Olivier Kosta-Théfaine — En flânant...

Exposition

Art urbain, installations, peinture, sculpture

Olivier Kosta-Théfaine
En flânant...

Passé : 19 octobre → 23 novembre 2013

« Pour le parfait flâneur, pour l’observateur passionné, c’est une immense jouissance que d’élire domicile dans le nombre, dans l’ondoyant, dans le mouvement, dans le fugitif et l’infini. Être hors de chez soi et pourtant se sentir partout chez soi ; voir le monde, être au centre du monde et rester caché au monde. »

Charles Baudelaire

Charles Baudelaire associe la flânerie à un esprit indépendant, passionné, impartial. Il utilisait le mot pour caractériser l’observateur attentif, le déchiffreur, une force détectrice qui saisirait les choses au vol. Lorsqu’Olivier Kosta-Théfaine se déplace dans la ville, il est à la recherche des éléments qui nous échappent, qui nous sont invisibles. Ce que l’artiste choisit de présenter est ce qui l’accroche, ce qu’il considère dans toute sa spécificité lorsque nous passons devant un décor. Les éléments urbains constituent le ciment de son travail et dans sa volonté de réhabiliter l’inintéressant, l’artiste replace dans le champ de la poésie le rapport de force souvent inextricable que nous entretenons avec la ville.

Peintures, reliefs, sculptures, les objets de l’artiste sont les prélèvements déconsidérés puis reconsidérés de notre environnement urbain. Son intérêt pour le détail et l’oublié guide l’artiste dans ses déplacements et nourrit une banque de données et d’images virtuelles, prises de vue de la rue, captures, morceaux choisis. Se considérant lui-même comme un pur produit de la ville, Olivier Kosta-Théfaine se joue des clichés que véhicule la banlieue, transforme les références communes et questionne une identité que l’on nomme maladroitement « populaire ».

En flânant… se compose de détails capturés, de sorte de traductions subjectives de ce que l’artiste voit. Ces morceaux pris dans la ville reconstituent dans le contexte de la galerie un paysage global. Les recadrages opérés par les grandes toiles ou les tirages photographiques témoignent d’emblée de l’importance du déplacement dans la démarche de l’artiste. Il est une justification des possibles signifiants contenus dans chaque chose, la validation qu’un objet n’est pas seulement un objet en soi, mais également ce qu’on y projette. Sur le mode de l’appropriation, l’artiste extrait certains éléments de l’espace urbain, les déplace dans l’espace d’exposition et les détourne de leur sens a priori. Par ce geste, il annule les références communément associées à certaines images et révèle le potentiel « autre » contenu dans chaque forme. Ainsi, les tiges métalliques des grilles anti intrusion dessinent des motifs abstraits, géométriques ou floraux. Elles sont formes avant d’être instruments et convoquent le champ de l’imaginaire.

La fascination et l’idéalisation communément associées à la mégalopole nourrissent chez Olivier Kosta-Théfaine une forme d’humour et font basculer ces morceaux choisis dans une sorte de romantisme. Les briques sculptées de motifs floraux deviennent des pierres rapportées d’un pays inconnu et les planches de bois travaillées et brûlées à la scie, avec leurs lignes horizontales et verticales, convoquent l’esthétique des tableaux de Mondrian. Tout fonctionne chez l’artiste par glissements et associations. La réutilisation et la réinterprétation des formes induisent dans l’effet de distance amené par ces objets, une sorte de distorsion à la fois temporelle et spatiale, un décadrage. L’annulation de l’acquis est le point de départ de chaque chose, de chaque geste. Lorsqu’il présente sous vitrine une série de pierres intitulées Souvenirs des Indes, l’artiste en appelle à notre familiarité avec ce dispositif visible dans les Musées d’Histoire et de Civilisation et à la lecture préfabriquée que vont stimuler ces références. Ces pierres viennent en réalité d’une cité de banlieue qui porte le même nom que le pays exotique auquel nous serions tentés de penser en premier.

Cette distance qu’Olivier Kosta-Théfaine intègre et qui est finalement celle du geste de l’artiste, lui permet un humour voire une auto-dérision qui vise toujours à faire basculer le prosaïsme et la brutalité vers une forme de douceur, de poésie, d’harmonie peut-être. Les propositions de l’artiste seraient ainsi des sortes d’utopies miroirs, c’est-à-dire de monde à l’envers. Les visions, images, cadrages, morceaux tirés du réel deviennent dans l’espace d’exposition des projections qui ne sont pas destinées à se réaliser mais plutôt à frapper l’imagination. Elles s’attaquent à un modèle de références acquis et lui opposent un modèle théorique idéal. Ce que veut l’artiste dans son travail c’est s’amuser du potentiel des formes plutôt que les subir. Son lieu d’agissement connaît peu de barrières. Il est celui de l’onirique, de l’intemporel.

Son œuvre toute entière est une incitation à la flânerie : se balader, capturer des éléments, leur injecter des références neuves, illusoires parfois, une « invitation au voyage ».

Elisa Rigoulet
  • Evénement Jeudi 24 octobre 2013 17:00 → 22:00

    Nocturne de la FIAC et présentation du livre Flore de Compagnie d’Olivier Kosta-Théfaine.

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