Présents — Peintures
Exposition
Présents
Peintures
Passé : 31 mars → 5 mai 2012
Mireille Blanc force le regard. Ses tableaux ne s’offrent pas d’un coup d’œil, il faut les regarder longtemps, de plus en plus longtemps. Et l’image que l’on croit discerner échappe insensiblement, laissant planer le doute sur des figurations contrariées. Depuis plusieurs années, elle travaille sur le surgissement d’images incertaines, sur leur ambiguïté. En ce sens Eugène Leroy pourrait être l’un de ses maîtres. Pour instaurer une distance supplémentaire à ses sujets, Mireille Blanc prend pour modèle des photos, dont quelques-unes décantent d’ailleurs aux murs de son atelier. Ces images lui apparaissent dans des marchés aux puces et dans des albums de famille, ou bien elle les prend elle-même, au détour d’une rencontre avec un objet toujours intrigant, souvent dérangeant. Elle choisit des fragments pour effacer toute narration. Après en avoir dessiné les grandes lignes sur sa toile, Mireille Blanc met son sujet à l’écart, presque jusqu’à l’abstraction, mais jamais tout à fait. Quelques reflets peints, ainsi que des images dans l’image, indiquent parfois la présence de la photographie, filtre entre la réalité et la peinture.
Il y a quelques années Mireille Blanc peignait des figures humaines. C’est aujourd’hui leur absence qui est remarquable. Elle représente des objets dans un cadrage serré, sur un fond indéterminé. Légèrement surannés, ils évoquent souvent le folklore germanique (Mireille Blanc a grandi en Lorraine), mais sont aussi des objets banals et quotidiens. On reconnaît une statuette de la vierge, un bouchon de bouteille décoré, un gâteau d’anniversaire, un pot de céramique ou un manteau jeté sur un lit. L’artiste peint parfois d’après Manet, et l’on reconnaît l’inspiration des natures mortes de Chardin ou Morandi, et pour les contemporains, celle de Gérard Gasiorowski, Michael Borremans, ou encore Luc Tuymans.
Les sujets eux-mêmes induisent le petit format des toiles, dans l’intimité des objets. Mais plus les cadrages sont resserrés, plus ils semblent ouvrir des horizons, hors du champ de l’image. Ainsi, Mireille Blanc explore les chemins de la mémoire et de la réminiscence. D’ailleurs, elle peint ses tableaux d’une traite, en quelques heures, sans y revenir, peut-être baignée par l’immédiateté et la fugacité du souvenir. Ses œuvres semblent même construire une mémoire collective, presque universelle. Dans l’atelier, ses palettes sont toutes grises, peut-être la couleur du souvenir. On reconnaît, par certains aspects, l’influence de Lucian Freud sur son travail, non seulement dans les couleurs, mais aussi dans la touche épaisse et la matière tourmentée qu’elle dépose depuis peu sur ses toiles. Elle a quitté son ancienne manière faite de jus transparents. Ses tableaux ne sont pas empreints d’ironie, ni vraiment d’humour, pas non plus de tendresse. Les objets y apparaissent de manière diffuse, tout en retrait, dans une délicate et implacable nécessité.
Mireille Blanc est née en 1985, elle vit et travaille à Paris. Diplomée des Beaux Arts de Paris en 2010 (diplôme et post-D), repérée dès 2011 lors de sa sélection à la 56ème édition du Salon de Monrtrouge qui présentait la jeune scène prometteuse française (commissariat de Stéphane Corréard/ Gaêl Charbau), elle vient d’achever un séjour en Résidence au Centre d’Art LKV, à Trondheim en Norvège. C’est sa première exposition personnelle dans une galerie parisienne.
Horaires
Du mardi au samedi de 11h à 19h
Et sur rendez-vous