Le département des Arts de l’Islam — Ouverture des nouveaux espaces
Exposition
Le département des Arts de l’Islam
Ouverture des nouveaux espaces
Passé : Vendredi 21 septembre 2012
Préface
Henri Loyrette, président-directeur du musée du Louvre
Vingt ans après le grand chantier de la pyramide, la création du nouveau département des Arts de l’Islam au sein du musée du Louvre représente une étape décisive dans l’histoire architecturale du palais et du musée, un palais en constant devenir et qui porte dans ses gènes, depuis huit siècles, la volonté d’aller de l’avant sans cesse.
Le projet de fonder ce huitième département patrimonial est né d’une constatation que j’avais faite dès mon arrivée au Louvre, en 2001 : notre musée possédait l’une des plus belles collections au monde dans le domaine des arts de l’Islam, mais un dixième seulement des œuvres étaient présentées et, faute de place, nous ne pouvions ni remonter les grands éléments d’architecture, ni déployer notre exceptionnelle collection de tapis. Il était indispensable qu’une civilisation si importante, si intimement liée à l’ensemble des domaines couverts par le Louvre, touchant tant de siècles et de pays, ait enfin droit à des espaces dignes en qualité et en surface.
C’est en 2003 qu’a germé cette belle idée, ce rêve aujourd’hui devenu réalité. Ce rêve, il prend ses racines dans la vocation même du Louvre, conçu dès son origine, au XVIIIe siècle, comme un musée universel, un lieu où, par le truchement des œuvres d’art, les époques et les civilisations dialoguent entre elles. Après le Grand Louvre cher à François Mitterrand, ce chantier est rapidement devenu un projet présidentiel voulu et soutenu par les différents chefs de l’État qui lui ont succédé. Dès le 1er août 2003, le président de la République Jacques Chirac a annoncé la création de ce huitième département patrimonial du Louvre. Le 16 juillet 2008, lors de la pose de la première pierre, le président Nicolas Sarkozy a souligné l’importance de ce projet dans le cadre du dialogue entre les cultures et les peuples. Et c’est sous les auspices du président François Hollande que ce grand projet, à la fois artistique et politique dans le sens le plus noble du terme, voit le jour.
Les œuvres exposées dans ces nouveaux espaces réunissent deux collections : celle issue du Louvre, à laquelle s’ajoute celle, substantielle, de la collection du musée des Arts décoratifs. Ces deux collections réunies couvrent avec éclat l’ensemble du champ culturel de la civilisation islamique, de l’Espagne à l’Inde, et dans toute son envergure chronologique, du VIIe au XIXe siècle.
Une autre caractéristique de ce projet touche à son architecture. Dès le départ, notre parti pris a été de ne pas remodeler des salles existantes, mais de construire de nouveaux espaces. Et de le faire à la fois dans l’esprit des lieux et en nous efforçant de capter ce qui se faisait de plus beau et de plus novateur dans le domaine de l’architecture, ce que le palais du Louvre s’est toujours attaché à faire, à chaque époque, tout au long de son histoire presque millénaire. […]
La collection des Arts de l’Islam
Histoire de la collection
Dès l’origine du Museum central des arts, nom donné au Louvre après la Révolution, quelques objets islamiques issus des collections royales forment le petit noyau de ce qui constitue aujourd’hui la collection du département des Arts de l’Islam. Mais c’est véritablement à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, sous l’impulsion conjointe d’amateurs éclairés et d’historiens, que les acquisitions s’accélèrent. En 1893, un conservateur chargé des « arts musulmans » est nommé au sein du département des Objets d’Art. Paris est alors le point névralgique du commerce d’art et la capitale des études consacrées à l’Orient. Au lendemain des premières expositions consacrées aux Arts de l’Islam à Paris, en 1893 et en 1903, la collection s’est considérablement enrichie dans un contexte d’émulation artistique entre amateurs.
Dans la première moitié du XXe siècle, le Louvre a ainsi acquis des œuvres importantes sur le plan historique, souvent inscrites au nom de souverains, tandis que se constituait à l’Union Centrale des Arts Décoratifs, un ensemble bien différent de pièces à l’esthétique brillante, à la technique et au graphisme novateurs qui servirent souvent de modèles durant cette période d’essor des « arts industriels ». Les deux collections sont ainsi étonnamment complémentaires : le Moyen Âge islamique brille surtout au Louvre, tandis que les arts des grands Empires modernes de l’Islam, du XVIe au XVIIIe siècle, rayonnent au musée des Arts décoratifs. La collection de ce musée compte, en particulier, de nombreux et très beaux textiles (tissus et tapis), si essentiels dans les cultures de l’Islam. Très réputée auprès des amateurs et des spécialistes, elle n’était malheureusement plus exposée depuis de nombreuses années et aucune place n’avait pu lui être dévolue dans le projet du musée rénové et inauguré en 2006.
Au Louvre, s’expose depuis 1905, au pavillon de l’Horloge, une collection encore éparse où dominent les « cuivres arabes » dont le prestigieux bassin dit Baptistère de Saint Louis (Syrie ou Égypte, 1320-1340), mais aussi des objets de verre émaillé, de la céramique et des « bois arabes ». Bientôt, la salle du Dôme se trouve dominée de toute sa hauteur par un grand tapis persan, dit Tapis de la collégiale de Mantes, que le musée acquiert en 1912, et qui sera accroché au mur tel un grand tableau. Jusqu’en 1914, la salle changera au gré de l’ajout de nouvelles pièces, issues la plupart du temps de dons. Les collections dites « d’art musulman » bénéficient, à la veille de la guerre, d’une donation importante faite par la baronne Alphonse Delort de Gléon en mémoire de son mari. La Première Guerre mondiale diffère cependant la réalisation d’un projet de réaménagement pour sa présentation, et ce n’est qu’en 1922 que de nouvelles salles, agrandies, sont ouvertes dans le pavillon de l’Horloge. Mais l’entre-deux-guerres et l’ère de la décolonisation éloignent peu à peu le regard de cette culture et de sa langue fondatrice, l’arabe. Les collections trouvent alors refuge dans la Chapelle. L’espace y est beaucoup plus petit et la sélection d’œuvres exposées plus limitée.
En 1987, la collection n’est que très partiellement exposée dans le département des Antiquités orientales. En 1993, sont ouvertes de nouvelles salles dans le cadre du Grand Louvre, sur près de 800 m2. Cet espace permet un premier déploiement important des collections, dans une présentation chronologique, mais reste exigu au regard de la richesse des collections. En 2001, Henri Loyrette, président-directeur du Louvre, animé d’une forte volonté d’offrir à ces collections la place qu’elles méritent, engage un ambitieux projet qui intègre la redécouverte d’une autre collection, voisine et oubliée, celle du musée des Arts Décoratifs. En 2003, suivant la volonté du Président de la République Jacques Chirac, un 8e département dédié aux Arts de l’Islam est créé au Louvre. Il s’appuie sur la collection du musée, riche de quelques 15 000 pièces, et complétée par l’important dépôt de 3 400 œuvres du musée des Arts Décoratifs. Ces ensembles exceptionnels comptent de véritables chefs-d’œuvre qui couvrent avec éclat le champ culturel du monde de l’Islam dans toute son ampleur géographique, de l’Espagne jusqu’à l’Inde, et chronologique, du VIIe au XIXe siècle. Le département continue, en outre, à enrichir ses collections par achat ou par don. Le musée du Louvre possède aujourd’hui l’une des collections les plus riches et les plus belles du monde dans le domaine des Arts de l’Islam.
Près de 3 000 œuvres de cette collection des Arts de l’Islam sont aujourd’hui présentées dans les nouveaux espaces de la cour Visconti.
Horaires
Tous les jours sauf le mardi de 9h à 18h
Nocturne les mercredis, les vendredis jusqu’à 21h30
Lundi, jeudi, samedi, dimanche : fermeture des salles à partir de 17h30
Tarifs
Plein tarif 22 €
D’octobre à mars : le premier dimanche de chaque mois, l’accès aux collections permanentes est gratuit pour tous.