Sharp Sharp Johannesburg — La Gaîté lyrique — Exposition — Slash Paris

Passé : 12 octobre → 8 novembre 2013

L’exposition Sharp Sharp Johannesburg invite des artistes évoluant au croisement de la musique, de l’art visuel, de la performance, des pratiques collaboratives et de la pop culture. Quatre semaines thématiques interdisciplinaires, comme une cartographie de la ville, à la fois objet hybride urbain et esthétique, laboratoire de la réinvention de soi et du quotidien. Quatre week-ends de rendez-vous pour appréhender les dynamiques de Johannesburg, pour rencontrer ceux qui résistent contre les présupposés et la font vivre. Quatre installations en accès libre pour raconter un contexte urbain, critique et politique.

Bitterkomix : City of God

Née d’une nécessité personnelle, Bitterkomix est une revue enragée de bande dessinée fondée en 1992 par Anton Kannemeyer et Conrad Botes. Publiant des histoires en afrikaans, à la fois charges politiques et satires sociales, elle constitue la plus ancienne publication underground du continent. Impitoyable et crue, Bitterkomix décortique la société sud-africaine — en particulier la communauté blanche — et dénonce avec la violence du dessin, la brutalité, la haine, la répression sous toutes ses formes — sociale, politique, sexuelle. Pour la Gaîté lyrique, Bitterkomix réalise les images en forme de galerie de portraits stéréotypés de Sharp Sharp Johannesburg, une fresque murale saisissant la persistance des carcans religieux et idéologiques et présentent des planches originales.

Mj turpin, Joao Orrechia : Taxi Sound System

Dans l’histoire sud-africaine, les taxis minibus occupent une place atypique à la fois pour promouvoir les nouveaux goûts musicaux, la danse ou les idées et comme exemple d’appropriation collective pour palier à l’absence de système de transport. Aujourd’hui les chauffeurs de la ville aiment toujours rivaliser en matière de soundsystem et jouer la musique à des volumes élevés. Les taxis restent un instrument idéal pour diffuser du son et toucher des personnes qui n’ont pas directement accès à une radio. Joao Orrechia et Murray Turpin recréent l’univers d’un taxi. Enregistrements de rue, chants et rythmes traditionnels, musique populaire des années 50 jusqu’aux plus agressifs beats kwaito et la scène house toujours revisitée.

The Cuss Show : Disrupted Webisodes

Comment occuper l’espace public, investir les recoins inattendus de la ville ou ceux des grands espaces dématérialisés du World Wide Web? Le collectif multifacette The Cuss Show met en regard les cultures vernaculaires, celles produites par la rue et celles d’Internet dans leur capacité à refléter l’entité esthétique de Johannesburg. Dans ses performances et ses travaux en ligne, The Cuss Show réhabilite et recontextualise ces formes invisibles et déconsidérées : des vidéos amateurs en accès libre aux occupations urbaines spontanées, elles ont en partage d’apparaître/disparaître en un instant, de se propager comme des virus et d’entretenir un lien personnel avec l’usager qui se les approprie. Sous la forme de perturbations de l’espace, Disrupted Webisodes est une installation vidéo et cinétique qui s’inspire de la mécanique en apparence désorganisée des vendeurs à la sauvette dans le centre ville de Johannesburg.

Terry Kurgan & Tegan Bristow : Hotel Yeoville — Extended Mirror

Mai 2008, Johannesburg découvre l’ampleur de la xénophobie insidieusement installée depuis l’arrivée en masse de migrants sub-sahariens début 90. Les jours de violence radicale qui secouent les townships font plus de 50 morts et des milliers de déplacés, et laissent des stigmates dont de nombreux artistes en explorent les racines pour tenter d’écrire un nouvel épisode.

Le projet Hotel Yeoville s’inscrit dans cette démarche engagée. Jadis havre de la micro société bohème libérale blanche, Yeoville abrite aujourd’hui 40 000 personnes dont 70% issus de toute l’Afrique transformant le quartier en mosaïque africaine connectée via internet à l’en- semble du continent. « Migrants et connectés » sont les axes du projet de Terry Kurgan, démarré en 2010 par un site web communautaire et une installation interactive. Réalisé en collaboration avec le programme d’étude sur les migrations forcées de l’Université de Wits et l’artiste numérique Tegan Bristow, le projet se positionne à l’opposé des violences xénophobes : il met en lumière des ressources utiles aux migrants en créant du lien.

Extension du projet créée dans le contexte parisien de la Gaîté lyrique, Extended Mirror propose une conversation en miroir entre Paris et Johannesburg. Engagé dans un échange entre les deux villes, le public prend part en partageant ses questionnements liés à Johannes- burg sur des sujets comme l’identité, la solidarité, la citoyenneté ou la migration. Chaque dimanche, sous la forme d’un chat vidéo de 14h30 à 17h30 en direct de Johannesburg, Extended Mirror propose aux visiteurs de la Gaîté lyrique de dialoguer avec des membres de la communauté francophone de Yeoville, chauffeur de taxi, poète, chef de diaspora, styliste, restaurateur.