Le Paradoxe de l’iceberg
Exposition
Le Paradoxe de l’iceberg
Passé : 11 mars → 22 juillet 2018
Commissaire de l’exposition : Keren Detton
Œuvres de la collection du Frac Grand Large — Hauts-de-France
L’exposition Le Paradoxe de l’iceberg présentée au château du Parc culturel de Rentilly réunit des œuvres de la collection du Frac Grand Large — Hauts-de-France qui utilisent des matières brutes soumises à des altérations chimiques ou physiques. Ces matières sont choisies pour leurs propriétés plastiques mais aussi leurs charges énergétiques ou symboliques. Dans l’exposition, les signes et les traces se conjuguent. Celles de la recherche d’un langage plastique en quête de ses propres limites, physique et métaphysique. Les artistes partagent leurs doutes sur ce qui est et ce qui pourrait advenir. De la chimie des éléments aux représentations cosmiques, nombreuses sont les œuvres de la collection du Frac Grand Large à mêler des tentatives littérales et poétiques pour trouver un envers, creuser la surface et saisir l’insaisissable. La matière n’est jamais celle que l’on croit.
L’exposition s’inspire du travail de Christine Deknuydt (1967-2000). Alors qu’en 2018 le Frac Grand Large reçoit une donation de ses œuvres, Le Plateau choisi de porter un éclairage spécifique sur sa pratique. Durant sa brève carrière, cette artiste originaire du Nord a posé les jalons d’une recherche graphique et picturale particulièrement ramifiée, ouverte aux effets inattendus des mots et des matières. Comme dans un laboratoire de chimie, l’artiste mélange des composants dont elle teste les effets sur des supports récupérés. Parallèlement, elle met en place un vocabulaire de figures ambiguës parfois accompagnées de commentaires lapidaires. Souvent diluées et brouillées par le traitement qui leur est réservé, les formes se répètent inlassablement mais de manière toujours différente. Christine Deknuydt accentue ainsi la porosité entre les sujets, les textes et les textures.
L’une de ses aquarelles en lavis bleu éclatant a donné son titre à l’exposition : « Le paradoxe de l’iceberg ». Elle est constituée de deux lignes de crêtes inversées en miroir. La forme de l’iceberg, qui revient souvent dans son travail, reporte l’attention sur ce qui est caché. En effet, sa partie émergée ne constitue qu’une petite portion, à peine 10% du volume total. Cette forme invite ainsi à considérer d’autres dimensions de l’espace, par-delà le visible. Par ailleurs, l’iceberg évoque aussi le phénomène du réchauffement climatique et la disparition progressive de la banquise. Représenter l’iceberg, ne serait-ce pas alors saisir le temps et les aléas de la transformation ?
Réunissant vingt-cinq artistes internationaux, l’exposition se précise en projetant un compagnonnage imaginaire de Christine Deknuydt avec différents explorateurs du monde sensible. Un choix des œuvres proches du minimalisme (Carl Andre, Peter Joseph, Hans Haacke) s’est porté sur celles où la rigueur formelle s’offre à la merci des éléments : bois, pigments, souffle. Elles font écho aux expérimentations initiées par l’Arte povera sur les états de la matière (Pier Paolo Calzolari, Gilberto Zorio, Nina Canell) et les matériaux conducteurs d’énergie (Micol Assaël).
Certains artistes cherchent à capturer l’intensité de l’instant (Dennis Oppenheim, Lisa Oppenheim, Evariste Richer). D’autres privilégient le mouvement et la fluidité. Leurs œuvres semblent alors contenir l’annonce d’un devenir (Nicolas Deshayes, Emmanuel Pereire). Joseph Beuys, Jean-Sylvain Bieth, Jannis Kounellis et Gloria Friedmann mettent en rapport la présentation des matériaux et la représentation symbolique.
Proche de Robert Filliou qui promeut l’équivalence entre le bien fait, mal fait, pas fait, Christine Deknuydt se retrouve « dans le temps étendu de la Création » et expérimente le dépassement des contradictions. Ainsi, les huiles et les matières toxiques qui enrichissent sa palette sont également celles qui attaquent leurs supports et les mettent en péril. Les artistes John Armleder, Matias Faldbakken, Jacques Villeglé, Franz West questionnent la valeur des œuvres elles-mêmes en utilisant également des restes ou des matériaux vulgaires. Robert Barry fait du langage sa matière première. Quant à Jean-Luc Verna et Julien Creuzet, ils évoquent au cœur des matières des histoires du corps et de sa condition sociale et politique.
Beaucoup d’artistes contemporains revendiquent aujourd’hui leur filiation avec des mouvements artistiques des années 1960-70 : Arte povera, Land art, Art minimal, Nouveau Réalisme ou encore Fluxus, chacun concerné différemment par la matérialité de l’art. L’exposition Le Paradoxe de l’iceberg entend mêler les générations et montrer différentes relations à la matière nourries d’approches historiques, scientifiques, littéraires ou spirituelles. Sollicité dans un rapport direct, visuel et sensible, le visiteur est invité à exercer son regard, entre détachement et spéculation, et à faire varier son interprétation.
frac île-de-france, le château Parc culturel de Rentilly — Michel Chartier Domaine de Rentilly 1 rue de l’Etang 77600 Bussy-Saint-Martin fraciledefrance.com / parcculturelrentilly.fr
Entrée libre Mer. & Sam. 14h30 — 17h30 Dim. 10h30 — 13h, 14h30 — 17h30
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Vernissage Dimanche 11 mars 2018 15:00 → 17:30
Vernissage ouvert à tous.
Navette gratuite à partir de la place du Châtelet, départ 14h (Réservation obligatoire : reservation@fraciledefrance.com).
Horaires
Les mercredis, les samedis de 14h à 18h
Les dimanches de midi à 18h
Les artistes
- Jacques Villeglé
- Julien Creuzet
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John Armleder
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Evariste Richer
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Franz West
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Carl André
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Matias Faldbakken
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Dennis Oppenheim
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Jean-Luc Verna
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Joseph Beuys