Mémoire de l’Oubli — Carte blanche à Kader Attia

Exposition

Installations, sculpture, techniques mixtes, vidéo

Mémoire de l’Oubli
Carte blanche à Kader Attia

Passé : 15 octobre 2018 → 31 août 2019

La fondation d’entreprise Francès accueille l’artiste français Kader Attia, lauréat du Prix Marcel Duchamp (2016) représenté par la Galleria Continua partenaire de cette exposition, intitulée « Mémoire de l’Oubli ».

Les espaces de la Fondation sont confiés sous la forme d’une carte blanche à l’artiste afin d’y apporter une nouvelle réflexion dans ce lieu de passation de la création, puisque chaque année, un nouvel artiste investit les lieux.

Pour « Mémoire de l’Oubli », Kader Attia aborde les thématiques de la mémoire, de la réparation et de l’effacement. Il puise dans les archives de l’histoire, les failles de l’humanité et ses récits personnels. Il extrait et révèle les traumatismes pour ensuite les valoriser et les réparer. Une définition réfléchie de la réparation dans une société obsédée par l’effacement, celui d’une cicatrice, d’une ride, d’un trauma ou d’un conflit et qui équivaut à nier l’existence de ces traces faisant la singularité même de notre humanité. Autour de ce discours, Kader Attia brandit une arme majeure pour panser les plaies : la «   connaissance   », de l’histoire et du monde, pour une altérité substantielle. En somme, une œuvre profondément sociale.

Convoquant son vécu et sa culture orientale, il traite du déracinement et de la perte d’identité dont le déni et le traumatisme sont parmi les conséquences directes de ces épreuves. Les notions de culture et de connaissance apparaissent alors comme des réponses, des actes de résistance.

La mémoire entre en jeu, elle est au cœur du travail de l’artiste. Scrutée et analysée par celui-ci, elle fascine par ses nombreuses capacités, dont celle d’oublier certains traumas, puis de les faire réapparaitre. Les blessures physiques ou psychiques ne sont jamais totalement effacées et les nier seraient dramatiques, d’autant plus qu’elles se révèlent dans la mise en place d’un processus de transmission.

L’exposition présente des œuvres de la collection Francès, Alpha Beta (2009), un alphabet arabe créé en acier tranchant, une œuvre où la connaissance rencontre la violence, des armes contre l’ignorance. Et Syrian Shells (2015), quatre douilles de bombes compressées issues du conflit syrien. La violence de leur déformation allant de pair avec leur fonction destructrice, elles deviennent les traces et la mémoire d’un conflit, encore en place actuellement, et appellent au débat.

Une installation inédite nommée « Mémoire de l’Oubli » conçue in situ est proposée par l’artiste. Plongé totalement dans le noir, le regardeur est confronté à la réclusion, mais son attention devrait lui permettre de déceler les possibilités d’une échappatoire. Regarder devient alors une nécessité, une survie. Une expérience unique pour s’immerger dans les méandres de la mémoire.

Enfin, sera diffusée la vidéo présentée pour le Prix Marcel Duchamp, Réfléchir la Mémoire, où il est question de la mémoire corporelle et du vide. Comment la mémoire met en place des mécanismes pour palier au manque, qui peuvent aussi s’avérer destructeurs.

Kader Attia tient un discours cicatriciel sur la vie et ce qu’elle engendre. Comme des miroirs, ses œuvres réfléchissent nos craintes et nos blessures mais nous font entrevoir la possibilité d’un salut.