Keiichi Tahara — Sculpteur de lumière

Exposition

Photographie

Keiichi Tahara
Sculpteur de lumière

Passé : 10 septembre → 2 novembre 2014

« La lumière du Japon, toujours voilée, n’a rien à voir avec celle de la France, très brutale et perçante. Et la nature de la lumière, j’en suis persuadé, a une incidence sur le paysage, les gens et même la langue que l’on parle. »

Depuis son arrivée en Europe en 1972, Keiichi Tahara se fascine pour la lumière, qu’il place au centre de son approche artistique. Un intérêt qu’on lui connait dans son travail en noir et blanc, mais qui transparait également avec une série de polaroid couleur, exposée pour la première fois à la MEP : Ecran.

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Keiichi Tahara, Série Ecran © Keiichi Tahara

L’exposition que lui consacre la Maison Européenne de la Photographie est une rétrospective qui retrace cette perpétuelle quête de la lumière, tel un fil rouge, à travers quatre grandes séries du « sculpteur de lumière » : Fenêtre, InBetween, Portraits et… Ecran.

Dans sa première série, Fenêtre, Keiichi Tahara nous montre que le regard ne se focalise pas nécessairement sur un objet, mais «  nage  » dans l’espace et la lumière. Il nous invite à rechercher la forme de la lumière, et non plus la lumière à partir d’un objet.

A son emménagement à Paris, coupé du monde par la barrière de la langue, Keiichi Tahara se cloître dans sa chambre, avec pour unique ouverture vers l’extérieur, sa fenêtre. Ainsi, regarder à travers elle, devient sa seule façon de communiquer avec le monde extérieur.

Naît alors la série Fenêtre, qu’il poursuit entre 1974 et 1983, notamment dans les différents appartements qu’il habite à Paris.

« J’ai photographié les fenêtres de mon appartement comme si j’essayais d’établir et d’affirmer l’existence de mon « moi ». » La quête de lumière de Keiichi Tahara se balade au sein du labyrinthe de la mémoire.

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Keiichi Tahara, Série Fenêtre © Keiichi Tahara

L’intérêt que Keiichi Tahara porte pour la lumière le fait constamment osciller entre ce qu’il appelle la lumière blanche et la lumière noire, entre soleil et lumière imaginaire : la première est celle des sensations et des émotions provoquées par l’extérieur, tels ses paysages éclairés et sculptés par la lumière dans sa série InBetween.

La seconde est une lumière intérieure qui suscite l’imagination et la création, grâce aux expériences et connaissances acquises. C’est celle des mémoires et des traces.

De cette réflexion sur la lumière, naitront ses multiples recherches sur la transparence.

« Les mémoires que j’ai, comme celle de moi-même, de ma famille, du sang, de l’être humain, se confondent peu à peu et s’entassent en moi, telles des couches de verre tranparent. »

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Keiichi Tahara, Série InBetween © Keiichi Tahara

La série Portrait, ou la machine visagéïtaire de Keiichi Tahara.

Qu’est-ce qu’un portrait photographique ? L’empreinte d’un visage en vue de produire une représentation mais, aussi bien, l’emprunt de certains traits de ce visage à toutes autres fins, telles que la dénotation d’un nom propre, l’évocation d’un souvenir, le déclenchement d’un affect… C’est sur ce second versant que travaille principalement Keiichi Tahara.

En fait, il ne retient de ses « sujets » que les traits qu’il peut utiliser à la confection des paysages qui l’obsèdent et surtout à l’obtention d’un certain effet de subjectivation vers lequel l’ensemble de son œuvre paraît tendre.

De quoi s’agit-il ? D’un transfert d’énonciation : au lieu que ce soit vous, le spectateur, qui contempliez la photographie, c’est brusquement elle qui vous surprend, qui se met à vous scruter, à vous interpeller, à vous pénétrer jusqu’au fond de l’âme.

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Keiichi Tahara, William Burrough, série Portrait © Keiichi Tahara

Lumière, transparence, matière, installations, tous les sujets de recherche et de fascination de Keiichi Tahara s’entrechevêtrent dans sa série de polaroids couleur Ecran.

Reparti au Japon, avec « en lui » la lumière de la France, Keiichi Tahara retranscrit dans cette série sa « mémoire », comme autant de strates sédimentaires.

Vieilles mémoires, nouvelle lumière.

Une démarche que Keiichi Tahara explique par son histoire, celle de l’échange des cultures : « La route de la soie a donné la possibilité à diverses cultures et civilisations de se mêler. En route, elles ont respiré des airs autres, ont reçu des lumières nouvelles et ont expérimenté pleinement des temps différents. Ces expérimentations se sont imprégnées dans la terre, comme mémoire du monde. Je pense que notre histoire porte ces marqueurs, tel un entassement des temps et des lumières. Dans chaque roche sédimentaire, on retrouve des mémoires de la lumière et des traces des temps passés. Nous sommes juste là, sur la surface de ces couches. (…)

En France, il m’a fallu du temps pour que je m’habitue au climat. Comme si j’attendais longtemps que la lumière d’ici remplisse mon corps, et que toutes mes habitudes et ce que j’avais en moi se transforment en « mémoires » comme des traces. Mais ces mémoires restent confuses comme la boucle de Möbius dont la face est aussi bien la pile, et qui représentent un monde de chaos. »

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5-7, rue de Fourcy

75004 Paris

T. 01 44 78 75 00 — F. 01 44 78 75 15

Site officiel

Pont Marie
Saint-Paul

Horaires

Du mercredi au dimanche de 11h à 20h
Jeudi 11h — 22h — Le samedi 10h — 20h — Fermeture les 25 décembre et 1er janvier (fermeture des expositions à 17h les 24 et 31 décembre)

Tarifs

Plein tarif 12 € — Tarif réduit 7 €

Gratuit aux moins de 8 ans, personne handicapée, personnel de la Ville, carte presse et les mercredis entre 17 et 20h

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