Robert Breer
Exposition
Robert Breer
Passé : 20 novembre 2010 → 15 janvier 2011
gb agency est heureuse de présenter une nouvelle exposition de Robert Breer.
Nous pourrons à la fois y découvrir une œuvre sculpturale inédite conçue en 2010 et revisiter d’autres aspects moins connus de son travail.
Cette exposition interroge les relations existantes entre la peinture et les premiers films de l’artiste par un détour historique ; époque passionnante de l’après guerre, où certains artistes eurent le courage de rompre avec les codes esthétiques et politiques afin d’affirmer des idées différentes. Le néoplasticisme était un art idéaliste : l’ordre et la stabilité avaient une grande importance après le traumatisme de la Première Guerre mondiale, et l’art avait un rôle fondamental à jouer pour reconstruire la civilisation occidentale. En 1952, Robert Breer est à Paris, il expose à la galerie Denise René ; il s’inscrit alors dans la veine de l’art concret (abstraction géométrique), troisième voie possible entre le réalisme social et l’art informel.
Très vite, la direction prise par cet entourage artistique lui semble trop autoritaire.
« Durant cette période néo-plastique, on faisait des peintures Absolues. Par conséquent je faisais une peinture absolue chaque semaine, et il me semblait qu’il y avait une contradiction à vouloir faire tant d’absolu. Il m’est apparu que ce qui m’intéressait n’était pas tant d’atteindre cet absolu que de cheminer vers lui. Le processus me semblait plus intéressant que le produit final. En 1955 j’ai commencé à introduire dans mes tableaux des éléments qui rompaient avec l’orthodoxie néo-plastique, car les formes sur lesquelles nous travaillions alors étaient imbriquées les unes dans les autres; en laisser une flotter librement relevait d’une sorte d’hérésie. Suggérer un espace élastique dans une peinture, était considéré comme un point faible. L’espace devait être très « concret », très soumis au cadre : les formes devaient se positionner l’une par rapport à l’autre ; j’ai introduit une ligne flottante, délibérément. » A bien y regarder, les formes semblent vouloir sortir du cadre du tableau, les figures se transforment en un mouvement suspendu.
L’artiste fabrique alors des flip books pour analyser ses compositions picturales (« Untitled », 1950). Cette méthode, image par image, lui permettra de concevoir le passage de la peinture au film. En 52, il réalise son premier film intitulé Form Phase I. Nous présenterons les quatre Form Phases de 1952 à 1954.
Si l’artiste introduit dès Form Phase I les figures géométriques (cylindres, dômes, lignes) que l’on retrouvera plus tard, non seulement dans ses films mais aussi dans ses sculptures, on peut néanmoins constater une évolution dans ces quatre films : des tâtonnements de l’artiste vis à vis du medium, jusqu’à l’affirmation d’un style maitrisé et d’une signature avec Form Phase IV.
Presque 30 ans plus tard, son film 70 dont nous exposons les dessins aujourd’hui reprend cette simplicité des formes avec beaucoup de poésie. Le grain du dessin, le cadrage des scènes renvoient à son expérience au Japon, lors de l’exposition universelle d’Osaka en 1970. La figure du Float revient de façon récurrente car toutes les formes de l’œuvre de Breer s’interpénètrent. Un autre objet insolite présent dans l’exposition renvoie au monde du cinéma. Mural Flip Book, 1964 dévoile le passage de l’image statique à la forme cinématographique « juste pour le plaisir de revivre l’expérience de la persistance rétinienne ». Chez Robert Breer l’expérience sensible, humaine et même quotidienne prévaut à tout principe.
Le mouvement, fil conducteur de toute l’œuvre de Robert Breer, se décline aussi dans son travail sculptural. L’artiste considère le mouvement comme une forme d’expérience, la traduction et la représentation d’un espace lorsque la perception du spectateur et sa temporalité se rencontrent. Ses Floats (sculptures motorisées au déplacement presque impalpable et à la trajectoire aléatoire) « ne sont pas conçus pour être en compétition avec l’intelligence animale, mais pour se comporter indépendamment ».
Ces sculptures, dans un hors champ permanent, éprouvent les seuils de conscience : dans leur incessant cheminement, elles évoquent un présent qui n’est déjà plus, rappelant que le centre et la périphérie ne font qu’un.
Robert Breer n’a cessé d’éprouver la surface du sol, l’implication de ses objets flottants sur cette ère active. Pour la première fois, il glisse son champ de recherche subtilement. Sa nouvelle création Clouds, 2010 révèle la fraîcheur de l’artiste et sa capacité à se réinventer. Des sculptures au plafond se déplacent très lentement, toutes dans le même sens comme des nuages portés par le vent. Cette œuvre produit une nouvelle expérience, le mouvement devient espace et volume tout en accompagnant ou s’opposant à la circulation du spectateur.
Enfin, nous présenterons aussi en dessins des projets non réalisés de l’artiste ; ces derniers témoignent de cet esprit humaniste dont l’œuvre défend un illogisme ludique et redéfinit l’ordre des choses.
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Vernissage Samedi 20 novembre 2010 16:00 → 21:00