Paysage Document IV
Exposition
Paysage Document IV
Passé : 3 mai → 22 juin 2013
Le cycle Cosa mentale, Paysage(s) est une tentative de synthèse des démarches photographiques centrées sur les problématiques du paysage, des années 1970 à nos jours, à partir des artistes représentés dans les collections publiques françaises. Cette lecture a été divisée en quatre volets : les approches documentaires dans leurs dimensions objectives et typologiques (Paysage-Document), les pratiques documentaires liées à l’analyse critique de l’impact de nos activités sociopolitiques sur le paysage (Paysage-Critique), les démarches qui élargissent les principes documentaires par une réaffirmation de la part subjective de la création de l’image (Nouvelles subjectivités) et les créations fictionnelles liées à une vision artistique et culturelle du paysage, qu’elles aient une origine picturale, cinématographique ou littéraire (Le Nouveau Pittoresque).
Ce programme a donné lieu à un ensemble d’expositions de 2012 à 2013. La galerie Les filles du calvaire en présente à son tour une occurrence en consacrant une quatrième exposition à Paysage-Document avec la mise en avant de cinq artistes qui ont contribué à développer la photographie documentaire et à renouveler la vision du paysage par la puissance esthétique de leurs écritures. Leurs travaux sont représentatifs de ce courant européen — de son évolution méthodologique et stylistique — par la variété de leurs approches, qu’elles aient pris un tournant critique ou qu’elles se soient orientées vers un regard plus subjectif.
Paysage-Document fonde le cycle Cosa Mentale, Paysage(s) car le renouvellement de la notion du paysage a été traversé par le courant documentaire, qui l’a dépouillée de toute vision préfabriquée qu’elle soit d’ordre pictural, littéraire ou historique. Les photographes issus de cette mouvance s’attachent à rendre compte du réel de manière objective. Leurs pratiques s’appuient sur des méthodologies radicales, souvent systématiques. Il s’agit moins de créer une image ou une vision que de tenter d’approcher une dimension objective du territoire.
L’émergence de ce courant est issue de plusieurs influences et d’un contexte européen particulier. L’apport des photographes américains de la New Topography tels que Lewis Baltz, Stephen Shore ou Robert Adams se retrouvent dans des approches européennes du début des années 1980 et, notamment à l’Ecole de Düsseldorf autour de Bernd & Hilla Becher. Ce courant allemand va donner lieu à une première vague de campagnes photographiques plutôt urbaines, fréquemment prises en noir et blanc et de manière relativement austère dans le choix même des sites photographiés, comme celles de Thomas Ruff et Thomas Struth illustrant une sorte de « paysage sans qualité ». Leur tendance à l’austérité, certes magnifiée par le style, ne tardera pas à évoluer vers la couleur et des sujets plus attractifs tandis que d’autres visions plus sensibles apparaissent dès la fin des années 1980 avec les prises de vues d’Axel Hütte et d’Andreas Gursky ou d’ElgerEsser. Tous ces artistes sont toujours actifs, cependant leur langage a fortement évolué en s’orientant vers une formulation plus « plasticienne », s’éloignant d’une démarche documentaire stricte, associant le réel à une conception visuelle que l’on pourrait relier à de nouvelles formes de subjectivités.
Dans le reste de l’Europe, c’est identiquement à partir des années 1980 que de nombreuses productions photographiques apparaissent. Elles ne sont pas liées à une école mais ont été principalement incitées par des commandes nationales, régionales ou portées par des initiatives locales, voire privées dans une volonté de documenter le paysage. Le point de référence de ces diverses occurrences est la Convention européenne du Paysage dont la première formulation de 1981 a fait émerger la notion « d’observatoire du paysage ». A la fois infrastructure et point d’orgue d’échanges théoriques, artistiques et philosophiques, le descriptif méthodologique qui en a résulté est le manifeste d’une volonté européenne désirant étudier en profondeur ses territoires, leur pérennité et leurs bouleversements. Cette préoccupation, relayée par une stratégie européenne dans l’optique d’une observation socio-économique, a donné une ampleur considérable aux campagnes photographiques et induira nombre de commandes territoriales lancées à travers l’Europe dans les années 1990. Une des plus connues, la DATAR — Délégation interministérielle à l’Aménagement du territoire et à l’Attractivité régionale — est activée en France dès les années 1980. Dans la continuité, nombre d’organismes ont développé, dans les années 1990, des projets semblables tels que le Conservatoire national du Littoral et l’Observatoire photographique des paysages de la France, tous deux associés à une stratégie de sensibilisation pour la protection de l’environnement lancée à la fin des années 1990. On y retrouve des artistes issus de la DATAR ainsi qu’une nouvelle génération tout aussi marquante. Il est remarquable que ces commandes favorisent des démarches artistiques ouvertes plutôt qu’elles ne s’attachent à un cahier des charges restrictif. La plupart du temps et selon l’usage qui s’est établi, depuis les années 1980, l’artiste dispose d’une liberté interprétative artistique et économique. Dans les années 2000, une grande partie des démarches documentaires répondent toujours à cette double méthodologie (document et création), et permettent à nombre de photographes de poursuivre leurs observations. Certains sont d’ailleurs devenus des artistes reconnus grâce à l’apport d’une esthétique alliée à une pensée renouvelée du paysage. Différents types d’infrastructures et d’initiatives en découlent, plus ou moins directement, comme par exemple les commandes françaises par les centres photographiques régionaux et les pôles images qui ainsi constituent petit à petit des fonds importants. Des artistes significatifs sont illustrés dans ces fonds grâce à des ensembles photographiques issus de ces commandes. Nous avons choisis de montrer à titre d’exemple les travaux de Thibaut Cuisset, John Davies, Gilbert Fastenakens,Anne-Marie Filaire et Paola de Pietricar ils ont tous participé à des campagnes territoriales mais ont également largementdéveloppé une approche personnelle axée sur le paysage.
En résonnance, est présentée cet été à la Maison des Arts Solange-Baudoux d’Evreux, une exposition sur le Paysage-Critique se concentrant sur les traces et les mémoires des conflits inscrites dans le paysage avec des travaux qui relèvent tant d’une approche objective que d’une position critique en regard de l’impact de nos actions politiques sur l’environnement.
-
Vernissage Jeudi 2 mai 2013 18:00 → 21:00
17, rue des Filles-du-calvaire
75003 Paris
T. 01 42 74 47 05 — F. 01 42 74 47 06
Horaires
Du mardi au samedi de 11h à 18h30
La galerie est ouverte du 11 au 16 mai aux heures habituelles, puis à partir du 18 mai du jeudi au samedi de 11h à 18h30.
Les artistes
- Thibaut Cuisset
- Gilbert Fastenaekens
-
Paola De Pietri
-
John Davies
-
Anne Marie Filaire