Le ciel commence ici
Exposition
Le ciel commence ici
Passé : 18 mars → 30 avril 2016
En 2012, l’exposition Devant un champ obscur dialectisait deux séries : Solo, qui mettait en scène personnages et objets, saisis dans des espaces désertiques géométrisés, et Black Screen, série d’images en négatif d’intérieurs fantomatiques.
Le ciel commence ici se place dans la lignée de Solo mais aussi de La Suite d’Arles, réalisée en 2003 sur des toitures remarquables de la ville d’Arles. En effet, les prises de vue de cette nouvelle série ont lieu également sur des toits. Ils sont divers par leur architecture, leur histoire et les points de vue qu’ils offrent sur le paysage : pour l’instant Deauville, l’Observatoire de Paris, le Château de Saint-Germain-en-Laye, quelques toits autour de l’Opéra de Paris et le Château de Chambord ont été explorés par l’artiste.
Quant au titre Le ciel commence ici, il joue avec celui de la série Où commence le ciel ? (1995-1996), réponse — clin d’oeil à cette question posée il y a vingt ans. Cette position en hauteur, Corinne Mercadier en évoque la fascination, à la fois poétique, jubilatoire et enfantine. Et la “réponse” le ciel commence ici évoque un élément décisif dans la démarche de l’artiste : la recherche d’un point de vue topographique, certes, mais aussi existentiel.
Le ciel revêt une part déterminante dans le travail de la photographe: des constellations, de l’organisation symbolique des inquiétants espaces intersidéraux, elle dit volontiers que ce sont des sujets de rêverie qui nourrissent ses photographies et ses dessins depuis longtemps. Une poétique que l’on pourrait qualifier de bachelardienne : car pour Corinne Mercadier, l’air n’est pas le rien, ni l’invisible, ni l’inexistant. Tout au contraire il est doté de matérialité.
Dans le monde de Corinne Mercadier, des objets sont lancés, des sphères traversent l’espace, des figures géométriques tatouent le sol, tandis que des danseurs bougent, immobiles. Hiératiques et fluides. Dans les objets suspendus en l’air comme dans ceux qui volent en pleine vitesse, se croisent l’instant et la durée: ainsi se joue l’essence même de l’acte photographique. Ces objets sont confectionnés par l’artiste elle-même. Des ballons de plastique peint et des assemblages de balles en polystyrène évoquent des constellations, un icosaèdre en ruban blanc rappelle Dürer et son rapport à la connaissance.
Tous, malgré leur familiarité et leur netteté dans l’image, incarnent un mystère. C’est la construction rigoureuse du projet de mise en scène combinée aux effets du hasard de la prise de vue qui en font des objets célestes. Quant aux modèles, ce sont la plupart du temps des danseurs professionnels. Autre paradoxe : même immobiles, ils dansent. Dès lors, deux temporalités se croisent : celle du corps des danseurs, régie par l’artiste ; et celle des objets, soumise à l’inverse au hasard des lanceurs, des vents ou des modifications de la lumière.
La photographie sera là, existera, et sera gardée, élue, précisément quand sujets, objets, actions et décors permettront à l’ensemble des éléments de se synthétiser en une seule image, absolument nécessaire, comparable à nulle autre — tel l’alignement des planètes. Car le vocable qui revient souvent chez Mercadier est bien celui, filmique, de scènes : il s’agit de construire des scènes qui articulent des architectures, des danseurs et des objets. Non pas une pièce de théâtre, ni une chorégraphie, ni un film à proprement parler : la continuité temporelle ne convient pas à la photographe. Non, ce qu’elle tente de faire, c’est d’essayer de s’approcher à plusieurs d’un lieu inexploré. Ou encore, en d’autres termes: concentrer les efforts de perception pour capter une image que ce lieu pourrait renvoyer. Non pas une vision du monde, une trop emphatique « Weltanschaung », mais plus exactement une forme d’autoportrait de la pensée. Ou, pour le formuler autrement : l’artiste s’attache à définir quelque chose comme un champ magnétique.
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Vernissage Jeudi 17 mars 2016 18:00 → 21:00
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Visite Samedi 30 avril 2016 à 15:00
Visites commentées par l’artiste à 15h et 17h.
17, rue des Filles-du-calvaire
75003 Paris
T. 01 42 74 47 05 — F. 01 42 74 47 06
Horaires
Du mardi au samedi de 11h à 18h30
La galerie est ouverte du 11 au 16 mai aux heures habituelles, puis à partir du 18 mai du jeudi au samedi de 11h à 18h30.