J’ai pleuré devant la fin d’un manga
Rencontre
J’ai pleuré devant la fin d’un manga
Passé : Samedi 3 février 2024 à 14:30
Rencontre avec les commissaires de l’exposition “J’ai pleuré devant la fin d’un manga”
Un Tamagotchi vit en moyenne 12 jours, et malgré ses 4,2 cm, sa mort reste un drame. S’exprimant par des ‘biiiip’ grésillant pour être nourri ou câliné, nous nous y sommes attaché·e·sx autant qu’à un animal de compagnie. Nous avons ainsi créé des cimetières digitaux pour leur rendre hommage. Le cycle de la vie réduit à la taille d’une montre-œuf électronique.
Au sein d’un monde contemporain hyperconnecté, la culture manga — dessinée, animée, électronisée — a traversé les frontières du Japon pour s’établir auprès de millions de personnes comme des nouvelles interfaces d’appréhension du monde.
C’est au travers d’interfaces issues de la culture populaire que notre rapport au monde se construit et s’enrichit, se stabilise ou se délite. Mouvements politiques, musicaux, artistiques, voire tout à la fois, reflètent le bouillonnement des générations, la mise en place de nouveaux circuits sociaux communs.
La culture manga, dont la diffusion fut amplifiée par les technologies de communications et le consumérisme mondialisé, a poussé des générations entières à dompter des pokémons, à projeter leur empathie et leur appréciation du kawaii sur des êtres digitaux pixelisés, à cosplayer des nouvelles figures mythologiques aux pouvoirs quasi-divins.
Aujourd’hui, les influenceur·euse·sx et streamer·euse·sx revêtent les traits d’avatars manga pour communiquer des émotions plus prégnantes que les limites imposées par nos corps de chair. Robots, aliens, ou encore démons aux voix transformé·e·sx par des vocalizers, brouillent les notions de genres.
Cette nouvelle grammaire culturelle a intégré notre habitus et les interstices de notre imagination, transformant nos conceptions esthétiques et contribuant à renforcer notre sentiment d’appartenance à des communautés. Réduite par ses détracteurs à de la brutalité gore, à une sexualité perverse et à des imaginaires infâmes, la culture manga est devenue une matrice fertile, un espace d’empathie, de projection, de construction de soi.
Le titre de l’exposition est issu des paroles de Lundi, par Johan Papaconstantino.
*Œuvres co-produites par l’École municipale des beaux-arts / galerie Édouard-Manet, Gennevilliers
Horaires
Tous les jours sauf le dimanche de 14h à 18h30
et sur rendez-vous. Entrée libre.
Les artistes
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Oliver Laric
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Gaia Vincensini
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Neïla Czermak Ichti
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Natacha Donzé
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Eliza Douglas
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Ram Han
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Samuel Spone
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Emma Stern
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Petra Szemán