Rémi Dal Negro — T*

Exposition

Installations, nouveaux médias, performance, photographie...

Rémi Dal Negro
T*

Passé : 17 novembre 2018 → 11 janvier 2019

Gaël Charbau : T*, le titre de cette exposition, est assez singulier. Il est même difficile de savoir comment le prononcer… c’est un élément très précis de ta pratique photographique, peux-tu me l’expliquer ?

Rémi Dal Négro : Oui, il s’agit d’un élément que les photographes utilisateurs de Zeiss vont tout de suite reconnaître, qui correspond à un type de traitement des objectifs qui se nomme le « multi coating ». Les revêtements sur le verre d’une optique peuvent modifier le piqué, le contraste et d’autres paramètres de la lentille. C’est pour moi un clin d’œil à mes rituels de photographe, qui sont un autre aspect de ma pratique plastique. Cela renvoie à la première image que je vois avant une série de prise de vue : dès que j’ai l’intuition de pouvoir réaliser une photo, comme beaucoup de photographes, j’enlève le capuchon de l’objectif et je vois cette fameuse lettre et cette étoile sur l’objectif de mon appareil. J’ai eu l’idée de faire de ce petit motif marketing le titre de l’exposition, qui se donne comme un signe, un symbole, quelque chose de très visuel. En mathématique, ce «  T  » est la marque du temps que nous avons évoqué, et l’astérisque est la marque d’une sorte de suspension… J’invite le public à compléter ce «  T  », cette temporalité, ces déplacements d’images, tout comme je l’invite à se déplacer lui-même dans l’espace de l’exposition pour connecter les pièces. 

G.C. : Quelles photos as-tu choisi de présenter ?

R.D.N. : Ce sont mes premières photos… J’aime exploiter les techniques que je ne connais pas. Tous les photographes ont leurs manies. Ma particularité est qu’il m’est impossible de ne faire qu’une seule image de ce que je vois. Je suis obligé d’appuyer deux fois, avec des écarts de temps qui vont de une à quelques secondes. Je pratique ainsi mes prises de vue à la volée, en cherchant le bon angle et j’essaye d’être très rapide. Je m’intéresse à ce que produisent ces deux images dans un intervalle très court. Il y est question du temps de la photographie bien sûr, mais aussi de tout ce qui peut se passer de psychologique ou de mécanique dans cet intervalle. Dans l’exposition, j’ai essayé de faire en sorte qu’on ne puisse voir les deux photos en même temps, de les disposer dans l’espace de façon à ce qu’on doive se déplacer pour associer les deux images.

G.C. : Tu as aussi choisi de montrer des travaux issus de pratiques plus anciennes, qui mêlent la performance, le son, la sculpture…

R.D.N. : Oui, et notamment la performance avec la batterie (Bumble Drum Bubble Rumble). La batterie, en tant qu’objet, m’a toujours beaucoup intéressée. C’est très mécanique : on pense aux articulations de l’objet lui-même mais aussi à la mécanique des flux liée au déplacement de l’air à l’intérieur et rejeté à l’extérieur. Je me suis penché sur ces mouvements. Mon idée de départ était d’essayer de modifier l’espace avec du son, d’essayer « d’empocher » un son avec de la matière sonore. J’essaye de provoquer une transformation temporaire de l’espace qui, de fait, change temporairement la perception de l’exposition.

La pièce consiste donc en une modification des peaux de résonance de la batterie, que je rends entièrement rigides et qui sont équipées d’un dispositif de clapets anti-retour identiques à ceux utilisés dans les systèmes d’aération des bâtiments. La vibration des peaux de frappe compresse l’air, qui est rejeté dans des manchons — des tubes — qui guident l’air dans des grandes bâches. Par ailleurs, nous utilisons un système d’amplification pour capter tous les petits bruits mécaniques des cerclages des peaux, mais aussi des cymbales, etc. La batterie devient ainsi vraiment autre chose, même en termes de sonorités. Les bâches sont posées en tas devant la batterie, et au fur et à mesure de la performance sonore, elles se déploient grâce à l’air injecté par la batterie, dans l’espace. Une fois que la bâche est gonflée, elle occupe naturellement une bonne partie de l’espace. Son volume correspond au volume d’air que nous avons «  joué  » en quelque sorte, comme si l’air contenu était le morceau lui-même. Les bâches se dégonflent ensuite lentement, comme si le son du concert quittait lentement l’espace de l’exposition : une certaine métaphore de l’ensemble de mes recherches…

Extrait de l’entretien réalisé par Gaël Charbau en juin 2018, publié à l’occasion du premier ouvrage monographique de l’artiste.

Gaël Charbau
  • Vernissage Samedi 17 novembre 2018 16:00 → 21:00
  • Finissage Vendredi 11 janvier 2019 16:00 → 19:00
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