Lee Jin Woo — La lumière par le vent
Exposition
Lee Jin Woo
La lumière par le vent
Passé : 25 janvier → 15 mars 2014
Le vent a balayé les obstacles, les bruits. Le ciel se dégage. Vient le grand calme, une nouvelle lumière.
Concrète et symbolique, figurative et abstraite, l’œuvre de Lee Jin Woo est multiple. L’apparente simplicité résulte d’une exploitation sophistiquée de la lumière, du relief, de la matière, du « vide » et du « plein ». De la pureté des formes et des couleurs, de l’économie de moyens se dégagent une sérénité, une lenteur, une intensité… C’est un travail en dehors du temps et de l’espace.
Lee Jin Woo — L’œuvre
La démarche de l’artiste, calme et silencieux, se tient à l’écart du monde contemporain des plasticiens qui réinventent régulièrement leur processus artistique. Car le projet obstiné de Lee Jin Woo s’étale sur toute une vie. Sa manière de travailler est toujours la même : il superpose des couches et des couches de Hanji1, ce papier traditionnel coréen, emprisonne entre chaque feuille des dessins à l’encre de Chine, des pigments naturels et du charbon de bois, plus ou moins grossièrement pilé. L’œuvre finale se situe entre le tableau et la sculpture, hors classification. Les dessins, les formes et les couleurs enfouis dans les strates du papier ne se laissent entrevoir qu’en transparence. Le fruit du long travail de l’artiste ne se révèle jamais complètement, clairement. « Il se cache avec humilité ; comme toujours en Corée » dit-il.
Les œuvres de Lee Jin-Woo n’en sont pas moins puissantes : elles semblent radicalement dépouillées au premier abord, souvent définitivement abstraites. L’observation attentive décèle cependant une nuance, une forme humaine ou végétale sous le papier, un aplat noir en réalité composé d’une superposition de dessins… si ce n’est la révélation soudaine d’un paysage. Le « vide » n’est qu’apparent et ces « tableaux » sont intensément pleins et vivants.
La lumière par le vent
La précédente exposition de Lee Jin Woo à la Galerie Maria Lund s’intitulait Mur. L’horizon des œuvres était bouché par d’immenses amas de charbon de bois, occultant en partie les strates de papiers sous lesquels bruissaient les heures de travail, de dessin, les mélanges de pigments et de poussières. Sur certaines œuvres une belle herbe verte poussait, la nature était en action dans l’œuvre. Ici, l’horizon s’est ouvert. L’obstacle du mur a cédé la place au vent qui remue, détruit, transporte pour laisser une scène nouvelle.
La lumière par le vent présente la diversité des explorations de l’artiste, qui se restreint toujours à quelques matériaux — rappelant les principes presque dogmatiques de l’Arte Povera. La violence du charbon noir, grossièrement pilé, énergiquement frotté, strié, amalgamé sur l’ensemble de certaines œuvres s’oppose à la douceur des immenses compositions à l’encre de Chine, faits de superpositions de dessins de végétaux. La lumière par le vent est un titre qui sonne comme un poème, comme un indice, une nouvelle source d’interprétation pour cet univers méditatif. Les espaces parcourus de stries de nombreux papiers deviennent de vastes landes où l’herbe ploie sous le poids du vent ; les monochromes mutent en cieux nuageux où le soleil perce un instant. Quelques œuvres, dominées par un grand cercle tourbillonnant d’îlots aux couleurs vives laissent songeur : catalyseurs du mouvement, image mentale, rappel du Ohaeng, les 5 éléments fondamentaux coréens (Bois, Feu, Terre, Métal et Eau) ? Ou peut-être simple proposition de matière lumineuse et dynamique dans un espace sans nom ni appartenance.
L’œuvre de Lee Jin Woo conjugue la culture coréenne dont il reste profondément empreint et sa connaissance de celle de l’Occident. Outre les matériaux, tous naturels, il accorde une grande importance aux techniques traditionnelles coréennes — la calligraphie notamment — qui nourrissent sa démarche et lui imposent discipline et rigueur. Mais, plus que tout, cet héritage marque l’œuvre de Lee Jin-Woo d’un certain état d’esprit : une façon d’aborder le monde qui échappe légèrement au spectateur occidental, et qui pourtant le fascine. Une vision holistique du monde et de l’art, une autre perception de la culture et de la nature, sans rupture profonde. L’homme s’inscrit dans l’ordre du monde, s’y pose et disparaît.
1 Hanji : signifie « papier coréen ». Un papier à la tonalité ivoire, fin, opaque et résistant fait à partir des fibres du murier.
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Vernissage Samedi 25 janvier 2014 20:00 → 17:00
Horaires
Du mardi au samedi de midi à 19h
Et sur rendez-vous
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