Pipaluk Lake — Hasards planifiés
Exposition
Pipaluk Lake
Hasards planifiés
Passé : 13 septembre → 25 octobre 2014
Les œuvres de Pipaluk Lake offrent à voir un magma en transformation permanente, l’image de la genèse d’un monde à la fois inconnu et familier, merveilleux et angoissant. Elles provoquent d’innombrables associations : fleurs étranges et croissances imaginaires, créatures sous-marines, chaires lourdes… textiles dans le vent, filets sortant de l’eau, ruisseaux de montagne roulant sur la pierre… roches, cristaux, stalactites, stalagmites… Ces sculptures formées de mouvements arrêtés déjouent les idées établies sur le verre — sa froideur, sa rigidité. Elles parviennent à donner une existence physique à des visions et à des sensations qui dans notre monde ne se matérialisent qu’un bref instant. Ici l’imaginaire se confronte aux éléments, aux matières et à leurs lois. Les sculptures de Pipaluk Lake invitent à penser avec les mains, avec les yeux et à sentir avec l’intellect.
HASARDS PLANIFIÉS
Le lâcher-prise représente un élément important dans l’art : il s’agit du moment où l’artiste oublie son intention, sa volonté, pour suivre ce qui s’offre dans le processus de création et se laisser entraîner tel un « outil ». Pipaluk Lake s’inscrit dans ce registre : elle cherche à découvrir, à dépasser les limites du connu, du « techniquement possible ». Ainsi, le titre de sa quatrième exposition Hasards planifiés est aussi la description de sa démarche. Si la juxtaposition de ces notions de planification et de hasard semble contradictoire c’est que l’œuvre tend à l’expression et la matérialisation des contraires. Le verre a une identité de matière précieuse — bling-bling — mais Pipaluk Lake se sert d’un verre de vitre banal, voir recyclé et de simples fils et plaques métalliques pour créer ses sculptures.
C’est une esthétique qui questionne l’idée de beau et de laid ; qui place au même niveau le sophistiqué et le brut, les matières nobles et pauvres. Fragilité et densité y cohabitent, ainsi que transparence lumineuse et opacité matte ; une même œuvre peut évoquer des éléments et des corps aussi différents que le vent ou la roche… Support pour une expérience sensorielle et émotionnelle, le travail de Pipaluk Lake provoque également une interrogation intellectuelle : la vision de ses œuvres soulève la question de leur création, dont le processus est narré par la matière elle-même. On y lit la rencontre plus ou moins visible du verre, rendu fluide par la chaleur, et du métal qui structure, dirige et maintient. Les sculptures de Pipaluk Lake, riches en évocations, sont autant de poésies de l’avènement, du mouvement qu’une permanence (d’une beauté) autre.
COMMENT
L’artiste met longtemps à concevoir ses « paquets » de verre et de métaux ; elle coupe, martèle, attache, tricote, coud… Ce faisant elle met en pratique un savoir-faire acquis au cours d’une quadruple formation dans des domaines aussi divers que le textile, le verre, le métal et le bois. Une fois son fastidieux travail de préparation achevé, elle abandonne son paquet à l’alchimie de la chaleur et de la pesanteur à l’intérieur du four. En l’ouvrant au cours de la cuisson elle peut constater où en est le processus et décider de le poursuivre ou de l’arrêter. Le résultat de la fusion offre une surprise plus au moins grande que l’artiste retravaille ensuite.
PARCOURS
L’univers très atypique de Pipaluk Lake (née en 1962) a largement été remarqué et primé (Hempel Glaspris 1999 — Honorable mention à la 2nd Chongju Int. Crafts Competition 2001, Corée — Médaille d’argent pour Kunsthåndværkerprisen af 1879) et il est représenté dans de nombreuses collections publiques : V&A, Londres — Corning Museum of Glass, Etat de New York — Glasmuseum Alter Hof Herding, Allemagne — Boston Museum of Fine Arts — Kunstindustrimuseet (Musée des Arts Décoratifs), Copenhague — The Danish Arts Foundation et New Carlsberg Foundation. Pipaluk Lake a exposé à travers l’Europe ainsi qu’en Chine, en Corée, au Canada, aux Etats-Unis et dernièrement en Australie. En 2006, la Chappell Gallery à New York lui a consacré une exposition personnelle (Drops), en 2011 Le musée du verre Glasmuseet (Danemark) a accueilli une exposition de ses œuvres récentes (primée par The Danish Arts Foundation) et en 2012 l’institution publique Sophienholm (Danemark) a présenté une exposition rétrospective de l’artiste Pipaluk Lake 1987-2012. Hasards planifiés est la quatrième exposition de Pipaluk Lake à la Galerie Maria Lund depuis 2008.
Parution d’un catalogue rétrospectif, texte du philosophe Yves Michaud (Exploration, Fragilité, Beauté — jusqu’aux limites du matériau). L’édition a reçu le soutien de The Danish Arts Foundation.
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Vernissage Samedi 13 septembre 2014 17:00 → 20:00
Horaires
Du mardi au samedi de midi à 19h
Et sur rendez-vous
Printemps 2020 : la galerie est ouverte sur rendez-vous
L’artiste
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Pipaluk Lake