Joey Haley — Paintings and drawings

Exposition

Peinture

Joey Haley
Paintings and drawings

Passé : 21 octobre → 20 novembre 2010

Ce qu’il y a de fascinant dans le travail de Jœy Haley, c’est qu’il est le seul capable de rapprocher Dave Davies, guitariste émérite des Kinks et Albert Einstein, physicien émérite de la relativité. Tous s’accordent autour de cette notion de distorsion. L’éventration à la Fontana de l’ampli du premier à la source de la saturation dans le rock rejoint les digressions spatio-temporelles du second dans un même élan pictural. Haley, c’est du bruit brut dans un cosmos tendu, c’est de l’ordre dans le chaos, et inversement.

Cette ambivalence est au cœur de son œuvre. Il construit peintures et dessins dans un même souci de rigueur et de liberté, naviguant entre abstraction et figuration, cherchant constamment à tordre les éléments. Mû par la recherche de la fluidité, du mouvement, il pratique une approche gestuelle et spontanée qu’il contraint dans un formalisme revendiqué. On retrouve dès lors des dessins préparatoires aux structures linéaires marquées, des fonds aux paysages travaillés, des thématiques mythologiques ou historiques dissimulées. Mais tout est plié sous l’apparition d’un ailleurs, d’une distorsion optique. Il pose un regard, tour à tour multiple, manquant, dominant ou tourmenté sur des personnages perdus dans des actions qu’ils exécutent avec précision. Il revient avec la même élégance à une véritable exploration de la forme et de la couleur. Du fluo au pastel, la palette chromatique est aussi large que la galerie de ses fantasmes et rêveries de réel. Tout bouge ainsi au rythme qu’impose la peinture de Haley, parsemant ses hybrides dans un entre-deux violemment novateur, au sein d’une avant-garde radicale ayant retrouvé ses ambitions d’antan.

Ses thématiques demeurent dans ce classicisme inédit. Si la sexualité occupe une place importante, elle est toujours déviante, faisant la part belle aux poupées gonflables humaines, à l’ondinisme et autres fellations. Elle est le reflet de nos sociétés tordues, malades, hagardes. Elle est l’expression de ce trouble pictural, du tremblement de l’image. Les autres personnages semblent pris dans un dialogue silencieux et mystérieux où le symbolisme des gestes conserve une obscurité lumineuse. Le cercle, l’eau et le feu, la trinité, une certaine mélancolie, l’éclaboussure, sont autant de repères qui dessine une géographie psychique. L’ensemble forme une « cohérence incohérente » selon ses propres termes. Un flux, un ouragan de lenteur, une tempête sous un crâne.

Si tous ces éléments gravitent, saturent, s’attirent et se distordent, c’est grâce à l’incroyable énergie qui se dégage de sa peinture et qui maintient cet univers mouvant. Ce qui est sûr en tout cas, c’est que si Einstein avait été un punk, il aurait peint comme Haley.

Benjamin Bianciotto
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L’artiste

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