Peter Martensen & Morten Søndergaard — bla bla bleu

Exposition

Dessin, peinture, poésie, sculpture

Peter Martensen & Morten Søndergaard
bla bla bleu

Passé : 4 février → 27 mars 2021

Des « conversations bleues » entre les deux artistes danois sont à l’origine de bla bla bleu, la première exposition commune du peintre plasticien Peter Martensen et de son grand ami le poète, performeur et plasticien Morten Søndergaard.

L’indigo est le pivot de l’ensemble : sa sonorité, son espace, sa lumière, son temps. Peter Martensen évoque la couleur indigo comme état et la distance qu’elle instaure tel un maître du souvenir et de l’oubli. Il pointe sa luminosité dans l’obscurité et compare sa tonalité mélancolique à celle d’un violoncelle. Morten Søndergaard met en avant sa dimension transformatrice et enchanteresse, son lien avec les profondeurs de l’existence.

A l’occasion de bla bla bleu, Morten Søndergaard réédite — en bleu — sa Pharmacie des Mots, une collision entre les dix catégories grammaticales et les notices de médicaments. C’est avant tout la collision entre deux langages ou deux systèmes : la grammaire et la médecine.

L’exposition est pensée comme une grande pharmacie bleue : les pierres de marbre bleu aux mots gravés et les pharmacies de Morten Søndergaard ponctuent cet ensemble où les peintures et dessins de Peter Martensen volent comme des feuilles prises par le vent.

Les deux artistes considèrent leur travail comme « de la recherche fondamentale ». Le poète ajoute : Je ne crois pas que la poésie fasse de nouvelles découvertes, contrairement à la science. Mais nous avons besoin d’écrire de la poésie parce que le monde a constamment besoin d’être reformulé.

Avec bla bla bleu, le peintre et le poète se sont donné rendez-vous pour nous proposer des bleues et des mûres ! Les fondations du sens trembleront sous les attaques des mots, des images et d’autres substances. Le risque de dépendance est élevé.

Peter Martensen

La dimension énigmatique est caractéristique de l’univers de Peter Martensen qui œuvre tel un chorégraphe dans un cadre scénique vu de façon frontale. Le rideau peut tomber un instant pour se relever sur la même scène — ou presque — dont nous ferions une interprétation totalement différente. Alors que ses personnages semblent dénués de psychologie et d’émotion, l’artiste est profondément motivé par l’être au monde. Le semblant de vide émotionnel que dégagent ses figures nous obligent à scruter avec d’autant plus d’attention les gestes et les rapports physiques entre les individus pour deviner ce qu’ils peuvent bien exprimer.

La couleur blanche, dans toute sa luminosité, guide la promenade à travers la toile ; nous passons des blouses aux chemises, des feuilles blanches aux portes blanches et aux projecteurs, dans une quête de sens et de compréhension. Parfois nous sommes face à un espace qui évoque davantage un musée. Des figures humaines — à peu d’exceptions près, tous des hommes — s’y tiennent comme dans un instant figé. Le monde est à l’arrêt et la vision laisse perplexe : quels sont les liens entre ces personnes et leurs actions si différentes ? Que font tous ces hommes en blouse blanche, tous ces experts et spécialistes comme les nomme l’artiste ? Qu’attendent-ils ? Peut-être rien. Le manque de lien entre les êtres est caractéristique des situations dépeintes. Les compositions provoquent un sentiment de tension et une impression de suspens. Est-ce l’intranquillité de l’existence qui se manifeste ? Sa vibration subtile ? On songe à la vision d’une fourmilière ; les fourmis s’y activent sans relâche, courent dans un sens puis dans un autre, des accidents se produisent, des déviations se créent, la circulation se poursuit autrement — on ne sait trop pourquoi.

Réalisme mental est le nom employé par Peter Martensen pour décrire son œuvre où se matérialise un dialogue en roue libre entre inspirations concrètes, mondes intérieurs de l’auteur et émotions diverses qui le traversent en travaillant. Dans ce processus, il tend vers une neutralité émotionnelle afin d’offrir au spectateur un espace de résonnance ouvert pour qu’il expérimente à son tour le grand laboratoire d’interrogations sur l’existence et — à l’occasion de bla bla bleu — les possibles de l’indigo.

MORTEN SØNDERGAARD

Morten Søndergaard (né en 1964) n’a eu de cesse d’explorer les collisions entre signification et matérialité, ce qui l’a conduit à de nombreuses expérimentations extralinguistiques et des rapports entre corps et langage.1 La Pharmacie des Mots interroge les liens entre langage, corps, poésie et médecine. Elle applique aux dix catégories de mots (verbes, adjectifs, préposions, substantifs…) la logique d’une posologie et les modalités d’administration d’un médicament — avertissements, recommandations et indication des effets secondaires inclus.

Quand nous écrivons, de petits éléments réagissent les uns avec les autres comme lors d’une réaction ou synthèse chimique. Chaque mot est choisi de façon à créer un effet sur le lecteur, de la même façon que les molécules sont soigneusement choisies par la médecine pour produire l’effet souhaité chez le patient2. Les mots inscrits sur une notice de médicament ne portent-ils pas des questions de vie ou de mort ? Une série de performances — des Consultations — à partir de La Pharmacie des Mots permettra d’apprécier son potentiel thérapeutique.

La matérialité joue également sur l’effet et la perception des mots. Dans une série de sculptures, Morten Søndergaard a fait tailler des mots sur des plaques de marbre couleur bleu ciel : Rien suffit, Ne te connais pas toi-même… A travers ces pièces semblables à des pierres tombales ou à des plaques de commémoration, l’artiste interroge la temporalité et l’identité de celui qui parle.

Qui s’exprime quand des mots mis ensemble par un poète sont inscrits dans une plaque par un tailleur de pierre ? Et comment percevons-nous ce qui est gravé dans le marbre ? Est-ce que le support confère aux mots une autre dimension temporelle ? Dans Le graveur de pierre de Pietrasanta, Morten Søndergaard écrit : Ses engins hurlent et il s’enfonce dans la roche. Il se creuse un chemin parmi les vivants et les morts.

Ce poème ainsi que d’autres issus du recueil L’Attrape-soleil qui parait ces jours-ci en France feront l’objet d’une lecture dans le cadre de l’exposition. Parmi d’autres sujets il y est question de baisers, de l’être qui fourmille, tente, chute, remonte, rechute, retente, de la jouissance du pouvoir et d’amants qui font l’amour alors qu’atteindre l’autre parait impossible. Le monde est suave, brutal, délicieux et Morten Søndergaard l’étreint avec délectation et désespoir, mélancolie et tendresse, sarcasme et humour.

1 www.mortensoendergaard.com/english/ : Morten Søndergaard- English introduction made by Ida Bencke

2 Extrait de Les Pharmakonfessions de Morten Søndergaard

  • Vernissage Jeudi 4 février 2021 12:00 → 20:00
Galerie Maria Lund Galerie
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48, rue de Turenne

75003 Paris

T. 01 42 76 00 33 — F. 01 42 76 00 10

www.marialund.com

Chemin Vert
Saint-Paul

Horaires

Du mardi au samedi de midi à 19h
Et sur rendez-vous Printemps 2020 : la galerie est ouverte sur rendez-vous

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