Le Paradis Accidentel
Exposition
Le Paradis Accidentel
Passé : 19 mai → 11 juillet 2015
Une exposition personnelle de Hayoun Kwon
Hayoun Kwon est une artiste qui utilise plusieurs médias (photographie, vidéo, maquette, son…) et elle expérimente des techniques de pointe comme les casques réalité virtuelle.
Autour d’une thématique récurrente, celle de la frontière qui sépare les deux Corées, elle développe une réflexion personnelle, sensible, mémorielle, qui se distingue nettement du champ géopolitique.
Aujourd’hui dans la zone qu’on appelle D.M.Z, on compte 2.4 mines par mètre carré. La durée nécessaire que prendrait le déminage du no man’s land qui sépare les deux Corées, est aussi le point de départ de l’œuvre centrale de l’exposition : 489 years
Par ce titre, nous entrons dans un univers d’irréalité où l’imaginaire est immédiatement convoqué. C’est cet espace mental qu’Hayoun Kwon travaille, met en scène et reconstruit. Dans cette zone qui est le produit d’une folie humaine, un monde de fiction surgit : c’est un espace à jamais inhabitable où la nature a fini par reprendre ses droits. Les mines sont aujourd’hui, près de 60 ans plus tard, recouvertes de végétation et les animaux sauvages ont envahi l’espace. Les militaires qui y manœuvrent sont exposés à des risques militaires mais aussi naturels du coup. Dans le récit du militaire que l’artiste a recueilli, est évoquée une anecdote qui mêle effroi et poésie. Ce récit, en regard de 489 years Hayoun Kwon le matérialise par des sculptures, un récit sonore et des images numériques. C’est la mémoire sensible et subjective qui l’intéresse. Toute son exposition est une quête poétique du sentiment d’humanité dans cet espace déshumanisé.
Dans le témoignage Le train fantôme diffusé au sous-sol, on découvre l’anecdote d’un journaliste français qui s’est rendu en Corée dans les années 50. Il raconte qu’à la gare de Séoul, il a trouvé un ticket de train qui permettait encore de faire le trajet de la capitale de la Corée du Sud à Paris, en passant par l’Asie mineure et l’Union Soviétique. Ce trajet qui parait maintenant totalement fantastique évoque avec nostalgie un monde sans frontières.
Diplômée de l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Nantes et du Fresnoy, studio national des arts contemporains, Hayoun Kwon a trouvé dans les nouvelles technologies et le cinéma expérimental les moyens de rendre compte de la dimension intime de cette séparation des Corées. Intimité de ceux qui la vivent au quotidien et dont la parole se trouve couverte par les discours idéologiques et politiques. Intimité aussi de l’artiste qui, par son éloignement, a senti l’importance de cette histoire dans la construction d’elle-même. Le détour par la création artistique est alors le moyen de développer des fictions et des imaginaires qui font miroir à celui, mortifère, qui a présidé à la séparation des Corées et qui continue dans cet espace qu’est la DMZ. Le Paradis Accidentel n’est pas seulement une ironie, c’est aussi la description poétique d’une fiction où se mêlent la folie meurtrière des hommes et une nature sauvage qui finit par reprendre ses droits pour recréer une sorte d’abondance originelle.
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Vernissage Mardi 19 mai 2015 18:00 → 21:00
Horaires
Du mardi au samedi de 14h à 19h
Et sur rendez-vous