Larissa Fassler — Masterplan
Exposition
Larissa Fassler
Masterplan
Passé : 7 octobre → 19 novembre 2011
La galerie Jérôme Poggi présente la première exposition en France de l’artiste canadienne Larissa Fassler. Diplômée du Goldsmiths College et vivant à Berlin, l’artiste aborde la question de l’homme dans son rapport à l’espace urbain, notamment parisien autour du Forum des Halles, à travers un travail de repérages topographiques précis et de construction de maquettes. Pour présenter cette exposition, Larissa Fassler a transformé l’espace de la galerie avec une scénographie originale faite de cartons et de colonnes imitant celles du Forum des Halles.
Approfondissant son intérêt pour les lieux dits dysfonctionnels où se manifestent les échecs des « master plans », Larissa Fassler porte un regard sur la relation symbiotique entre les personnes et l’espace public, sur la manière dont l’environnement affecte ses usagers tant sur le plan psychologique que physique, et comment la perception, la compréhension et l’utilisation de ces espaces se manifestent dans la construction de leur environnement même.
Comme dans ses précédents travaux, Kotti (Berlin 2008) et Regent Park / Regent’s street (Londres 2009), les dernières pièces de Larissa Fassler rendent visible le tracé urbain conçu pour permettre le mouvement d’un grand nombre d’individus dans une ville, tout en l’entravant. Les lieux qu’elle a choisi à Paris — Les Halles, la Place de l’Europe et la Place de la Concorde, marquent un changement important dans la compréhension, l’organisation et l’expérimentation de la vie urbaine, qui privilégie la recherche d’intérêts individuels au sein de la foule, résultant souvent d’une tolérance forcée et d’une indifférence mutuelle.
Dans son travail sculptural, Larissa explore le redéveloppement des Halles dans les années 1970, aujourd’hui devenu un nœud complexe et abandonné de rails et d’intersections de métro, d’alimentation, de trafic, de chaînes de magasins souterrains, de tunnels et de passages qui rassemblent près de 800 000 utilisateurs par jour. Elle utilise des cartons usagés pour la création des entrées et des balcons supérieurs ; du ruban adhésif noir couvre les entrées intrusives et profondes des escalators, tandis que le grondement mécanique et acharné émanant du fonctionnement du bâtiment peut être entendu, provenant des entrailles des Halles. Fassler a drapé tout cet abandon, cette négligence et ce disfonctionnement dans la magnificence du drapeau national français. Les Halles représentent un développement significatif pour l’artiste. En partant de ses précédents travaux, Larissa Fassler a utilisé une gamme de matériaux qui reflète sa compréhension et son appréhension émotionnelle de l’endroit. Curieusement, Les Halles comme nous les connaissons aujourd’hui n’existeront bientôt plus que dans la mémoire collective, étant vouées à la destruction.
En plus de ses travaux sculpturaux, est présenté un ensemble de dessins élaborés autour de la place de la Concorde et de la place de l’Europe. Les travaux « place de L‘Europe I & II » prennent la célèbre peinture de Gustave Caillebotte, « Pont de L’Europe » (1876), comme référence, en tant qu’œuvre figurant différentes classes sociales se côtoyant à proximité d’un chef d’œuvre industriel, symbole de la modernité.
Aujourd’hui, cette même place, qui fut aussi peinte par Jean Béraud, Monet, et photographiée par Henry Cartier Bresson, est comme un terrain vague au nom prestigieux, dominé par un rond point, des places de parking, des voies de bus, et des bouches d’aération.
Sur chaque enseigne, chaque parcmètre et poteau, des autocollants à contenus politiques radicaux sont juxtaposés à des messages de particuliers prenant la forme d’annonces. Des messages anti-avortement, pro-nationalistes, contre la mixité sociale, NPA, anti-Israël, pro-révolution et pro-solidarité, côtoient des annonces de femme de ménage à la recherche d’un emploi, des offres de massages chinois, de leçons de mathématiques, de peintres, ou d’avis de recherche.
Dans son travail intitulé « Place de la Concorde », Larissa Fassler a tracé les différents itinéraires empruntés par les usagers de la place sur plusieurs semaines. Elle a ainsi enregistré le chemin d’un groupe d’enfants roumains échappant à un touriste, d’une adolescente fuyant la police, et qui fut probablement appréhendée, de laveurs de vitres ; de piétons indisciplinés, d’un vendeur de bougies, une zone que se sont appropriée les SDF, l’endroit où les gens urinent, la météo, la diversité ethnique, le tout jalonné de stickers, de posters, de cartes, de « Unes » de journaux, le tout, couvert de l’ombre immense d’un avion militaire survolant la place le jour de la Fête nationale.
Oliver Koerner Von Gustorf, September Gallery, 2011
-
Vernissage Vendredi 7 octobre 2011 16:00 → 22:00
Le vernissage est coordonné avec celui des galeries du nouveau quartier d’art contemporain de la Gare du Nord.