Kim Dohyung — Grayoval
Exposition
Kim Dohyung
Grayoval
Passé : 15 mars → 12 avril 2014
Sur une proposition de Vanessa Titzé.
Entre chien et loup, le graphiste et artiste, Kim Dohyung s’affranchit des étiquettes. Le nom de son studio Grayoval, porte la marque de l’entre-deux. « Je suis fasciné par cette capacité d’extension et l’ambiguïté qui réside dans la notion de gris et d’ovale »… Usant de la distension, il multiplie dans ses travaux l’usage du niveau de gris, des trames, des collages, atténuant ainsi la diversité de ses sources graphiques : documents scannés, images web basse résolution, étiquettes… Derrière la manœuvre, le détail formel s’estompe, laissant s’exprimer pleinement le sujet du document, le message.
Les produits de consommation courante et le marché de l’Entertainment apparaissent régulièrement dans les images de Grayoval. Ici pointent les oreilles de Mickey, là encore le masque de Dark Vador, Hello Kitty ou une boîte de crème Nivea. Point de naïveté ici. Derrière l’apparente banalité de ces figures se lit l’influence internationale des Etats-Unis et du Japon, deux nations qui ont exercé une emprise puissante sur la Corée (la Corée devient un protectorat japonais au 19e siècle jusqu’à ce que les Etats-Unis la mette sous tutelle à la fin de la seconde guerre mondiale). Schématisée et dessinée à la craie sur un tableau noir, la figure de Dark Vador (made in USA) ressemble étrangement à un personnage du jeu vidéo Pacman (made in Japan). De celui-ci, le réalisateur Chris Marker disait dans le film Sans Soleil en 1983 « Je ne savais pas, en lui sacrifiant toutes mes pièces de 100 yens, qu’il allait conquérir le monde. Peut être parce qu’il est la plus parfaite métaphore graphique de la condition humaine. Il représente le juste rapport de force entre l’individu et l’environnement et il nous annonce que s’il y a quelque honneur à livrer le plus grand nombre d’assauts victorieux, au bout du compte ça finit toujours mal. »
Conflit oublié, la guerre de Corée a concentré les affres de la guerre froide et laissé quelques trois millions de victimes derrière elle. Les américains ont soutenu l’installation de la dictature en Corée du Sud, pour s’assurer la maîtrise du territoire. Park Chung Hee fut l’un de ses dictateurs. Grayoval le figure, des étoiles dans les yeux, décoration militaire qu’il affuble également à son confrère américain. Leurs visages floutés s’effacent au profit de ces ridicules médailles. L’oppression constante qu’a subi la population coréenne s’étend, dans le regard de Kim Dohyung, au phénomène de globalisation culturelle. Le médium favori de l’artiste qu’est l’affiche, outil d’expression de la rue, en témoigne. Aux images lisses, colorées et aguicheuses que produit la société de consommation, Grayoval oppose une parole sans filtre, sensible et cultivée. Une résistance.
Né en Corée du sud en 1974, Kim Dohyung étudie à l’université des Beaux Arts. Parmi les artistes qui retiennent son attention, Joseph Beuys, Martin Kippenberg, Jacques Villeglé ou Lawrence Weiner, etc. À leur instar, il produit des œuvres politiquement engagées, n’hésitant pas à jouer de la provocation, à s’appuyer sur des documents altérés ou à privilégier l’impact du message. Sa résistance à la culture globale prend pour rempart l’expression personnelle et la sensibilité. Dans ce contexte les artistes ont un rôle majeur. Leurs mains, leur gestuelle, concentrent l’expression de ces singularités. En tant que graphiste, il laisse libre cours à son expression, se concentrant sur des commandes culturelles et privilégiant les clients qui lui autorisent une liberté de ton, essentiellement dans le secteur de la culture et de la mode. Tous les ans, il s’associe avec des graphistes, — français de préférence — pour composer un calendrier. Office ABC, Pierre Vanni, Vier 5, Paul Cox, les signatures auxquelles il s’attache attestent de son attrait pour le graphisme conceptuel et expérimental.
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Vernissage Samedi 15 mars 2014 14:00 → 20:00
L’artiste
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Kim Dohyung