Matali Crasset — Voyage en Uchronie
Exposition
Matali Crasset
Voyage en Uchronie
Passé : 7 juin → 20 juillet 2013
Représentant le travail de Matali Crasset depuis 2007 la Galerie Thaddaeus Ropac accueille le projet Voyage en Uchronie dans sa galerie à Pantin.
« Je considère l’exposition comme un espace d’introspection. Il m’intéresse de présenter des éléments d’une pensée en mouvement, en cheminement, à travers des formalisations éloignées de ma pratique dans le cadre de l’objet “exposition”. J’interroge autant ma pratique que je questionne le design dans ses retranchements, en le pensant comme une activité autonome, détachée de tout postulat. Penser, proposer des hypothèses est ce qui m’anime dans ce cadre. »
Matali Crasset
Faisant suite à la présentation du blobterre au Centre Pompidou en 2012, Voyage en Uchronie, cinquième exposition de Matali Crasset à la galerie Thaddaeus Ropac, poursuit cette réflexion autour d’univers expérimentaux. Elle évoque les déplacements de ce groupe dans une colline noire, qui est le lieu de mémoire. Cette montagne magique, lieu d’introspection, nous propose de mettre en perspective nos projets de vie.
La question de l’utopie est récurrente dans le travail de matali crasset : elle renvoie à son attachement pour les pensées sociales — influencées par Claude Nicolas Ledoux, Charles Fourrier, Jane Addams. Son inscription sociale tant intime — vivre à Belleville — que professionnelle, participe de son intérêt à répondre à des commandes publiques pour réinterroger l’espace public — de la commande de la maison des Petits pour le Centquatre à celles des maisons sylvestres pour le Vent des Forêts, posant le design comme un espace du vivre ensemble. Il s’agit dès lors d’envisager le design comme l’espace de la reconquête d’une pensée sociale, où l’expérience est au cœur de la vie même.
A propos de l’Uchronie
En 1936, Régis Messac, dans sa revue des Primaires donne de l’uchronie cette définition :
« Terre inconnue, située à côté ou en dehors du temps, découverte par le philosophe Renouvier, et où sont relégués, comme les vieilles lunes, les événements qui auraient pu arriver, mais ne sont pas arrivés. »
Le mot est inventé par Charles Renouvier qui s’en sert pour intituler son livre Uchronie, l’utopie dans l’histoire, publié pour la première fois en 1876.
L’uchronie est donc un néologisme du XIXe siècle fondé sur le modèle d’utopie, crée en 1516 par Thomas More pour servir de titre à son célèbre livre, Utopia, avec un « u » privatif, accompagné de chronos (le Temps) à la place de topos (le Lieu). Etymologiquement, le mot désigne donc un non-temps, un temps qui n’existe pas.
Voyage en Uchronie : Mode d’emploi
Voyage en uchronie réunit un ensemble de mobilier, les Permanents, qui évoquent un groupe d’humains et leurs rites — et un film Voyage en uchronie, salvatico è colui che si salva réalisé par Matali Crasset et Juli Susin. Les Permanents sont réalisés à partir d’une forme unique, qui vient entourer le corps et l’accompagner dans ses différentes activités. Pliée en deux, elle se structure autour de la colonne vertébrale. Le module enveloppe partiellement le corps en action debout, assis ou allongé. La forme pliée génère une protection de la tête. La couleur grise à l’extérieur accentue le côté protecteur, l’intérieur est au contraire coloré en orange, comme au contact de la chaleur humaine.
Ce sont des structures dans leur plus simple expression, au plus proche de l’humain.
On reconnaît dans ce dispositif qui évoque une vie primitive : une chaise, une lampe, un diffuseur de son, un support pour s’allonger, un support pour penser, se concentrer, un support pour se rencontrer, composé de plusieurs Permanents.
Le film Voyage en uchronie, salvatico è colui che si salva édité par Royal Book Lodge emprunte son sous-titre à Léonard de Vinci : c’est un film de genre qui rend compte de cette épopée en uchronie ou de ce songe.
L’artiste
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Matali Crasset