L’autre, le même
Exposition
L’autre, le même
Passé : 11 juillet → 15 septembre 2012
Les deux artistes, s’expriment à travers des médias bien distincts, la pratique photographique chez Ezio D’Agostino et le dessin, parfois l’installation, pour Vanessa Fanuele, et ont en commun de suggérer des paysages, des territoires, des lieux inexprimables au fond.
Cette exploration physique du territoire chez Ezio D’Agostino se traduit par une recherche de temporalité. À travers une confrontation permanente entre absence et présence d’un sujet, il révèle la cyclicité des lieux et des temps ainsi que la fragilité de la vision et de la mémoire.
Christian Caujolle écrit à propos de la série Alphabet, Les Halles 1979 — 2011, présentée dans le cadre de cette exposition, « qu’il ne s’agit pas là de photographie pressée, pas vraiment de contemplation, mais, comme le dit lui-même Ezio d’Agostino, d’« une démarche photographique qui dérive de ma formation d’archéologue ». Ce qui signifie se confronter au temps et pactiser avec lui. L’archéologue, comme le photographe, morcelle le territoire pour mieux l’explorer. L’archéologue le fouille, en révèle, par couches successives et en profondeur, les strates qui vont donner des éléments d’interprétation et de connaissance. Le photographe lui aussi morcelle, tranche, découpe par son cadre — qui n’appartient qu’à lui et n’a que très rarement la prétention scientifique de l’archéologue — l’espace que nous connaissons et expérimentons pour que nous puissions le regarder autrement, sous d’autres angles.
Cette absence de spectaculaire révèle un tronc d’arbre coupé environné d’herbe moribonde qui résiste encore quand une pauvre plante, adossée à la palissade verte, tente, alors qu’elle est mourante, de s’extraire d’une grille métallique. Un peu plus loin, en profondeur cette fois, des chiffres, au bord de la piscine, délimitent un podium, un vainqueur et ses dauphins. Puis, tendres, des maisons tracées la craie sur un tableau noir et à demi effacées, un dessin d’enfant, un petit oiseau perdu sur le dossier rouge d’une chaise en plastique, des déchets derrière la transparence d’un sac poubelle en plastique rouge, des chromies, des signes. Une lecture apaisée d’un monde qui ne l’est guère, des angles nets, des rencontres de matières, un reflet et, toujours, la lumière, comme celle qui fait vibrer les gouttes d’eau en s’échappant de quelques ampoules en guirlande modeste. »
À travers ses dessins et ses installations, Vanessa Fanuele présente un monde peuplé de créatures hybrides, un monde qui se laisse reconnaître sans se révéler pleinement.
Selon le commissaire et critique Yann Pérol, « Elle nous plonge dans un monde dominé par des figures étranges, d’animaux aquatiques et d’organes du corps humains. Les images créées par Fanuele ne s’offrent à notre regard que par un jeu de transparence (de plus en plus poussé si bien que l’effacement des formes est aujourd’hui quasi-total).
Par ce bestiaire, c’est toute la question de l’identité que Vanessa Fanuele remet en question, car elle met « en péril l’ordre de la nature, en proposant une logique de la tératologie ». Il est possible d’identifier les différents éléments qui composent les chimères de Vanessa. Elle s’inscrit dans une longue tradition car, le monstre composite depuis l’antiquité est « ce qui tranche, attire le regard, provoque l’admiration, l’étonnement, l’émerveillement, l’inquiétude enfin car c’est un avertissement des Dieux » mais toujours symbole d’altérité.
Le travail de Vanessa peut s’apparenter à l’archéologie. Dans cette capacité d’amalgamer des éléments mais surtout de nous les révéler, l’artiste fait ressurgir de sa mémoire les réminiscences d’un passé imaginaire ou non. Les dessins et installations laissent entrapercevoir au travers de peaux ajourées, de coulures et souillures, des bribes d’objets et d’images. Dans son œuvre se joue également les divers états de la mémoire, de celle que l’on perd, de celle que l’on veut oublier mais également de celle que l’on retrouve fragmentée et déformée. »
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Vernissage Mercredi 11 juillet 2012 à 18:00
Les deux artistes, s’expriment à travers des médiums bien distincts, la pratique photographique chez Ezio D’Agostino et le dessin, parfois l’installation, pour Vanessa Fanuele. Tous deux suggèrent des paysages, des territoires, des lieux inexprimables au fond.