No Family Life
Exposition
No Family Life
Passé : 11 février → 19 mars 2011
Vivre une vie à 7500 euros le mètre carré ou à 1800 euro par mois de loyer c’est possible. L’air de Paris se vend au mètre cube mais ce n’est pas un effet de la ségrégation, ce n’est pas une forme d’exclusion, c’est juste que la terre sur laquelle nous marchons a changé de valeur et nos vies avec elle. Nous n’avions rien demandé, pourtant avons reçu les expulsions et les démolitions des bâtiments qui encore gardaient nos traces, et notre odeur, nous avions construit dans les lieux que personne n’habitait des espaces pour être ensemble et ils ont été rasés. Des espaces sans prix pendant quelques années, pour toutes les personnes qui s’y sentaient invitées, ça paraît peu mais c’est inestimable. Parce qu’on avait terriblement besoin de vivre loin des sols en parquet et tomettes d’origine, des cheminées avec miroirs et moulures, des vues dégagées ou des fenêtres sur verdure.
On se rappelle que notre première maison est notre corps et que ses habitants sont nos pensées et nos amours. On se souvient que la vie n’a pas de prix et que les lieux où elle prend place ne doivent pas en avoir non plus. Que les rues et les immeubles sont là parce qu’il font partie d’un monde où il y a l’argent, mais il y a aussi le sang, la pensée, l’enfance, la solitude et la maladie. Où il y a le besoin d’argent, mais il y a aussi le besoin d’amour, le travail fait par passion, l’urgence d’être ensemble.
L’espace nous oublie. L’espace se peuple de signes avant-coureurs d’une nouvelle sécheresse. On achète un morceau de Paris, on le ferme à double tour, on passe deux portails avec digicode et une loge de gardien et on n’y fait rien qu’on ne pourrait pas faire ailleurs. On va le remplir de meubles de brocante repeints en couleurs pastel, de rideaux à perles colorés devant l’entrée de la cuisine, on mettra un tapis dans le salon, des orchidées dans des pots blancs et des guirlandes colorées et autour de la glace sur la cheminée. On aura des fruits frais dans un grand bol dans la cuisine, des plantes vertes dans le salon, un beau canapé lit et des chambres à coucher peintes en bleu clair. On va monter les marches en bois avec leur tapis rouge avant d’enfoncer la clé dans la porte et de comprendre qu’on s’est trompé. Que celui-ci n’est pas le présent et ne peux pas être le futur. Que dans ce fragment de Paris il n’y a la place pour personne. Que nous sommes, pendant qu’on se pose sur le garde corps ancien de la fenêtre pour fumer une cigarette en contrôlant notre portable, irrémédiablement seuls et qu’il est trop tard. Car une vie à 7500 euro le mètre carré n’est pas une vie innocente, elle n’est pas une vie accessible, elle n’est pas une vie ouverte, libre, aventureuse et intéressante. C’est une vie privée.
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Vernissage Vendredi 11 février 2011 18:00 → 21:00
Horaires
Du mardi au samedi de 10h à 18h
Les artistes
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Claire Fontaine