Paris 20 Zoom out

23, rue Ramponeau

75020 Paris

T. 0142558721

www.villabelleville.org

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Ouverture les jours de vernissage et sur rendez-vous

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Accès libre

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