Pierre Antoniucci — Coulisses — Galerie Oniris — Rennes — Exposition — Slash Paris

Passé : 25 février → 16 avril 2022

Pour cette nouvelle exposition à la galerie Oniris intitulée Coulisses , Pierre Antoniucci expose ses travaux récents sur toiles, papiers et cartons.

“Peindre JAB :

Des visages, des femmes et d’hommes, des cortèges d’animaux, chevaux, des chats etc. Ils sortent de la barque d’un Noé. Ils se regardent, ils vous regardent, de face, de profil ou de trois quarts en silence. Ce silence comme ces figures qui habitent mes tableaux sont là depuis longtemps, comme depuis toujours, ils m’aident à être le contemporain des anciens, de ceux que j’aime. Ces quelques figures sont des présences. Elles n’illustrent aucune parole. L’expressivité remplace les mots qui ne se soumettent à aucune narration. L’absence d’ambition narrative veut être ici le critère de la peinture : réduit à des présences, à des énigmes et aux spectres, le tableau s’implique, côtoie ou convoque naturellement les domaines métaphysiques comme celui de l’ornement décoratif. Ils ont de tout temps accompagné la sociabilité de la peinture. Dans cette exposition, à la galerie Oniris, je fais entrer toute cette figuration dans une nouvelle machinerie que j’appelle JAB.

A l’origine de la peinture Jab il y a la création d’un flux de dessins préparatoires dans des cahiers quotidiens. Dans ces cahiers chaque dessin engage une course poursuite avec le précèdent. J’utilise pour cela une encre qui traverse le papier et dépose sur le recto de la feuille l’image inversée de la précédente. Un flux continue s’engage alors comme des sauts de forme à forme, de figure a figure. C’est dans ce défilé que je choisi l’hypothèse d’un tableau. Le va et vient de la forme, le vice versa des figures, l’aller-retour, multiplie les transformations de modèle pour offrir le plus large choix au départ du tableau.

La peinture Jab commence. Je travaille sur un support de carton nid d’abeille. L’emploi de ce type de support permet d’accéder à des formats monumentaux léger et résistant en associant les plaques les unes aux autres Le principe du travail Jab est de pouvoir déplacer librement ces surfaces pour construire de nouvelle composition, d’agrandir ainsi le champ visuel ou bien de le réduire. C’est le jeu de coulissements ou chevauchements des plaques entre elles qui permet l’extension comme la contraction du format. Ce procedé engendre le décadrage des figures ce qui dynamise la perception du tableau. Le coulissement des images sur elles même procure un effet de tuilage et de nouveau point de vue.

Ma peinture trouve des échos dans les cadres médiévaux ou le primitivisme italien du quattrocento, des fresques particulièrement étrusques. Mes figures ne sont pas prises dans un fond naturalisme perspectiviste mais plutôt dans une projection constructivisme d’une l’avant-garde Russe : leurs fonds se couvre de fragment de mots d’un texte devenu illisible qui peut suggérer un passage sur les murs contemporain couvert de graphe. Ici l’image est comme une parole coupée."

Pierre Antoniucci, le 6 février 2022