Lily Hibberd — Les Aimants
Exposition
Lily Hibberd
Les Aimants
Passé : 10 janvier → 9 mars 2013
L’exposition « Les Aimants » retrace l’évolution du sens du désir chez l’enfant.
Les photographies utilisées pour les différentes pièces exposées sont des portraits de l’artiste réalisés entre l’âge de deux à treize ans qui lui évoquent des souvenirs liés à son éveil sexuel.
Pour sa deuxième exposition personnelle à la galerie de Roussan, Lily Hibberd présente trois séries de 21 pièces et une installation.
Pour la première série, elle a choisi de graver ces portraits d’enfance sur 21 pierres magnétiques. La deuxième reprend ces mêmes portraits que l’artiste photographie en les plaçant sur son corps. Enfin au sous-sol de la galerie, « Mémoires Laminées » est une série sur papier calque où l’artiste juxtapose cette mise en abîme et le dos des épreuves photographiques. L’installation avec aimants illustre avec poésie la force latente des pierres magnétiques.
En réalisant ces différentes pièces Lily Hibberd a découvert son histoire métaphorique ; en effet ces photographies demeurent une trace matérielle de ses souvenirs, mais illustrent aussi l’éveil du désir humain et de sa force. Il ne s’agit donc pas seulement du lien entre l’électromagnétisme et la photographie, mais de la substance médiatrice du désir, dans sa double configuration, dont la mémoire, l’amour, la perte, la langue, la représentation et la subjectivité font partie.
Que ce soient le revers des images (restes de colle, dates…), les deux pôles opposés (positif — négatif) des aimants ou la relation entre le photographe et le modèle, les différentes pièces révèlent la dualité du temps et du désir.
Dans cette série, elle essaye de retrouver son « moi profond » à travers la naissance de son propre désir. Parallèlement à cette introspection théorique, elle a souhaité mettre en pratique cette « avant-conscience » de sa sexualité en reproduisant ces photographies sur des pierres magnétiques qui sont elles-mêmes la base du procédé de reproduction en photographie.
Dans Burning With Desire: The Conception of Photography 1 , le chercheur Geoffrey Batchen relie l’invention de l’aimant et la terminologie comme « positif » et « négatif », en précisant que « la métaphore de l’électro-aimant a joué un rôle crucial à la fois dans le développement d’une vision du monde romantique et la conception de la photographie même ».
Roland Barthes déclare même : « ce n’est pas ce que nous voyons … la photographie créé une image mutuelle, un objet laminé … dont deux feuilles ne peuvent pas être séparées sans se détruire mutuellement : la vitre et le paysage, et pourquoi pas : le Bien et le Mal, le désir et son objet… » 2 En mettant en scène ces différentes techniques, Lily Hibberd cherche avant tout à interroger mémoire, technicité et passion. En explorant la relation entre ces images figées et son passé, l’artiste s’est rendu compte de l’intemporalité et de l’infinité de son propre désir.
« La seule consolation que je peux trouver, est que nous partageons une réalité intolérable dans l’affirmation de notre folie, la folie d’être en dehors de la logique du cadre de l’appareil photo. Quand je regarde en arrière cet appareil photo posé sur mon lit, je vois mon erreur. J’ai mis en place la machine du désir, prenant sa matérialisation miraculeuse pour quelqu’un qui pourrait m’aimer. En fin de compte, je comprends que ma mémoire laminée ne ressemble pas à la jeune fille, car elle est juste l’image d’une enfant que je ne reconnais pas. »
Lily Hibberd
1 Geoffrey Batchen, Burning With Desire: The Conception of Photography. MIT Press, 1997 : 152.
2 Roland Barthes, La Chambre Claire : Note sur la photographie, Cahiers du cinéma/Gallimard/ Seuil,1980
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Vernissage Jeudi 10 janvier 2013 17:00 → 21:00
Horaires
Du mardi au samedi de 14h à 19h
Et sur rendez-vous
L’artiste
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Lily Hibberd