Matthias Bitzer et Barbara Kasten

Exposition

Dessin

Matthias Bitzer et Barbara Kasten

Passé : 6 mai → 22 juin 2010

Matthias Bitzer

Dans son travail, l’artiste berlinois (né en 1975) combine dessin, peinture et sculpture convertissant le tout en un espace sensible sur l’histoire et l’identité. La construction de la mémoire et la reconstruction de la réalité se trouvent au cœur de ses ensembles d’œuvres de plus en plus complexes au fil des ans. La source d’inspiration de ses œuvres, qui est aussi leur espace de projection, repose sur des personnalités historiques souvent tombées dans la marginalité. Dans ses installations, composées avec une grande précision dramaturgique, Bitzer crée des portraits hétérogènes qui reflètent la complexité et le caractère insaisissable de l’identité humaine. L’artiste s’intéresse non pas à une représentation objective globale, mais à une approche profondément personnelle. Bitzer choisit certains fragments et différentes facettes qu’il densifie en les insérant dans un espace expérimental sensuel et suggestif. De la combinaison de ces éléments disparates naît un réseau de traces et de renvois qui prolonge, de façon à la fois laconique et ambivalente, l’espace narratif dans l’esprit du spectateur. Dans ses installations spatiales, Bitzer parvient à interroger la zone limitrophe entre dessin, peinture et sculpture aussi souverainement que celle qui existe entre figuration et abstraction.

Bitzer consacre son dernier cycle d’œuvres à l’un des hommes de lettres les plus fascinants de la première moitié du XXe siècle, le Portugais Fernando Pessoa. Celui-ci a créé de nombreux auteurs fictifs appelés hétéronymes qui se sont exprimés, selon leur socialisation respective, dans des styles d’écriture très dissemblables les uns des autres. Bitzer utilise l’écrivain et poète comme une parenthèse thématique dont certaines œuvres cherchent sans cesse à s’extraire. Dans une série de dessins à la mine de plomb, des portraits et des scènes tirés du contexte personnel de l’écrivain se greffent sur des motifs géométriques en plein format d’une complexité grandissante. Derrière le canevas de surfaces clairement définies, proches de l’Op-Art dans leur qualité, l’image figurative se dissocie en fragments kaléidoscopiques. Grâce à la création de formes et à leur destruction, à la soustraction et à l’addition, surgissent des figures qui basculent entre abstraction et figuration et déploient subtilement cette consistance ambivalente. La dissolution de la figuration culmine dans une série de sculptures dont les courbes et les spirales se détachent véritablement de tout concept de représentation. Cette approche subjective, qui est densifiée de façon atmosphérique, associée à la disparition des repères concrets, répond au caractère insaisissable de Pessoa, sans doute davantage encore que certaines représentations documentaires. Tandis que la sculpture métallique d’une composition rigoureusement géométrique est nourrie de références à Pessoa à travers des fragments de textes, les sculptures amorphes en fil de fer renvoient aux formations en volutes d’une peinture de grand format. Matthias Bitzer réussit ainsi à proposer un débat circulaire qui se développe en continu à l’intersection entre présence et absence, communication et refus, précision et ambiguïté.

Ute Stuffer

A l’étage — Barbara Kasten

La galerie Almine Rech a le plaisir d’annoncer la première exposition personnelle de Barbara Kasten en France depuis vingt ans, « abstracting… light ». Dans cette exposition, Barbara Kasten développe un thème qui lui est propre et qui traverse sa pratique depuis les années 1970: l’interaction entre lumière et forme. L’exposition présentera des tirages récents, des Polaroids des années 1980-81 ainsi que des photographies peintes datant de 1979. L’exposition mettra en avant les liens et les filiations entre les différentes périodes de son travail.

« abstracting…light »

L’impact d’une lumière frappant une surface est distincte de l’enregistrement de la même lumière par l’objectif d’un appareil photo. Une vision unique se produit au travers du prisme optique, qu’il est possible de saisir et même d’imprimer, alors qu’elle est invisible à l’œil nu. Tandis que je dirigeais la lumière sur différentes parties de plans transparents et que je l’étudiais derrière ma chambre photographique, sont apparues des abrasions multicolores qui activaient la surface. Les griffures sur une surface transparente invisible en photo apparaissent comme des champs de couleur dessinés. La perception d’une «chose», une réalité enregistrable de la représentation, est à la base du processus photographique. Dans les séries Incidence, le rendu de la lumière devient une interprétation abstraite de la surface et de la forme. Toutefois, je n’envisage pas la construction de la photographie en termes d’abstraction mais en tant qu’événement. De nombreuses notions abstraites sont convoquées alors que nous visualisons cet enregistrement unique de matérialité. La synthèse entre la forme abstraite et notre imagination est un moyen de voir le processus d’illumination. Ce phénomène est le sujet de mon nouveau travail et de l’exposition « abstracting… light ».

Barbara Kasten
03 Le Marais Zoom in 03 Le Marais Zoom out

64, rue de Turenne

75003 Paris

T. 01 45 83 71 90 — F. 01 45 70 91 30

Site officiel

Saint-Sébastien – Froissart

Horaires

Du mardi au samedi de 11h à 19h

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L’artiste

  • Matthias Bitzer