Regine Kolle — Tropical Wool — Galerie Olivier Robert — Exposition — Slash Paris

Passé : 24 octobre → 23 novembre 2013

Les dix nouveaux tableaux de Regine Kolle n’entretiennent pas entre eux des rapports très chaleureux. La faute n’en revient ni à L’Axolotl, petit amphibien attachant qui, pattes scotchées à la toile, vous fixe de ses grands yeux curieux, ni à cet éléphant Blue Ink Elephant qui en fait tout autant.

Les animaux dans l’exposition présentent la meilleure tenue qui soit. Ils habitent la toile avec une grâce franche et sympathique. Tandis que de l’autre bord, les hommes et les femmes dépeints font grise mine. Ils se tiennent mal. Et tiennent à peine dans les limites du cadre du tableau. Dégingandés, mous, ils s’écroulent, dégoulinent comme le trait trop fluide qui esquisse leurs contours. A l’image de cette fille, qui à force de se ronger les ongles et de faire la plante verte sur son balcon va finir par prendre racine — Nibbling off the day. À l’image encore de ce type qui se baigne dans une piscine creusée au milieu d’un parking, devant un centre commercial moche : celui-là, le tableau a manifestement décidé de lui mettre la tête sous l’eau. Seuls ses yeux et son front émergent encore. Il n’en n’a plus pour longtemps — To swim around the parking lot.

Ainsi, les êtres humains quittent cette scène privilégiée que représentaient pour eux, pour leur image ou leur prestance, le genre du portrait. Ils n’y font figure que de gros mollusques ratatinés, détournant les yeux, indifférents aux autres, désœuvrés, passifs, tout juste bons à attendre leur casse-croûte — Waiting for Food. Pour un peu, on dirait qu’ils font simplement « tapisserie ». Quand les animaux eux, y compris donc cette créature larvaire qu’est l’axolotl arborent une élégance chamarrée.