Mike MacKeldey — La manie d’abruti
Exposition
Mike MacKeldey
La manie d’abruti
Passé : 8 janvier → 21 février 2015
Né en 1973 à Francfort-sur-le-Main, MacKeldey renouvelle avec audace le genre de la peinture de portraits. Loin de vouloir produire des œuvres au rendu lisse ou idéalisé, il bouscule la tradition à l’aide de gestes picturaux et de recherches toutes en matière. Multipliant les interventions sur la toile, il vient brosser, altérer sa première image de facture réaliste avant d’y superposer plusieurs écritures, brusques et immédiates, évoquant tour à tour dessins d’enfants ou graffitis. Ce jeu de contrastes, qui constitue sa marque de fabrique, semble traduire une prise de distance avec la peinture-même et offre de multiples pistes de lecture au spectateur.
«…Il y a le balayage latéral de la surface, qui peigne littéralement la peinture, » écrit Marc Molk1, au sujet du travail de Mike MacKeldey. « Une peinture transformée en chevelure auburn étalée sur un lit, cheveux après cheveux, parfaitement. Ainsi on est envahi par une sensation de grande douceur, de grande délicatesse, mais une sensation inquiète, puisque tous ces cheveux ne sont plus sur leur tête. En travers de ces stries, qui forment comme les millions de sillons d’un disque vinyle rectangulaire, il y a des gravures nerveuses, folles, faites dans le gras de l’huile brossée, jusqu’au cru de la toile, par la main d’un maniaque sans doute. Il y a aussi, a contrario, de la pâte étalée grassement, grossièrement, graphiquement, par-dessus (dans) la moire précieuse, primitive. Ce contraste entre élégance et malpropreté fonctionne à plein, il est saisissant. (…) Il y a de l’écriture, beaucoup d’écriture. D’abord l’écriture gravée, l’écriture à la clé sur la carrosserie du tableau. L’écriture méchante, envieuse, l’écriture de l’ouvrier éreinté qui traîne sur les grands boulevards et raye une vague rageuse sur le flan d’une Lamborghini magnifique, mal garée, insupportable. Puis il y a l’écriture enfantine, l’écriture en bâton, l’écriture crémeuse qui salit mais qui soigne. L’écriture Nivea et son long charabia attendrissant. (…)
Peinture punk.
« Genre toi ma petite fille, tu vas arrêter de faire ta petite mijaurée vite fait ! Je vais t’arranger ton air d’éternelle première de la classe ! Genre surtout j’ai commencé par peindre un beau tableau, séduisant, un peu à la Richter, mais moi mon gars, je ne m’arrête pas là ! Et même si je pourrais facilement déclencher les « woua c’est beau ! » de la bourgeoisie, je vous dis merde, merde à toi et aux autres ! Et le beau gentil tableau, je le vandalise. Parce que voilà, je ne veux pas jouer de la lyre apollinienne pour tonton et tata ! Ce que je veux que tu contemples, c’est le merveilleux d’un massacre à la tronçonneuse ! Je te redescends de force dans les stations crades du métro, des arrondissements de l’Est, dans les toilettes de la boîte anglaise où la porte est saccagée d’insultes de toxicos et de numéros de portables que personne n’appelle. Je t’enferme dans une armoire d’enfance abusée, d’enfant terrorisé, et tu n’as pas le choix…
Alors regardez, regardez ce tableau et à travers ce tableau le tableau sous le tableau, et à travers ce second tableau, remarquez dans les yeux de la jeune fille le reproche, le jugement. Derrière son regard, devinez qui elle regarde ? Oui, c’est vous qu’elle regarde. Tremblez maintenant. »
Artiste invitée : Ellen DeElaine
1 Marc Molk est l’auteur de l’ouvrage « Plein la vue (la peinture regardée autrement) », éditions Wildproject, 2014.
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Vernissage Jeudi 8 janvier 2015 18:00 → 21:00
Horaires
Du mardi au jeudi de 14h à 19h
Les vendredis et samedis de 11h à 19h
Les artistes
- Mike Mackeldey
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Ellen De Elaine