Francisco Sobrino
Exposition
Francisco Sobrino
Passé : 7 décembre 2019 → 6 septembre 2020
Réouverture le 03 juin 2020
L’exposition consacrée à l’artiste espagnol Francisco Sobrino (1932, Guadalajara, Espagne—2014, Bernay, France) offre un parcours rétrospectif sur le travail de cet important représentant de l’art cinétique, co-fondateur du G.R.A.V en 1961.
Formé aux Arts et Métiers de Madrid puis à l’École des Beaux-Arts de Buenos Aires, Francisco Sobrino s’engage à la fin des années cinquante dans la voie de l’abstraction géométrique. Comme plusieurs artistes de sa génération à la même époque, il opte pour un vocabulaire formel épuré, strictement géométrique, permettant une compréhension immédiate et non subjective de l’œuvre par le spectateur.
Héritier des avant-gardes historiques, le travail de Sobrino marque toutefois un point de rupture en délaissant l’autonomie de l’œuvre. Il explore le rythme et les systèmes combinatoires chers à l’art concret pour répondre non pas à des problématiques de composition mais aux questionnements fondamentaux dans la création des années soixante, que sont la perception et le mouvement.
Les gouaches sur carton de 1959 offrent de subtils jeux formels de progressions mathématiques qui confèrent le plus souvent un aspect tournoyant à la composition. L’usage des couleurs primaires et complémentaires dans certaines œuvres déstabilise encore plus la perception : relief et profondeur semblent apparaître sur des compositions résolument planes. Aux rythmes logiques de ces premières œuvres répondent les travaux sur l’aléatoire, assemblages muraux et sculptures, aux mouvements nés de l’activation de ressorts ou de tiges métalliques par le spectateur telles, Libres dans le vent de 1969 et Sphères-Pulsations de 1970. Bidimensionnelles, les œuvres de Sobrino acquièrent ainsi rapidement du relief pour jouer de l’espace et de la lumière, devenant ouvertes, participatives, parfois mêmes pénétrables.
Francisco Sobrino opte pour les matériaux modernes comme le plexiglas et l’acier poli afin de réaliser des structures souvent kaléïdoscopiques dont l’enjeu est l’interférence toujours accrue entre l’œuvre, le spectateur et son environnement.
L’acier poli et l’aluminium libèrent, par exemple, la conquête de l’espace recherchée par l’artiste: les multiples facettes des Structures permutationnelles (à partir de 1964) démultiplient la réflexion de la lumière transformant la sculpture en une vaste œuvre à caractère centripède qui oblige le spectateur à se déplacer autour d’elle.
Œuvres « ouvertes » dans leur composition comme dans l’expérience qu’elles proposent, les travaux de Sobrino questionnent le champ des possibles de la relation objet /œil humain et sondent cet entre-deux, sorte d’espace-temps insaisissable, entre ce qui est perçu et celui qui perçoit.
Cette expérience de l’œuvre par le spectateur est défendue par Francisco Sobrino dès le début des années 1960 à travers les différentes actions menées au sein du G.R.A.V comme en 1966 avec la « Journée dans la rue ». La volonté de sortir le spectateur d’une forme de passivité liée à la simple contemplation d’une œuvre conduit naturellement l’artiste à œuvrer dans l’espace public. Il réalise sa première œuvre architecturale en 1965 à Sarcelles, une Structure permutationnelle en acier inoxydable. Suivent d’autres projets en Europe et en Amérique, qui mènent progressivement l’artiste à engager une réflexion sur les sources d’énergie naturelle auxquelles le travail en extérieur donne facilement accès. Ainsi, dès 1976, il s’intéresse à l’énergie solaire et intègre en 1981 des cellules solaires dans une première sculpture auto-énergique.
Véritables pièges pour l’œil, les œuvres de Francisco Sobrino interrogent la complexité de la perception et plongent le spectateur dans une instabilité visuelle où images virtuelles et images réelles ne cessent de se confondre.