Jean-Baptiste Bernadet — Fortune

Exposition

Peinture

Jean-Baptiste Bernadet
Fortune

Passé : 2 → 30 avril 2011

Jean-Baptiste Bernadet peint des tableaux abstraits, dans des formats très différents, le plus souvent à l’huile, mais il recourt parfois à la laque, au spray, aux paillettes ou à des collages. Il commence à travailler avec une vague idée de sujet — disons, le paysage — mais sans jamais viser la représentation ou l’illustration. Il veut éviter les marqueurs picturaux qui trahiraient une identification à de la peinture abstraite : grands coups de pinceaux expressifs, présence du geste, virtuosité, lyrisme, etc… À l’écoute de la plasticité du matériau et des gestes qu’il lui imprime, il s’efforce de laisser faire les choses, de laisser la peinture elle-même diriger le processus par lequel elle est produite : chaque marque, trace, couleur est une étape transitoire, qui mène à la suivante, puis à la suivante, encore. L’artiste travaille par report, empreinte, effacement, accumulation, et épuisement, plutôt que par inscription, écriture ou composition. Ainsi, loin d’affirmer la toute-puissance d’une démiurgie plastique, il instille le doute au cœur du système de production : instillant le doute, une certaine forme d’ironie et de remise en question.

Les peintures de Bernadet peuvent être faites avec des mots, ou à propos des mots, ou de mots. Ses textes, souvent en anglais, empruntent la forme de slogans, d’injonctions, ou de confessions plus ou moins désespérées : Halo, Vicious, Hola Conquistador, I Will Run After You, Back To Reality, I Want Muscles. Il arrive que ces fragments de textes soient les bribes dérisoires de chansons pop un peu vaines, et c’est peut-être dans leur vacuité même que réside leur intérêt. Les tableaux exhortent, roucoulent, se lamentent, murmurent… le traitement pictural même, à l’instar de la musique pop, se partage entre précision millimétrée et torrent d’émotions sirupeuses.1

L’objet principal de ce travail est l’impossibilité de la peinture, conjuguée à la nécessité de la faire quand même.2 Cette vive tension entre désillusion et espoir, pessimisme et croyance, goût pour l’inachevé et désir d’accomplissement, volonté de clarté et attirance pour l’opacité, construction et destruction, est à l’œuvre dans chacun de ses gestes, et visible dans chacun de ses tableaux, chacune de ses expositions. Ces contradictions à l’œuvre dans sa peinture évoquent les paradoxes auxquels sont confrontés les êtres face à l’amour, la mort, l’accomplissement. Le résultat est une œuvre polymorphe et instable, en perpétuelle réinvention, à la poursuite, par tous les moyens possibles, d’une extrême intensité. Jean-Baptiste Bernadet décrit ses peintures comme des dépouilles, qui survivent à la certitude qu’il ne réalisera pas de chef d’œuvre. Leur surface riche, précieuse et complexe devrait définitivement suffire.3

1 David Tompkins, Jean-Baptiste Bernadet, Chinati Foundation, 2010

2 Voir Provisionnal Painting, Raphael Rubinstein in Art in America, April 2009 : “Faced with painting’s imposing history and the diminishment of the medium by newer art forms, recent painters may have found themselves in similarly “minor” situations; the provisionality of their work is an index of the impossibility of painting and the equally persistent impossibility of not painting.”

3 Jill Gasparina, Jean-Baptiste Bernadet, Catalogue du 55ème Salon de Montrouge, 2010

  • Vernissage Samedi 2 avril 2011 16:00 → 21:00
Torri Galerie
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03 Le Marais Zoom in 03 Le Marais Zoom out

7, rue Saint-Claude

75003 Paris

T. 01 40 27 00 32

www.galerietorri.com

Saint-Sébastien – Froissart

Horaires

Du mardi au samedi de 11h à 19h

L’artiste

  • Jean-Baptiste Bernadet