Project room : Theo Michael — Arthropodos
Exposition
Project room : Theo Michael
Arthropodos
Passé : 10 mars → 22 avril 2017
L’objet de cette exposition est une réaction à la question suivante : Et si tout ce que nous faisions nous menait droit à notre perte ?
Et comme cette question semble plausible et même irréfutable, alors tout devient futile, y compris l’art et la politique, et toutes les conversations que nous avons pu avoir, et tout ce que nous admirons et qui a de la valeur à nos yeux. Dès lors, faudrait-il reconsidérer nos critères et nos valeurs ? Pouvons-nous encore faire quelque chose ou notre extinction serait-elle inévitable ?
Est-il encore nécessaire de se préoccuper de choses sans importance, ou de quoi que ce soit d’ailleurs ? Faut-il s’opposer au progrès et vivre comme des fourmis dans des structures à l’organisation communiste, ou bien continuer à coloniser l’univers comme l’énorme mutation agressive que nous sommes (consommant toutes les ressources disponibles sur notre passage) ? C’est la posture agnostique face à ces questions qui a stimulé la réalisation des travaux présentés ici.
Les dessins obsessionnels de l’artiste déploient des paysages qui s’articulent et se chevauchent sans la moindre apparition humaine, mais où des forces intelligentes sont toutefois implicites. L’artifice et la nature se confondent et sont peuplés de créatures en deux dimensions qui donnent l’impression d’avoir été posées là par un troglodyte qui aurait mutilé ce délicat dessin. Ces créatures hideuses analysent et critiquent leur condition et leur réalité. Certaines d’entre elles sont des insectes. Après tout ce que l’humanité a dit et fait, il est de circonstance que ce soit ces arthropodes qui nous jugent, ces êtres mêmes que les hommes ont de tout temps trouvés répugnants, sans intelligence ni conscience, et qu’ils n’ont pas hésité à exterminer.
C’est dans cette exposition que sera présentée la première sculpture de Theo Michael de grande envergure. Il s’agit d’une structure précaire faite de formes primitives et archétypales. Les ressemblances explicites sont volontairement exclues, même si l’on peut discerner des formes organiques telles que des vers de terre ou des structures moléculaires, des boules de crème glacée, des références phalliques et à de la matière fécale, ou simplement des formes suggérant une éternelle recherche formelle moderniste. L’argumentation qui sous-tend l’œuvre se manifeste à travers la patine, des couches de peinture en révélant d’autres plus anciennes ; une surface qui semble ne pas avoir résisté au vandalisme, dévoilant ainsi une histoire artificielle de changements d’approche et de propriétaire, d’un manque de certitude dans la prise de décision créative, et ce qu’une sculpture peut bien ressentir. Quelques sculptures plus petites, posées sur une table, sont le résultat d’un travail sur des rebus d’anciennes œuvres. Plusieurs matériaux non conventionnels ont été utilisés, y compris de la pâte à papier et des déchets en plastique provenant de son atelier. Toutes ces couches de différents matériaux, utilisés de manière peu orthodoxe, leur confèrent un aspect géologique. La vie est une matière complexe et même le plus artificiel des plastiques polymère est fait de poussière d’étoiles, tout comme nous.
A travers sa perspective post-humaniste, l’artiste adopte la posture d’autres formes de vie, ou bien d’une intelligence artificielle, ou encore d’un Simulateur Omnipotent. Dans ce nouvel univers, il n’y a ni politique, ni logique, ni bien ni mal, encore moins de l’art, mais seulement des matériaux et leur combinaison devient le seul langage universel. Ce point de vue place l’activité humaine sur le même plan que les insectes, la roche et les virus. Il nous faut quitter l’Humanité afin d’entrevoir ce que nous sommes en train d’infliger au monde. Seul un non-humain peut critiquer un humain. Alors peut-être serons-nous en mesure de comprendre.
Horaires
Tous les jours sauf le dimanche de 10h à 17h
Les artistes
- Gilles Barbier
-
Theo Michael