Ouvrages de dames — Une exposition collective
Exposition
Ouvrages de dames
Une exposition collective
Passé : 10 septembre → 31 octobre 2015
Faire des jours, de la dentelle, du crochet, de la broderie et de la tapisserie, du tricot et de l’aquarelle, autant de travaux d’aiguilles, de plumes et de fins pinceaux qui ont longtemps renvoyé les ouvrages dits de dame à la bienséance domestique, à la sédentarisation de l’existence féminine et à la mise à l’épreuve de la patience dont le pire de la pensée bourgeoise idéalisait et assagissait ainsi un fantasme masochiste sur les femmes.
Mais tout ce qui caractérisait jadis ces dernières de manière réductrice — la délicatesse, la précision, la patience, la minutie, la préciosité, autant de qualités chantées par un enthousiasme péjoratif — est aujourd’hui récupéré par des femmes artistes dans des perspectives analytiques et critiques.
L’abstraction conceptuelle, les clichés exotiques, l’érotisme fétichiste marquent ces travaux remployant la répétition obsessionnelle, la persévérance savante et la performance physique à l’œuvre dans les ouvrages anciens. Ces derniers reflétaient la soumission sexuelle ; ils constituent désormais la sensibilité plastique contemporaine de dames autrement… convenables !
Claire Chesnier, Marie Drouet, Leyla Goormaghtigh, Marie Hazard, Emeline Piot sont toutes des dames virtuoses dans leurs ouvrages à travers lesquels elles invitent à la visite de continents visuels et mentaux finalement peu explorés.
Dominique Païni
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Artistes présentées :
Claire Chesnier
Vit et travaille à Paris.
Fidèle à la tradition minimale, Claire Chesnier nous propose des formes de couleur vibrante coupées net qui flottent dans l’espace blanc d’une feuille de papier. Elle développe une peinture singulière, une peinture d’imprégnation, une peinture d’ascète aussi où le rituel du geste, la lenteur du processus ont leur importance. Par cette couleur, par cette lumière, Claire Chesnier nous fait atteindre d’où tout part, tout croît et tout revient.
Claire Chesnier est représentée par la galerie du Jour-Agnès b.
Marie Drouet
Vit et travaille à Nantes.
C’est en 2000, que Marie Drouet redécouvre et renoue avec la pratique du dessin. Et c’est en 2007, qu’elle va développer son travail plus précisément autour de la thématique de la chevelure qu’elle peint à l’encre de chine sur papier. Geste invariablement répétitif, Marie Drouet s’installe dans une sorte de transe d’où naissent des milliers de lignes sensuelles créant un paysage de chevelures. La plupart de celles-ci se déploient librement sans aucune entrave comme un hymne à la liberté, autre thème sensible pour cette artiste.
Leyla Goormaghtigh
Vit et travaille à Berne.
Leyla Goormaghtigh construit un espace où s’assemblent des formes géométriques impossibles ou non, des éléments organiques dans une perspective sans cesse remise en question. Un monde propre se crée à la fois transgressif et onirique prétexte pour explorer de nouveaux territoires de la représentation mais aussi pour aborder des thèmes plus intimes comme le féminin/masculin.
Marie Hazard
Vit et travaille à Londres.
Marie Hazard reprend et poursuit la tradition des femmes et de leur métier à tisser. Elle expérimente une grande diversité de matériaux mais le textile y occupe une place primordiale. Elle nous propose des œuvres sensibles faites de fils mais aussi de courbes de couleurs qui s’entrelacent comme dans une immense broderie. Elle nous conte un récit, celui de l’intime et des émotions où notre regard se pose sur l’image mais aussi sur le toucher.
Emeline Piot
Vit et travaille à Paris.
Emeline Piot appartient à cette famille d’artistes dont l’ascèse se situerait plutôt dans le processus d’élaboration que dans la forme. Baroque, polysémique, proliférante. L’œuvre semble mue par l’horrorvacuii. L’encre colonise tantôt le papier, tantôt le crâne d’un animal et en fait sourdre des légendes nouvelles, des civilisations fantastiques et des entités subtiles. L’artiste est au service d’une mythologie — pas encore la nôtre, pas tout à fait la sienne — qui n’advient finalement que dans le surgissement du trait. Uchronique, atemporelle jusque dans l’abolition du temps qui le fait naître, le travail d’Emeline Piot ne procède d’aucun concept, il les précède tous.
Christian Berst, membre du Collège Critique du 59e Salon de Montrouge, 2014
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Vernissage Jeudi 10 septembre 2015 à 18:00
Horaires
Les lundis et mardis, du jeudi au samedi de 11h à 18h
Et sur rendez-vous
Les artistes
- Claire Chesnier
- Marie Hazard
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Marie Drouet
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Leyla Goormaghtigh
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Emeline Piot