Julien Berthier au CAB Grenoble — Galerie G-P & N Vallois — Exhibition — Slash Paris

Past: June 23 → September 1, 2019

Pour sa nouvelle exposition au CAB de Grenoble, « Bien Urbain », Julien Berthier use et s’amuse de la ville et ses objets. Repensant le rapport à l’espace public, il se l’approprie et le déjoue dans chacune de ses œuvres. Objets rapportés, inventés, rêvés pour la ville, à la fois absurdes et issus d’une observation sagace du monde, les œuvres de Julien Berthier sont autant de possibilités d’envisager le socle de la vie collective, dans sa beauté et sa coercition.

Julien Berthier convoque dans ses œuvres des situations, des systèmes référencés qu’il va ensuite déconstruire pour insuffler la transgression chez celui qui les regarde. L’œuvre devient une invitation physique et symbolique, métaphysique même, à reconnaître un objet, sa nature et sa destination. Ainsi, pour « Concrete Romance », pièce centrale de l’exposition, Julien Berthier rejoue la scène de la célèbre peinture de Caspar David Friedrich « Le voyageur au-dessus de la mer de nuages » en sculpture. En résulte une montagne en béton qu’il orne d’un lampadaire, prenant presque sa place dans une gamme de mobilier urbain, comme pour revenir, toujours, à l’usage du monde. Ce qui pourrait servir de « Modèle Prestige » d’une série de promontoires, de bancs, de lampadaires ou de roches anti-stationnements utilise la figure romantique par excellence, oscillant entre deux extrêmes : d’une part le pragmatisme de l’objet fonctionnel et d’autre part son existentielle poésie. Pour « Public thoughts », il découpe à la manière d’une étude anatomique une tête de sculpture publique en bronze, comme pour aller y déceler la mémoire même d’un coin de ville, les choses vues et pensées mais jamais dites. Dans le registre de l’immatériel enfin, pour « Public Sculpture (a musical) », l’artiste réunit une compilation faite de morceaux de musique réalisés à partir de sons prélevés en tapant sur d’autre sculptures publiques.

Pièces de mobilier, interventions in situ, traces documentaires d’actions urbaines à la légalité toute relative, Julien Berthier crée des objets du monde réel, intégrés ou dissonants avec le contexte dans lequel ils sont inscrits, des scénarios fictionnels, parfois teintés d’ironie et d’« humour sérieux », toujours témoin de son engagement au monde.