Rosella Bellusci — Fluorescenze

Exposition

Photographie

Rosella Bellusci
Fluorescenze

Passé : 21 janvier → 26 février 2011

La lumière, qui est le médium de toute photographie, est ici l’instrument de la quasi-destruction de l’image. De fait, la blancheur a englouti l’ensemble des couleurs, la diversité des formes, la densité des matières.

Accaparante, la lumière laisse toutefois échapper des formes flottantes et sans attaches, comme une concession accordée au regard : par exemple une silhouette humaine, le contour d’un objet, ou bien encore l’arrondi d’un visage.

Parmi ces apparitions, telles des ombres surgissant dans le brouillard, les plus consistantes sont grises, les autres se réduisent à des traits blancs, plus clairs encore que la lumière qui les entoure, coupants comme un bris de glace.

L’exposition qui sera proposée par la galerie Taïss comportera quatre séries dont la succession permet de percevoir le drame qui se joue entre l’objet et la lumière ainsi que la montée en puissance de celle-ci. Dans « Fluorescenze », c’est l’objet qui, faisant obstacle accidentellement au parcours de la lumière, la contraint à se retourner sur elle-même et à se mettre à vibrer intensément. Les «Lignes-portraits» (1990) accordent une place centrale à la lumière dont les rayons viennent éblouir l’objectif lui-même. C’est elle, alors, qui se constitue comme obstacle. Elle est plus vive encore dans «Uomo diafano» (2008), où un personnage est rayé horizontalement et verticalement par la lumière. Enfin, la série «Contro-forma» (2009), encore inédite, laisse transparaître les contours d’un carré : placée tout près de l’objectif, la lumière est au maximum de son intensité et de son pouvoir d’aveuglement.

Dans les œuvres de Bellusci, la lumière est l’unique matière, à la fois impalpable et irréductible. Ces photographies font toucher à l’étrangeté du réel dans la mesure où la lumière, moyen de la vision, dévoile ici toute l’étendue de son rôle : elle est source de vie et de mort, laissant vaciller les formes sur le fil entre l’évanouissement et la naissance.
Ces images imposent une triple lecture. Celle-ci est d’abord physique et technique : elles révèlent, en l’exaltant et en l’exacerbant, le rôle central de la lumière dans le procédé photographique et dans la vision. Elle est aussi psychologique : on y lit le drame qui se joue entre la lumière et le regard — le regard faiblit face à la lumière ou tient bon, accordant à sa guise une interprétation et un sens à l’objet, le dévorant ou lui donnant vie. On y verra volontiers, enfin, une signification philosophique et métaphysique : cette lumière, comme celle dans laquelle baignent les «Idées» platoniciennes, est le lieu où se tient l’énigme de l’être. Le regard est libre de la déchiffrer ou de la maintenir dans la beauté de son mystère.

Anne Malherbe
  • Vernissage Jeudi 20 janvier 2011 à 19:00
Galerie Taïss Galerie
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14, rue Debelleyme

75003 Paris

T. 01 42 76 91 57 — F. 01 42 76 91 57

www.taissgalerie.com

Filles du Calvaire
Saint-Sébastien – Froissart

Horaires

Du mardi au samedi de 11h à 19h
Et sur rendez-vous

L’artiste

  • Rossella Bellusci